La cupidité d’une famille et la cécité d’une communauté

Dire que le Tchad traverse une phase extrêmement difficile de son histoire est une évidence. Tous les indicateurs politiques, socio-économiques sont, en effet, au rouge. Le pays connaît une crise des valeurs sans précédent et tout ceci comme dirait le sage Hambâté Ba, par «manque de lumière» dans l’esprit des dirigeants. Rien ne peut justifier ce  comportement si atypique de ceux qui nous gouvernent : le pillage systématique des ressources du pays, le déni du droit et des structures de l’Etat, le népotisme, la concussion et in fine la délinquance érigée en mode de vie. Les tchadiens se sont résignés et ont admis cela bon gré, mal gré.

Le système s’est désagrégé à telle enseigne que tout remodelage ou rapiéçage par lui-même est impossible. Comme tout explosif sorti du canon, il doit nécessairement exploser. Deby et les siens cherchent à éviter l’inévitable implosion en pratiquant la politique de l’autruche et une fuite en avant. Mais ils n’imaginent pas les conséquences dangereuses.  En fait aux vrais problèmes, ils proposent de mauvaises solutions !

Imbu d’un égocentrisme schizophrénique, le clan résume le Tchad en 4 pôles : d’abord le centre incarné par Mme et Mr Deby, puis la première zone d’influence constituée par les Deby et le dernier pôle peuplé des Itno et enfin le désert.

Dans ce paysage politique segmenté, il n’y a guère de place pour les Béris ordinaires et moins encore le reste des tchadiens. Cette vision étriquée du pouvoir explique les cachoteries auxquelles se livrent, depuis quelque temps, les différents cercles d’influence pour la conservation du pouvoir afin d’assurer leur survie politique. Comme veut la logique de tout système dictatorial qui finit par manger ses propres enfants, le système Deby n’a pas dérogé à la règle. En effet, pour la pérennisation du pouvoir, les 3 pôles se sont fondus en deux groupes antagonistes. Désormais à l’abri des mauvais regards et des oreilles indiscrètes et à l’insu total de l’opinion nationale, ils se livrent à des combats souterrains fratricides sans merci, surtout  depuis que Mme la Présidente a gagné des galons auprès de son mari de Président et a commencé à regarder loin !

Une famille déchirée et se regardant en chiens de faïence

Dans la sphère Itnoland, le premier groupe animé par Mme et Mr Deby est minoritaire ; ce groupe pense sérieusement à un transfert du pouvoir de Mr vers Mme. Il compte pour ce faire sur les cadres non Béris et la petite minorité des Itno principalement les enfants de Deby étendue aux parents maternels. Contrairement à ce qui est dit le plus souvent, ses neveux (surtout les enfants de Hayga et de Chénon) sont très circonspects vis-à-vis de leur oncle depuis le limogeage d’Abbas et de Sougry Guihini. A cause des pesanteurs sociologiques, ils gardent plutôt un mutisme complice. Signalons tout simplement que, depuis que l’information sur la volonté de Deby de transférer le pouvoir à son épouse a été dévoilée, Deby fait de la diversion en mettant en avant son bambin de fils, le Dircab adjoint et DG ou plutôt propriétaire de la compagnie « Toumaî Tchad (Eh oui, il cumule toujours les deux fonctions !), Zakaria Idris Deby. Zakaria qui reçoit la communauté tchadienne en Afrique du Sud au nom de son père, alors que tous les responsables de l’Etat sont présents, en particulier le Ministre des Affaires Etrangères ; Zakaria qui fait irruption dans la salle des Conseils des Ministres au moment où se tient un Conseil et se fait ovationner longuement par les membres du Gouvernement, debout, exactement à l’instar de ce qui se passait avec le defunt Ibrahim Idris Deby. Tout cela fait partie de la diversion.

Le deuxième groupe tourne autour de Daoussa Deby, Timan Deby et Abderrahim Bahar. Idriss Deby a longtemps pratiqué la politique de division dans sa propre famille entre les Deby et les autres Itno. Mais sa connivence incestueuse avec son épouse et les agressions répétées de Salay sur Daoussa et sur ses grandes sœurs ont fini par souder la grande famille Itno qui, par consensus, propose Sougour Youssouf Mahamat Itno, actuel ambassadeur du Tchad en Arabie Saoudite, comme le prochain locataire du Palais Rose. Après des recoupements et des témoignages concordants, il est permis d’affirmer que ce groupe a tenté, depuis janvier, au moins deux coups de force. N’ayant sollicité aucune franche collaboration des différentes communautés tchadiennes, mû  par leur arrogance fumeuse, la machination du groupe ne pouvait qu’échouer.

