Tchad: Que reste-t-il du pouvoir monarchique de Déby?
Le Tchad a connu plusieurs décennies de crises dues à l’absence des libertés, d’instabilité politique et un cycle de violence qui s’est soldé par la disparition totale de l’appareil étatique. Ces différents élements énumerés ci-dessus ont non seulement empêché l’émergence d’une véritable démocratie pluraliste et d’un Etat de droit et de justice entre les citoyens mais ils ont également compromis l’unité entre les fils du Tchad et freiné le développement socio-économique. Ceci nous améne à dire qu’aprés plus de quarante années d’indépendance, le Tchad a énormement regressé par rapport aux autres pays africains ayant acquis l’indépendance la même année que notre pays.
Cette situation dans laquelle se trouve actuellement le Tchad, a été caracterisée par plusieurs facteurs dont:
- L’absence des libertés fondamentales et d’une véritable démocratie pluraliste;
- Le tribalisme, le régionalisme et le confessionnalisme ont été érigés en systéme de gestion de l’Etat;
- L’instauration d’une armée clanique ou disons plutôt d’une milice qui obeït aux ordres d’un seul individu et non soucieuse de l’interêt de la nation;
- une grave crise économique et financière;
Le 1er décembre 1990, date à l’accession au pouvoir du Mouvement Patriotique du Salut(MPS) et de son président le colonel Idriss Déby aujourd’hui Général, a suscité d’énormes espoirs au sein de la population tchadienne et surtout le discours du 4 décembre 1990 et la fameuse expression » ni or, ni argent mais la liberté ».
Aprés la chute de Habré et son parti unique l’UNIR, le soldat Déby avait toutes les parties en main pour faire de ce pays un havre de paix et reconcilier les tchadiens avec eux-mêmes pour qu’enfin chacun puisse apporter sa contribution et reconstruire le Tchad meurtri par plusieurs decennies d’instabilité et de guerre. Le colonel de l’époque Idriss Déby et qui n’était pas encore Itno avait tous les moyens matériels, humains et financiers pour instaurer une véritable démocratie suivie d’élections libres et transparentes et placer »l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ». Malheureusement, tous ces espoirs placés en lui ont été très vite deçus car c’est meconnaître la vraie nature de l’homme de Bamina et petit à petit la révolution a commencé par manger ses fils.
Il y a eu tout d’abord les évenements du 13 octobre 1991 où on avait parlé d’un complot hadjeraï/ouaddaï pour destabiliser les institutions de la République selon les arguments avancés par le gouvernement où ce complot monté de toutes piéces fut reprimé dans le sang. Pire encore, une chasse aux deux communautés a été ouverte et tout cela avec un regard complice et spectateur des autres communautés de la nation. C’est qui est regrettable dans ce pays c’est quand on persecute et on tue une communauté, les autres restent indifférentes et oublient que leur tour viendra. Depuis les évenements de février 1979, l’unité des fils du Tchad a volé en éclat et on assiste à un repli identitaire sur soi et c’est le communautarisme qui prévaut. Le régime Déby n’a fait qu’accentuer cette cassure et au lieu de parler de tribunal ou de justice, on parle en termes de chef de canton ou de chef de race pour résoudre les problémes sociaux. Nous n’avons rien contre les chefferies traditionnelles au contraire elles doivent être renforcées et bien organisées ce qui n’est pas le cas avec Déby qui les a morcellées et devenir chef de canton au Tchad n’est plus une question de lignée mais il faut tout simplement soudoyer l’administration territoriale et passer chef de canton par décret présidentiel et c’est du jamais vu dans l’histoire du Tchad. Au Tchad de Déby, le canton s’achéte. Avec Déby, les chefferies traditionnelles ont été depouillées de toutes leurs prérogatives et les chefs de canton qui jadis étaient respectés et consultés se sont vus morceler en plusieurs et ces derniers au lieu de s’occuper de leurs cantons respectifs se sont laissés apâter par Déby et passent leur temps à courir derriére des decrets qui n’arrivent jamais. Au juste, que fait un chef de canton avec un décret présidentiel?
