Lettre à un ami de 40 ans, Ibni Oumar Mahamat Saleh
En traitant de la politique au Tchad, nous avons toujours voulu faire progresser les valeurs républicaines. Nous n’avons pas non plus oublié les limitations auxquelles nous avons toujours été soumis. Comme citoyens n’adhérant pas à ce qui se fait devant nous par la dictature, nous avons eu l’idée de lutter sur des bases institutionnelles. Seules possibilités de donner l’espoir dans la compréhension de notre histoire politique.
Pour aboutir à une organisation après 2001, il a fallu analyser le régime pendant, en notre pays, le Tchad, pour conclure qu’il s’agit d’une dictature implacable, avec certain de ses aspects antinationaux, déjà perçus au début de l’exercice du pouvoir. Sans être peintre, j’avais dessiné cette dictature qui broie tout sur son passage.
Le tableau est en ta possession, il explique mieux le Tchad actuel. Nous le savons aussi , ce tableau n’a jamais été montré, parce qu’il peut choquer plus d’un de nos compatriotes vivant matériellement de la dictature, selon toi, lors de nos multiples entretiens.
Cependant, les pensées explicites de la représentation politique au pays, lorsque nous nous en discutions, avaient déjà atteint un haut degré d’incohérence avancée. Nous en souffrons actuellement dans le pays. Mais, avons-nous le temps de refuser le combat démocratique, non, évidemment. Car il est une formation de la personne en sa jeunesse, je pense, cher ami, tu es trop bien éduqué pour vivre dans une touffe de mauvaises herbes. Pour mieux dire, les idées naissent, s’organisent en un ensemble pour mettre de l’ordre dans la société, la nôtre. Celle-ci est assez affectée par l’obscurantisme qui embarque tout homme de ce pays, qui croit facilement que la solution pour fuir nos réalités sociétales, est au bout de l’arme sacrée du pauvre , « le kalash » qui donne l’autorité, le courage, la force et à manger, pour quelques uns , c’est ce que l’on pense dans une partie du pays !
Nos actions politiques, le général au comportement étranger occupant le Tchad, n’en veut pas. C’est normal, il n’a pas eu la chance d’être comme nous formés pour fabriquer une nation.
Tout simplement, pour comprendre les lois d’une société, les hommes qui y vivent, doivent connaître leur histoire, afin de fixer les lignes générales d’une action. Ce qui n’est pas le cas dans notre république aride. Car aujourd’hui., chaque région du Tchad se décomposant inévitablement ; pour survivre, ses ressortissants prennent des armes pour demander une explication à la dictature. C’est ce que nous n’avons jamais voulu en donnant cette réponse à un journaliste de la RFI « ni pour la dictature ni pour les mouvement armés », lors d’une interview. .Tu as toujours raison, la situation nationale est confuse et diffuse, mais il faut continuer par la voie de la démocratie, me répètes-tu à chaque retrouvaille..
Il semble aussi qu’une raison soit une dimension de conscience politique claire, saisie de l’idée des valeurs en politique. Ce qui nous a amené à constater en nos gouvernants des hommes non créateurs d’une nécessité de vivre dans un Tchad paisible. Certes, ils ne seront jamais ni fondateurs ni unificateurs du lien entre les peuples. C’est entendu ; mais un univers de girouettes, de guignols, hommes du bavardage ou de la corruption, des vendus qui n’acceptent pas le dialogue, la clé d’une nouvelle conscience pour un Tchad gagnant, se définissant résolument pour lutter contre la pauvreté et le sous développement. C’est pour cela que les épithètes sur le régime politique tchadien se multiplient , esquissant un portrait bien sombre de sa responsabilité dans les événements successifs connus de nous tous.
Alors, peut-on, aujourd’hui, se demander le pourquoi de ton arrestation, du 3 février 2008 par la garde présidentielle, un jour de dimanche où la capitale était au repos ?
Il y a deux raisons au moins connues de tous les citoyens s’intéressant au Tchad .
La première parait que personne du nord, région où est issu notre Pinochet National, ne doit avoir une association au sens politique, c’est à dire un parti politique qui fonctionne normalement sans être à la périphérique du parti du pouvoir. Tu es musulman .Le président gouverne au nom des musulmans en dehors de quelques « laoukoura », orientés par la loi du ventre et qui ne peuvent pas résister à son appel.. Plusieurs leaders politiques du nord ont déjà été tués par la main du président sous prétexte « ils veulent m’arracher le pouvoir », selon le discours du pouvoir, lui même. Il n’est une surprise pour personne que Idriss Deby te réseve ce sort peu digne pour un homme qui apporte tant pour sa société. On me parlait encore, il y a quelques jours, de ce que tu as fait dans le cadre universitaire pour le Tchad, à savoir les accords universitaires Tchado-Français. Il n’y a que des tchadiens biens formés d’un esprit nationaliste, au bon sens, qui peuvent mener une telle action, comme toi.. Nous croyons assez fort que cela soit juste qu’un tchadien du Nord ne puisse prétendre contribuer au développement par une association indépendante, autrement, il est bâillonné.
La deuxième raison, est que l’évolution de la coalition permet désormais de comprendre la situation politique du pays à l’extérieur. Ce n’est plus simplement l’histoire des ethnies du Nord contre le sud, l’esclave supposé contre un maître fictif, dans la fracture entretenue par le pouvoir. Cher ami, avec la Coordination des partis Politiques pour la Défense de la Constitution, le Tchad est perçu comme un état en difficulté d’exercice, tant les incompétences du régime actuel semblent être comprises au-delà des frontières. Expliquer le Tchad aux étrangers est aisé maintenant, dans une logique dont tu es un des artisans.
La C.P.D.C est un instrument politique qui fait progresser vers le haut l’idée d’organisation d’une manière collective de la société tchadienne. Comme telle, Debye Idris, homme du pouvoir de son cercle de famille ou d’amis, ne peut pardonner son expansion.
Une petite idée née dans une chambre obscure, semée par une conscience claire devait clarifier la question politique au Tchad, aussitôt l’élection présidentielle de 2001. Une bonne semence qui s’oppose à l’obscurantisme comme fait, a la tête dure. Je comprends mieux, que le président Idris Deby Itno soit la reproduction de sa culture familiale. Ce n’est pas gratuit que l’on raconte les histoires de famille, par exemple celle de son père. Ce dernier, quand il se trouvait quelque part dans un oued bien fourni en herbes, pour ses chameaux, s’il en avait, aussitôt qu’il avait fait paître ses bêtes, aussitôt il mettait le feu pour tout faire brûler, afin que les autres pasteurs ne puissent faire manger leurs bêtes. C’est bien un comportement de méchant. Dans ce cas, absolument, monsieur Deby est une reproduction génétiquement du père pasteur méchant.
Mais, ce n’est pas l’essentiel pour le réel et l’idéal que tout homme a, quand il se dit homme politique. D’où la question qu’il faut se poser, la vraie : la C P D C pourra-t-elle supporter longtemps ton absence, vu les tâches qui t’attendent.. D’abord, consolider les alliances, tirer la dragée vers le haut, ensuite continuer d’alimenter les esprits afin que les Tchadiens puissent travailler collectivement, sans la haine, inutile.
L’accord du 13 août 2007 verra son interprétation galvaudée et ses effets atténués, alors que la stratégie ne consistait qu’à toiletter voire décapiter une constitution devenue bancale , ne servant plus à grand chose, sauf à permettre de se constituer en haie humaine à tous les passages du chef d’état, pour recevoir des « you you » des femmes.
Le guiliguissi.