Face à ce groupe, Deby complètement déboussolé, montre des signes de lassitude patente et mesure pour une fois sa vulnérabilité évidente. Les gesticulations effrontées d’un Salay ne suffisent plus pour équilibrer la balance. La menace est partout : les ennemis réels ou supposés sont dans tous les coins de la Présidence. Chaque jour que Dieu fait, apparaissent des ennemis inattendus. Chaque jour, le cercle des inconditionnels se rétrécit et devient épars en même temps.

Une communauté complice et aux abois

Cette tragi-comédie se joue dans une seule pièce, sans spectateurs ou du moins comme dans le «procès» de Kafka, les protagonistes et les spectateurs sont les mêmes !

Dans un tel contexte, la grande question est : «que pense la communauté Beri ?». Cette question a été posée, il y a un mois, par le Professeur Facho Balam à la lecture de l’article sur les ambitions de Hinda. Malheureusement on lui a répondu d’une manière lapidaire qu’il s’agit d’un problème national et donc ne concerne pas en particulier les Beri ! Le professeur a raison et a vu juste. La réponse qui lui a été donnée n’est pas la bonne. Ce n’est pas que le pouvoir appartient aux Beri, c’est pourquoi ils doivent le défendre, mais les Beri constituent malheureusement le principal obstacle contre lequel se bute toute initiative venant d’ailleurs. En d’autres termes, ils sont le fer de lance contre les actions de masse et constituent le bouclier du système. En conséquence, la communauté porte devant l’histoire une grande part de responsabilité – pour ne pas dire qu’elle est l’unique responsable- du maintien de Deby au pouvoir. Après avoir porté Idriss Deby aux prix de mille sacrifices humains et matériels depuis 1979, elle l’a soutenu contre vents et marées en matant toutes les révoltes populaires, en tripotant toutes les consultations nationales. La communauté Beri a servi de bras séculiers  armés et a été complice de toutes les œuvres antinationales de Deby et de son système. Maintenant que l’élément Beri ne fait plus parti de la stratégie de pérennisation du pouvoir Deby, pourquoi cette communauté perpétue-t-elle sa complicité par son mutisme béant ? Elle a beaucoup fait pour Deby mais inversement qu’a fait Deby pour cette communauté ?

Tout chef d’Etat, en Afrique, est d’abord le fils de son village. Afin d’éviter un émiettement de la société Béri en faveur des siens, le Président devait avant toute chose discipliner sa communauté, créer des structures socio-économiques et administratives pour maintenir et retenir une population nomade  connue pour son agressivité envers les autochtones des zones de nomadisme, mettre l’accent sur les structures sanitaire, scolaire dans une région où elles n’ont jamais existé.

Mais la nature n’a pas doté Deby de telles pensées et initiatives louables. Au contraire la première action de Deby a consisté à armer ses parents et à les lâcher sur la population civile sans défense comme on lâche des chiens sur les gibiers, à la clé : le pillage, le vol, les tueries, les fraudes et le faux. En vingt deux ans de pouvoir, la communauté Beri est devenue un monstre pestiféré où on ne trouve que des voleurs, des tueurs, des grands coupeurs de route transfrontaliers, des fraudeurs à grande échelle, des princes sans ossature et sans royaume, des riches sans capital, bref une communauté crainte, haïe et impunie mise au ban de la société tchadienne. Pour preuve, les autres communautés ne donnent leurs filles en mariage aux Béris que contraintes et forcées, et ne louent leurs maisons aux Béris que pour les mêmes raisons.C’est une attitude spécifique que réservent presque toutes les autres communautés aux Béris à cause de leur comportement asocial consistant à vouloir imposer et transposer leurs us et coutumes dans les milieux où ils s’installent.