Aprés ces évenements d’octobre 1991, d’autres mouvements politico-militaires ont vu le jour comme le MDD, le massacre de GNIGUILIM, le mouvement de Abbas Koty, celui de Ketté Moïse et Laoken Bardé, le MDJT de youssouf Togoïmi et aujourd’hui l’ensemble de l’opposition politico-militaire qui se trouve à l’Est. En dix huit années de pouvoir clanique et mafieux, le Tchad n’a jamais connu ni de paix ni de stabilité encore moins de développement économique. Toutes les ressources genérées par ce pays vont dans les poches de parvenus qui ont surgi de nulle part et qui, aujourd’hui, sont des milliardaires. Le comportement autocratique et despotique du Général Président n’ont laissé d’autres choix aux tchadiens épris de paix et de justice que la lutte armée pour venir à bout de ce régime prédateur et mafieux. Tous les responsables des mouvements politico-militaires ci-dessus cités ont été assassinés par Déby après avoir signé des accords de réconciliation avec son régime, sous les auspices de certains pays voisins.
La Conférence Nationale Souveraine (CNS) qui s’était deroulée du 15 janvier au 06 avril 1993 avait adopté des résolutions avec un cahier de charges précis devant régir le pays de véritables institutions démocratiques mais toutes ces résolutions ont été torpillées par Déby avec le concours quelques intellectuels malhonnêtes pour parvenir à leurs fins et très vite des divergences sont apparues entre Déby et son Premier Minstre de l’époque qui n’est pas exempt de tout soupçon non plus car on a vu son gouvernement. Le CST de l’époque, au lieu de jouer un véritable rôle de parlement s’est laissé piéger par Déby et nous connaisssons la suite car de l’échec de cette transistion, nous n’avons fais qu’assister à une avalanche de PM(12 ou 13 aujourd’hui) et plus de 700 ou 800 ministres car dans la monarchie Débyenne n’importe qui peut devenir n’importe quoi.
Des élections dites démocratiques furent organisées en 1996 et 2001 mais toutes truquées par Déby avec la complicité de la France qui a envoyé ses experts en fraude pour accompagner Déby dans cette mascarade. Deux élections truquées et qui sont passées comme une lettre à la poste sans que le peuple tchadien léve le petit doigt, une administration confisquée, une armée clochardisée, les cadres compétents humiliés s’ils refusent de faire le »DOUNGOUROU », les postes clés de l’économie aux mains des analphabétes et sans réference aucune, un peuple asservi, alors tout cela pousse Déby à frapper encore plus fort et cela, toujours avec la complicité d’une bande d’excités et de prédateurs qui se disent intellectuels est passé à la vitesse supérieure en modifiant la constitution qu’il a lui même fait voter en mars 1996 pour lui permettre d’être président à vie.
Pendant plus de dix sept années, la France a soutenu Déby et a toujours été à ses côtés pour le maintenir au pouvoir par le biais d’élections truquées comme nous l’avons souligné un peu plus haut. La France a non seulement soutenu Déby mais a cautionné l’accaparement de la quasi totalité des postes de responsabilté par son éthnie et aujourd’hui par sa seule famille. Le Tchad d’aujourd’hui n’est pas gouverné par des zaghawas mais par une seule famille qui est la famille Itno. Il est inconcevable que dans un pays normal, un ministre des finances ne sache faire la différence entre salaire et masse salariale et se trouve dans l’incapacité de présenter le budget de l’Etat. Et comme dans la monarchie Itno, il n’ y a que les incapables et les incompétents qui sont recompensés, ce monsieur est aujourd’hui quelque part dans une institution régionale. Le Tchad du prince Déby est actullement geré par les diplômés de la chambre consulaire, ISG de Kabalaye et plus recemment le HEC du palais du 15 janvier non loin du ministére du pétrole saccagé lors des évenements de février 2008 sans toutefois oublier l’ENAM qui forme des diplômés Bac +6mois comme le disait un internaute. Toutes les régies financiéres de ce pays sont aux mains des enfants qui ne se soucient guére de ce qu’on appelle gestion d’un bien public.
