Impostures d’une dictature en fin de règne

Affaibli par les attaques réitérées conduites successivement par les forces rebelles de l’UFDD de la CNT et du RFC, pour sauver ce qui lui reste encore de pouvoir, le régime de N’Djamena, comme à l’accoutumer, fustige ses opposants, accentue la bouc-émissairisation du Soudan et refuse le dialogue sincère tant attendu par les tchadiens. De surcroît, Deby fait porter la casquette honnie de l’intégrisme à tous ceux qui s’opposent à son pouvoir. Quelle imposture ! Quelle irresponsabilité !

En effet, en agissant ainsi, notre super mythomane croit pouvoir disposer d’une couverture militaire supplémentaire des Etats-unis qui ont juré d’endiguer définitivement les groupuscules islamistes s’aventurant dans cette région du monde. Cette stratégie cynique de Deby ne jetterait-elle pas d’avantage de suspicions et de discrédits sur une partie de notre pays que certains esprits considèrent déjà comme un terrain de prédilection pour les islamistes de tous bords ?

Après avoir méprisé, fustigé les formations politiques de l’intérieur et la société civile et n’ayant pu vaincre ses adversaires sur le terrain militaire, au lieu de privilégier le dialogue qui semble être plutôt une sortie respectée et respectable tant attendue par l’ensemble des tchadiens, notre despote emploie la stratégie de l’ère qui consiste à mépriser ses adversaires par ses impostures lui permettant de s’accrocher indéfiniment à son fauteuil présidentiel.

Au lieu de se regarder en face et de tirer les conséquences de ses 17 années de destructions de nos acquis collectifs, Deby accuse sans cesse et instrumentalise le Soudan grâce auquel, il convient de le rappeler, il a pu conquérir et préserver jalousement son pouvoir. La seule nouveauté c’est que notre mythomane s’en prend cette fois-ci, sans retenu, à l’Arabie Saoudite. Ces raisonnements sont dignes d’un régime aux abois.

A tous ses rivaux politiques, Deby n’a répondu que par la violence même avec son entourage immédiat. En effet, quelques mois après sa prise du pouvoir, pour confisquer le pouvoir qu’il a conquis grâce au soutien actif de son réseau de sociabilité, il se lance dans une manœuvre d’accusations à l’endroit de ses proches collaborateurs qui sont issu, pour l’essentiel, du même groupe ethnique que lui. Ces derniers ont été alors accusés, à tort dit-on, de vouloir préparer un coup de force contre l’Etat. De quel Etat s’agit-il ? Lors d’une interview qu’il accorda à la Radio France internationale (qui n’est qu’un instrument de propagande au service de l’impérialisme français) il justifia l’assassinat de son beau frère comme un acte citoyen. Au journaliste, il affirma, sans gène, que ce dernier voulait déstabiliser le Tchad. Dans la même logique, quelques notables issus notamment de l’ethnie Hadjaraï et des illustres personnalités telles que Bisso Mamadou, Bichara Digui furent froidement liquidés. Aujourd’hui rien ne justifie la mort de ces compatriotes et de bien d’autres anonymes. Même si la thèse du complot semble être crédible, dans une certaine mesure, ces victimes ne méritent pas ce macabre sort. Cette réaction est loin d’être juste. Il n’appartient ni au Président de la république ni même à sa milice d’agir de la sorte. Cet acte pour le moins qu’on puisse dire est extrajudiciaire et exige une sanction sévère. Nous ne devons pas continuer à tolérer cette situation caractérisée par l’absence d’un véritable appareil judiciaire garantissant notre désir de vivre ensemble. L’absence d’une justice dans notre pays participe à la banalisation des actes criminels.

En 1992 au lieu de tendre la main aux forces du MDD, Deby avait alors déployé tout ce qu’il possédait d’arsenal militaire qui avait plutôt mis à nu sa fragilité et la vulnérabilité de son pouvoir. Notre despote n’a pas saisi l’ampleur de la situation. Il n’avait pas compris que sa force militaire ne pourrait assurer pour longtemps la survie de son pouvoir.

Pour combattre tout ce que nous vivons comme injustice on n’a pas besoin de recourir à une religion quelconque. Les valeurs consacrées par nos cultures sont suffisantes pour défendre nos causes communes qui se résument par notre souveraineté, la primauté de la justice, du respect de l’autre etc.

Pour autant que le régime de Deby s’obstine et empêche une vie démocratique réelle, il affrontera toujours des rebelles. Seul Deby et ses soutiens extérieurs endosseront la responsabilité de toute violence et ses dégâts humains et matériels. Aux dernières nouvelles, le régime dictatorial a donné l’ordre à ces milices de ne pas faire des prisonniers dans les combats contre les opposants.

Pour éviter de participer à un génocide et en payer le prix, la France doit cesser tout soutien militaire au régime de Deby qui viole gravement les règles internationales. Cette mise en garde est également valable pour ce qui est de l’éventuelle intervention des forces de l’UE au Tchad.

Adoum DJIBRINE HAROUN


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