Ce refus du bon sens a engendré des phénomènes à sa mesure : le sacrifice de tout un pan de la société, à savoir la jeunesse, sur l’autel de la délinquance. En effet le système a favorisé l’émergence d’une classe de jeunes sans pudeur et sans retenue, incommensurablement boulimique, partisans du moindre effort et du gain facile sur tous les plans – intellectuels comme en affaires. Cette classe, munie de faux diplômes, sévit dans toutes les activités lucratives, au sein des services publics comme privés. Arrogants et hautains, ces jeunes piétinent les procédures administratives en matière de passation de service, utilisent la concussion comme arme fatale pour s’arroger tous les marchés publics. Par ces méthodes, des bambins de 20 ans ont amassé des fortunes colossales, pendant que d’autres de la même espèce se retrouvent hissés aux sommités de l’Etat ou dans les entreprises parapubliques. Ainsi la connaissance et le savoir sombrent dans les ténèbres de la médiocrité. La quasi-totalité des jeunes des autres communautés cherche par tous les moyens à s’identifier à cette classe et se pose, à juste titre d’ailleurs, la question à quoi sert de perdre 10 à 20 ans de sa vie à étudier si on peut satisfaire facilement ses ambitions par d’autres moyens ? Il est de notoriété publique que Deby n’aime ni les cadres moins encore les études. Il a donc poussé sciemment tous les jeunes de sa région vers la débauche et le gain facile. Une fois qu’il les a éduqués, guidés et endoctrinés dans ces carcans sans issue, Deby si cynique qu’il est, a commencé à scier les branches de l’arbre sur lesquelles il a fait asseoir ces jeunes. Avant même la mise en place de sa fameuse commission contre l’enrichissement illicite, Deby a déjà mis en faillite plusieurs sociétés des Béris en utilisant des méthodes perverses qui ont fait leur preuve contre tous les grands commerçants de l’ère ante Deby. Comme il a horreur qu’un des siens réussisse par sa propre capacité, alors il procède à une systématique destruction de tout ce qui a été constitué avant et/ou sans lui. C’est ainsi que des gros commerçants depuis l’époque de la 1èrerépublique ont complètement disparu de la scène des affaires au profit de sa génération préfabriquée, celle-là même qui subit actuellement les foudres et les turpitudes du dictateur. Voilà comment Deby a perverti sa communauté sur le plan social!

Des structures socio-économiques, sanitaire, scolaires inexistantes

Deby a fait encore pire que sur le plan socio-économique. Tout le monde sait qu’un pays se développe avec des cadres administratifs et des techniciens. Or que trouve-t-on dans les deux régions (le B.E.T et le Wadi Fira) considérées être des fiefs par excellence de Deby, ou encore singulièrement  dans ce qui est convenu d’appeler le Béribé ?  C’est la désolation totale. Tous les responsables de l’administration sont tous analphabètes, tenez-vous bien y compris le délégué de l’éducation nationale à Bahai qui est maintenant transféré à Amdjarass ! Comprenez par responsables les gouverneurs, les préfets, les sous-préfets, les douaniers, les eaux et forêts, les brigades, la police, etc. Dans ces conditions, comment imaginez-vous le développement socio-économique d’une région, qui n’a jamais été favorisée par la nature et de surcroît  meurtrie par tant d’années de guerre ? Ceci expliquant cela, aucune nouvelle école, aucun centre médical, aucune infrastructure routière, aucun marché, rien, absolument rien n’est créé dans sa région natale. Et pourtant cette région contiguë au Soudan et à la Libye où le commerce caravanier a été séculaire, pourrait connaître un développement économique pourvu qu’il y ait le minimum de structures qui y répondent.

Dans son égoïsme viscéral, Deby a érigé Amdjaress en département et y a construit des bâtiments administratifs et des habitations pour ses parents. Mais personne n’y habite hormis quelques fonctionnaires oisifs. Ses propres parents boycottent Amdjaress comme ils avaient boycotté Bahaï aux temps de splendeur de Timan. Tout simplement parce que Amdjaress n’a jamais été un village dans le Dar Bilia. C’est un cul de sac où pâturent les chevaux et les chameaux de charge du chef de Canton Adam Jerbo. Après son retour de l’exil, le vieux Deby qui n’était pas toujours en odeur de sainteté avec beaucoup de ses frères, s’était isolé sur ces crêtes. Les mesquineries et les bassesses dont est naturellement animé Idriss Deby font qu’il ne peut pas construire une entité administrative moderne à Bordaba qui a été toujours le district militaire connu ou pourquoi pas à Birdouani qui a été le centre commercial relié à «Taysser» (Koufra) avant la colonisation ? Les villages ancestraux dans le Dar Bilia sont connus: Bao, Ségouya, Bordaba, Birdouani, Kaoura, Ito et Monou.

