Le Poste du Ministre des Finances

Le porte feuille des finances est devenu aujourd’hui au Tchad synonyme de vache à lait, un tremplin pour beaucoup d’inconnus. Beaucoup des pauvres gens qui ont galéré dans la misère noire dans leur enfance ont pris revanche sur la nature une fois arrivé au Ministère des finances. L’importance de ce Ministère a indiscutablement évolué avec le temps.

Au temps du feu Tombalbaye, se faire nommer à la tête des finances est considéré quasiment comme une sanction. Le titulaire doit se débrouiller pour équilibrer le budget de l’Etat, faire rentrer les recettes, effectuer les dépenses conformément aux prévisions, faire rentrer toutes les aides directes extrabudgétaires et donner une gage de bonne gestion aux bailleurs. L’argent rentre et sort selon les normes administratives établies ; toutes les régies financières sont tenues par des professionnelles, certes inexpérimentés mais de la profession et la plupart du temps, secondés par des français (Ah, la bonne vieille époque) ; les détournements comme ceux d’aujourd’hui sont presque inconnus, ainsi que les commissions ; les Ministres ont des caisses d’avances sur lesquelles ils puisent et cadeautent leurs collaborateurs. Des surfacturations, oui, crédits non remboursés, également, particulièrement ceux de la BDT. Mais ce sont des détails par rapport à ce qui se passe actuellement.

Au temps du CSM, il n’y avait pas de Ministère des finances ou disons, il n’y a que le nom. Ces pauvres militaires enfants des pauvres ont tout d’un coup découvert la générosité de l’Etat, en arrivant au pouvoir par la grâce de la France. Ils ont fait main basse sur le trésor public comme des rapaces. A la fin de la semaine, le GROFAT se réunit pour partager les recettes hebdomadaires pour piquer tout droit dans les boites de nuits de la capitale.
Sous Habré le Ministre des finances est Habré lui-même, particulièrement en ce qui concerne les rentrées et les sorties. Le Trésorier général (il n’y en a eu que deux) répondant directement à lui. Sous Habré, il est formellement interdit de s’enrichir, sauf avec sa bénédiction. Mais les circuits financiers existent et sont respectés correctement. Excepté la douane qui est chargée de répondre aux caprices des combattants, toutes les régies financières sont tenues par des professionnelles.

Sous Deby, on a crevé le plafond, épuisé tous les « jamais » : jamais dans l’histoire du Tchad, jamais depuis l’indépendance du Tchad, jamais, jamais, etc. Bon allant mal allant, les toutes premières années de Deby, les choses marchaient encore malgré la pagaille suite à la suppression du Ministère du Contrôle d’Etat. Les premiers détournements notables ont été le fait du tandem Manassé/Alingué, mais ça s’est passé inaperçu. Il semble que personne n’est au courant et personne n’en parle, sauf Deby qui dit posséder un dossier à travers un de ses ex conseiller lui-même ex Ministre des finances. Mais le virage dans le détournement systématique et à grande échelle fut établi par le Dr Agronome Bichara Cherif Daoussa. Ce dernier a eu le triste privilège d’avoir non seulement instauré formellement le détournement et l’enrichissement illicite au Ministère, mais surtout appris à Deby le gout de l’argent et les mécanismes sophistiqués pour détourner. Idriss Ahmat Idriss a chaussé les bottes d’ABCD. Contrairement à ABCD qui n’a fait que pour lui et uniquement pour lui seul, IAI a brassé partout : aux amis, aux parents, surtout maternels, aux ex collègues de l’école, de l’Université. Autour d’une calebasse à …, entouré des potes, il avait lâché, hilare, «  écoutez les gars, moi je ne suis pas fou, même si je dépense cent mille CFA par jour, j’ai pour cent ans » ! Quant à Abbas Tolli, aucun superlatif ne peut le caractériser. Il est le plus minable de tous les Ministres des Finances de Deby et aime s’entourer des minables de sa catégorie. Il a transformé le Ministre en bazar. A Paris comme à Londres, au Canada comme en Malaysia, beaucoup des banques locales tournent avec l’argent d’Abbas, tout comme des immeubles qui poussent comme des champignons. Selon ses collaborateurs, à chacun de ses sorties hors du Tchad, il a dans la poche un chèque bancaire internationale, qu’il pourra déposer dans n’importe quelle banque en dehors du Tchad. On se rappelle que le Monsieur n’a pas réussie à déposer un de ses chèques d’un milliard CFA à Washington. Il a déclaré publiquement qu’il ne fera même pas Aune seconde au Tchad quand il va quitter ce poste.
On attend les prouesses du prochain Ministre des finances.

Dieudonné K


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