La caution de la France apportée à ce régime a poussé déby à confier tous les postes juteux à ses propres parents qui constituent une sorte de caste ayant tous les droits mais sans aucun devoir pendant que le pays sombrait dans le chaos. Idriss Déby malade ( étant croyant, par traditions et moeurs tchadiennes, nous ne nous rejouissons pas de la souffrance d’un être humain), séjourne beaucoup plus en France que dans son pays en n’oubliant pas de confondre le Trésor Public avec sa poche en le vidant à chaque déplacement. Avec la complicité de la France toujours et comme nous l’avons déjà signalé, le Général Président a organisé un simulacre de réferendum en juin 2005 pour modifier la constitution de mars 1996 mais le desaveu a été sevére(20% de marticipation et 80% de non) mais tout cela ne l’a pas dissuadé d’aller au bout de sa logique et se répresenter en 2006 et il prépare actuellement les élections de 2011. La France l’a toujours accompagné dans ses dérives monarchiques mais quand on voit aujourd’hui l’acharnement de Kouchner sur Mugabé le traitant d’escroc et d’assassin, j’ai honte de cette France qu’est la patrie des libertés et des droits de l’homme.
A tout cela, il faut ajouter l’enfermement de la population dans une misére grandissante(non paiement de salaires ou paiement irrégulier, inflation galopante, délabrement du systéme éducatif et sanitaire, désorganisation de l’appareil étatique et de l’administration territoriale). Tous les indicateurs économiques de ce pays pétrolier depuis octobre 2003 sont au rouge et cela se traduit par la chute du Tchad dans la plupart des classements qui sont:
- Dimunition de la note IDH (Indice de Développement Humain);
- Recul dans le classement des pays le plus pauvres;
- Muselement de la presse;
- Non respect des droits de l’homme ( la disparition du président du PLD et porte-parole de la CPDC depuis le 3 février 2008 est dans toutes les memoires et aucune explication de la part de Déby et la France encore elle, cautionne);
- etc….
alors que dans le même temps ls rapports macroéconomiques des grandes institutions indiquaient une forte augmentation du PIB et un accroissement potentiel des revenus du pétrole (chers économistes et non économistes, allez y comprendre quelque chose dans la monarchie des Itno).
En plus de cela, le Général Président a reussi à modifier la loi sur les revenus du pétrole pour débloquer les 10% destinées aux générations futures malgré le refus de la Banque Mondiale (BM) qui a toujours été à ses côtés au moment où les ONG, les responsables politiques tchadiens et la société civile étaient contre l’exploitation du pétrole pour la seule et simple raison que ce régime n’est pas disposé à gérer dans la transparence les ressources générées par le pétrole. Cet argent a servi à alimenter des banques occidentales, l’acquisition des appartements à travers le monde et la construction divers chateux à N’djaména à coût des milliards alors que le peuple Tchadien croupit dans une misére indescriptible. La majorité de la population n’a pas accés à l’eau potable, pas de logements décents, pas d’infrastructures routiéres, pas d’accés aux soins, pas d’électricité et il n y a pas d’école publique alors qu’il existe un ministére de l’éducation nationale. Pour énumérer les défaillances et les lacunes du régime Déby, nous pourrons établir une longue liste mais on prefére s’arrêter là. Jamais dans l’histoire de notre cher et beau pays, nous n’avons assisté à une telle dépravation des moeurs où le voleur est aimé et respecté et chacun veut s’en identifier et jamais la corruption n’a été ainsi entretenue et a atteint une telle ampleur car nous avons declassé le Nigeria et le Cameroun.
Sur le plan politique, la nomination de Youssouf Saleh Abbas à la primature le 24 avril 2008, nous a permis de rêver pendant une bonne semaine mais grande fut notre surprise à l’annonce de son gouvernement composé par Déby même où des retraités ont fait leur apparition comme si le Tchad manquait des ressources humaines. Nous avons pensé que les évenements de février 2008 allaient servir de leçon au Général Président mais c’est mal connaître ses intentions réelles car ce dernier n’a aucun sens de la nation ni aucun patriotisme et son seul objectif c’est de piller, encore piller et toujours piller. Il n’a aucun sens d l’Etat non plus et tous ceux qui gravitent autour de lui, laissent faire tout en se comportant comme dans un pays conquis. La presse est persecutée, les partis politiques ne jouent pas pleinement leur rôle surtout qu’ils ont été crées pour avoir des postes mais pas pour une véritable alternance, la société civile n’est plus consultée et les organisations des droits de l’homme ont completement deserté l’espace laissant le champ libre au Général Président. Le régime du Général Président est à l’agonie et ses jours sont comptés car il tombera bientôt. Jamais dans l’histoire de ce pays, un régime n’est critiqué par ceux-là même qui sont sensés le défendre. Les manifestations de soutien qui sont organisées çà et là se font à coup d’enveloppes distribuées dans les différents commissariats de N’djaména pour rassembler les gens et le transporter dans les différents endroits pour montrer à l’opinion que Déby a le soutien de son peuple car ce dernier ne le reconnaît et le Général en est bien conscient. Ces manifestants mobilisés à coup d’enveloppes disent tout implement que cet argent est le nôtre donc « TCHATCHOU AKOULOU MPS ».