Après 22 ans de règne, les Beri viennent de se rendre compte que le pouvoir qu’ils croyaient être le leur a glissé entre leurs doigts pour être d’abord la propriété des Itno, ensuite il a évolué pour être celle des Deby et enfin finir dans les pagnes de Hinda et compagnie ! Que leur reste-t-il ? Si le conscient collectif pense que les Beri ont tout gagné durant le règne de Deby, il faut avouer qu’ils ont au contraire tout perdu : l’honneur et la dignité dans les méandres des vols et pillages accompagnés de tueries, le vivre en harmonie et respect avec les autres communautés, le savoir et la connaissance sur l’autel du faussaire et du gain facile ; la richesse effréné par la fraude et le vol !

Que faire, question lancinante d’un penseur du siècle dernier ? Il faut évidemment un changement, au delà de l’individu qui personnifie le système, c’est ce dernier qu’il faut changer radicalement. Le changement certes mais le droit à l’inventaire dans toutes ses formes. Ce changement ne peut être l’œuvre d’un seul groupe ethnique, fut-il au pouvoir, ni celui d’une région, ni celui de l’opposition   démocratique interne, laquelle opposition fait allègrement et complaisamment le lit de la dictature. Par sa participation dans la gestion des affaires de l’Etat, elle justifie l’image de la démocratie fictive du régime. Cette opposition s’accommode bien avec le régime. Les députés sont élus par la bonne volonté de Deby. Une fois élu, le député tchadien a des avantages qui ne reflètent pas du tout la vie quotidienne du citoyen. Ceux des opposants qui ont refusé d’être le faire valoir du régime, ont payé de leur vie. Le changement ne peut être non plus l’œuvre de la seule opposition armée. Le changement doit venir de la conjugaison de tous les efforts des toutes les couches sociales aspirant à un réel changement du système. Même si dans l’histoire des révoltes populaires, la jeunesse en a été le fer de lance, dans le cas présent du Tchad, les Béris ont un rôle  à jouer dans la perspective d’un changement du régime pour la simple raison qu’ils ont fait  ce régime, il est logique de leur demander de contribuer à le défaire maintenant !

Les bergers connaissent ce proverbe même dans leur sommeil : «si le chameau vous donne un coup de pattes, mettez-vous de côté pour ne pas en recevoir un deuxième, un troisième, etc., qui seront fatals pour vous.». La conscience collective n’oublie jamais mais elle pardonne. C’est pourquoi la communauté Béri, au lieu de persister dans sa fuite en avant, en croyant attraper les chimères révolus d’un système à l’aube de son éclipse, doit se ressaisir et faire face à la réalité en soutenant la lutte nationale que mène le peuple tchadien dans toutes ses composantes. C’est la seule attitude qui lui permettra d’éviter d’être le paria de l’histoire et de toute la communauté tchadienne.

Isshakha Bouébri Djérou  (N’Djamena)


Commentaires sur facebook

20 Commentaires

  1. Bandara

    Pour une fois, un zakhawa ouvre les yeux sur des réalités qui risquent d’être leur lendemain.Cela dit, je me demande si les tchadiens pardonneront encore comme ils l’ont fait par la passé au régime gorane. Le comble des combles c’est que l’ethnie en question a vite oublié ce geste combien patriotique de la population victime, pour continuer à se comporter aujourd’hui comme des bourreaux non punis.

  2. supersonic

    Excellent Article dans le style comme dans le fond.

    L’auteur pose la question Que faire? Il répond qu’il faut le changement, que les Béris ont un rôle à jouer et qu’il est logique de leur demander de défaire ce régime.

    N’y a t-il justement pas un danger à ce que cette communauté joue le rôle principal dans le changement et que l’on assiste à une continuité.

    J’aurais bien voulu que l’auteur propose des pistes de solutions pour la réconciliation des béris avec le reste de la société tchadienne. J’espère que cela fera l’objet d’un prochain article. Car l’enjeu il est là. « Se réconcilier ou déraper jusqu’à la catastrophe » comme l’avait si bien dit « Joe Al Kongarena » dans un de ses articles. publiés sur Librafrique

    • anahid

      cher compatriote je pense que ce que tu aimerais ne se passera pas comme tu voudra par ce que daoussa et ses acolytes veulent succéder deby   et continuer  ses oeuvres et non pas delivrer les tchadien comme tu l’esper
       

  3. AAdil Moustapha

    Je ne peux que dire Bravo à notre frere!

  4. Adoum

    Excellent Article dans le style comme dans le fond rien n’ est si semblable a la charité que la cupidité  .Il serait capable de fairen’importe quoi par cupidité .

  5. korei djimi

    Bonjour notre cher frere Issakha Bouebri Djerou; Tout d’abord, merci beaucoup de votre franche reflexion. Deja, a partir de votre analyse de la situation qui prevaut au Tchad, vous avez prouve votre capacite de contribuer pour l’avenir des generations futures tchadiennes.
    Bien sur, plus le temps passe, plus la jeunesse prend conscience mais malheureusement, tant qu’il nous est impossible de nous unir contre les vraies causes de nos problemes et nos divisions depuis des decennies, le pire nous guettera a l’horizon encore, parce qu’un regime dictateur va partir tot ou tard mais si toujours nous vivons les divisions, que nous reserve l’apres-Idriss Deby? Ses divisions cultivees depuis plus de cinq generations auraient besoin de la participation effective de toutes et tous ceux qui pensent honnetement apporter un vrai changement et non le contraire.

  6. Mht Houno Tidi

    Bravo! bravo! bravo! La grande illusion. L’article est blessante de verité. Toutes nos travérs sont là, qu’on le veille ou pas, voila la verité. Je suis zakhawa, lorsque j’ai fini de lire l’article j’ai senti un gout amère dans la bouche, plutard j’ai compris que c’etais le gout du regret, le regret d’etre né zakhawa.

  7. le citoyen

    Éloquent article exception faite de sa subjectivité par rapport à la situation de la responsabilité des Béris dans la perpétuation du pouvoir de Deby.
    Ne faites pas d’amalgame, car faire passer au crédit de toute la communauté Béri le bilan calamiteux de 22 ans de règne de Deby, c’est de la pure logique debyste:’f’aire passer au nom de la grande communauté Beri, les agissements de moins de 5% d’individus ».
    Oui cet amalgame est malheureux, surtout quand on le fait délibérément.
    C’est bien de faire l’autocritique, sauf qu’il faut le faire de façon objective.
    D’abord, si les Béris ont beaucoup contribué pour l’accession de Deby au pouvoir, ils n’ont jamais bénéficié de ses largesses dans leur majorité écrasante. Au contraire, ils sont vite tombés dans la ligne de mir de M. Deby dès ses 1ères heures de prise de pouvoir, pour avoir constitué une menace potentielle pour le nouvel homme fort. Ils ont même été l’une des 1ères victimes de l’arbitraire.
    C’est tellement vrai qu’il faut regarder en arrière et se remémorer le parcours de Deby pour percevoir cette réalité: communauté Bilia -> Clan Kouliera -> famille Itno-> famille Deby.
    Ainsi, à chaque fois que le pdt Deby se dégraisse, il lâche des plumes et crée une nouvelle classe de malfrats comme l’auteur l’a bien souligné.
    Mais de là, affirmer que cette situation engage les Béris en tant que communauté entière, vivement que non!

    Bien sûr la communauté Béris doit contribuer incessamment au changement pour l’intérêt supérieur du Tchad et des Tchadiens, ni plus ni moins. Elle n’a ni plus des moyens ni plus de responsabilité. Telle est pourtant la triste réalité. Il faut aussi arrêter de brandir la menace selon laquelle la communauté Beri va payer après Deby, ce n’est certainement pas la meilleure façon de procéder, et cela ne contribuera nullement au changement tant espéré.

    N’est-ce pas paradoxal d’apercevoir de l’autre côté de la rive seulement, ce que l’on n’a même pas vu quand on était juste à côté?
    Sans rancune!

  8. Hissein Taha

    Excellentisime article comme on les aime! Merci Tchadactuel, vous etes pour nous ce qu’etait le journal  »l’aurore » pendant la revolution francaise. Maintenant, voila ma question: Que fait-t-on de ces zaghawas? L’echafaut ou l’ile d’elbe? La corde ou les plumes et le goudron?

  9. aboukriss

    Un ZAk bien eduqueton article est claire preis dans le fond et forme bon travail

  10. Mahamat

    Chapeau, tres bon article qui retrace les realites de notre pays. Je suis persuade que ce regime est un mal commun a tous les tchadiens. Les Beris ont vecus les caprices de Deby seulement pendant les trois dernieres annees, imaginer la souffre des autres tchadiens pendant 20 ans.  