L’autre grande surprise nous est venue de la CPDC en acceptant de participer au gouvernement de YSA alors qu’aucune lumiére n’a été faite sur la disparition de leur porte-parole Monsieur IBNI OUMAR Mahamat Saleh. D’aucuns nous diront que la CPDC aurait subi des pressions de la communauté internationale et plus précisement de l’Union Européenne mais rien ne justifie leur présence dans un tel gouvernement tant que le sort de IBNI n’a pas été clarifié. La CPDC a sacrifié un des siens à cause des strapontins ministeriels car nous n’allons jamais oublier cette trahison et c’est la deuxiéme fois que IBNI disparaît. Nous ne sommes pas prêts d’oublier IBNI et nous sommes tous des IBNI en puissance car ce responsable respecté de tous est une perte non seulement pour sa famille mais pour le Tchad tout entier si la nouvelle du Ministre canadien des affaires étrangéres se confirme mais nous continuons à prier pour lui pour qu’un jour, il soit parmi nous.
Sur le plan militaire, c’est la catastrophe. Ces derniers temps, on nous parle des forces de défense et de securité alors que ces derniéres n’existent que dans les chiméres de Déby et dans son imaginaire en traitant les leaders de la résistance des mercenaires à la solde du Soudan. Si Mahamat Nouri, Ahmat Soubiane, Adouma Hassaballah, Abdalwahid Aboud, Ali Gadaye, Abakar Tolli, Acheikh Ibn Oumar, Ali Ordjo, Albissaty Saleh, Adoum Yacoub et tous les autres resistants sont des mercenaires, qu’en est il du MJE et du Dr Khalil. Il n y aplus d’armée tchadienne mais c’est une milice clanique supplée par le MJE qui émarge dans le budget tchadien, entretenu par l’argent de notre pétrole. Cette milice du MJE a lié son sort avec celui d Déby et se sent dans l’obligation de le défendre corps et âme mais les forces de résistance nationale les balayeront ensemble. Cette milice darfourienne tue, pille et viole sous l’oeil complice de la milice débyenne et de la France qui ne se soucient guére de la souffrance de notre peuple. L’argent du pétrole sert à acheter des consciences mais aussi des armes et des mercenaires pour tuer d’autres tchadiens dont leur tort est d’avoir dit non à un régime dictatorial, clanique, familial, corrompu, mafieux et prédateur.
Les évenements de février et de la mi-juin 2008 ont montré à l’opinion nationale et internationale les faiblesses et les limites du régime Déby. Il n’est un secret pour personne que la coalition politico-militaire actuelle pourrait frapper n’importe où et n’importe quand la milice débyenne et les mercenaires du MJE et ce, au coeur même de N’djaména. L’ojectif des forces de résistance reste le depart de Déby et l’instauration d’une véritable démocratie pluraliste suivie d’élections libres et transparentes mais toutefois l’option d’un véritable dialogue n’est pas à exclure à condition que ce dialogue soit inclusif regroupant l’ensemble de l’opposition politico-militaire, les partis politiques legalisés, la société civile et la diaspora tchadienne. Toute autre option en dehors de ces deux là ne resolvera en aucun cas la crise tchadienne et les ralliements en cascades des opposants opportunistes poussent le Général Président dans l’arrogance et le mépris vis-à-vis de ceux qui defendent une cause juste et une lutte légitime.
Bourma DAOUD AHMAD.
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