  11. sao

    Il faut avoir une intégrité intellectuelle et une morale pour écrire cet article. Bravo
    A mon avis, il n’y a pas que la communauté Beri qui est responsable de cette injustice. C’est une logique qui a existé depuis l’indépendance contrairement à ce que pensent mes frères du sud.
    Le Tchad est malade depuis l’indépendance, le Tchad était déjà mal parti avec Tombalbaye et son régime autocratique base sur le parti unique (Parti progressiste tchadien), en effet plus de 90% des éléments de l’armée, la gendarmerie, la police, les préfets, sous-préfet, en bref les cadres de l’administration, étaient des sudistes mieux formes par le colon français. Déjà en 1963, La répression des opposants au régime a fait plusieurs morts en N’Djamena.
    Le comportement de ces cadres sudistes dans les zones de commandement a poussé la première révolte des populations en Septembre 1965, au centre à Magalme. C’est les sudistes qui ont provoqué cette prolifération de mouvements armées, de luttes interminables pour le pouvoir, la désintégration du tissu social, et l’ingérence des forces extérieures, Libye, France, soudan que sais-je.
    Cette injustice a poussé certains responsables du Frolinat à utiliser la religion (kirdi-muslim) et le régionalisme (nord-sud) pour arriver au pouvoir, nous savons tous la suite depuis la guerre de 9 mois dans la capitale entre ceux considères comme les frères et le chaos du GUNT, la dictature de HH.
    Je suis d’accord avec wal-borkou quand il dit que c’était les goranes qui ont laissés Hissene Habre, même Deby ne croyait pas sa fuite, il a fallu une semaine après l’arrivée de Maldom Bada Abbas pour s’assurer du fondement de la nouvelle.
    Il faut rappeler que la garde prétorienne de HH était semblable à celle de Deby, les 3 forces de sécurité :
    1-Les éléments de la sécurité présidentielle(SP) étaient essentiellement originaires du Borkou(Anakaza)
    2-La garde présidentielle(GP) est composée des éléments fidèles de la région (BET)
    3-l’armee nationale tchadienne (ANT) est composée de ces éléments qui constituent le reste des tchadiens, très faciles de le reconnaitre avec des tenues militaires délabrées, sans chaussures militaires, conduisant les VLRA, et les gros porteurs pendant la guerre parce que les Toyota sont pour les autres.
    C’était les sudistes qui avaient mis fin au régime dictatorial de Tombalbaye, les goranes ont refusé de se battre pour Hissent Habre, je suis d’accord avec l’auteur que c’est aux Beri de défaire Deby.
    Toute fois avec ou sans les beris, ce régime va finir, comme pharaon face à Moussa par la grâce de Dieu.
    Mais si nous continuons dans ce cercle infernal, nous ne bâtirons jamais un état.
    Alors c’est quoi le changement pour les tchadiens ?
    A mon avis, Je pense que l’auteur de cet article (qu’il soit du nord-sud-centre-est-ouest) peut être le président de tous les tchadiens qui aspirent à la justice (Egalite de tous devant la loi), la dignité, la concorde et l’équité sociale (l’accès égal aux richesses du pays), l’unité, la paix et le bon vivre au pays de Toumai.

  12. Patriote

    Un article coherent et critique dans le fond comme la dans la forme mais malheureusement tout n’est pas negatif et ordure sous le regne du président Deby. Si les 22 ans de pouvoir de Deby sont que viol, tuerie, vol, pillage etc c’est que le Tchad est un pays néant et les tchadiens sont aussi des moutons de panurge. J’ose croire que le prochain article fera l’objet des réalisations faites par Deby et son régime, c’est à dire faire apparaitre l’autre face caché du regime, le coté positif du regne de Deby. Merci Bont vent !!!

  13. brahim korei

    Svp ne considerez pas cette minorité comme obstacle ou frein pour le developpement et l’epanouissement du peuple tchadien!!D’ailleurs qui sont les beris?Ne sont-ils pas des migrants soudanais venus au lendemain de l’independance precisement a la veille de la guerre civile de 1979??donc ceci etant sans rentrer dans les details je me dis que la n’est pas la source du probleme!!c’est au peuple tchadien d’assumé ses responsabilités sans ambiguité et n’est pas ceder aux intimidations car tous ces bla-blas ne nous interessent point……

    • Ina their Seiro

      Mr Brahim Korei! le royaume des zaghawas a regné plus de 3siècles dans presque tout le nord ayant pour centre d’activité le Kanem; c’était au 12è siècle. A cette époque il n’ ya pas au Tchad ce qu’on appelle gorane. ce que vous appellez gorane aujourd’hui n’est un melange de DAZA-Toubous-ANNA(Béris). DIRE que les Beris sont des émigrants venant du Soudan tu nous étales ton ignorance intellectuelle.
      D’autre en 1980 quand ton parent HH avait traversé le chari sous les bombes libyennes en abandonnant armes et bagages, ce sont les beris qui ont conduit les troupes jusqu’au Darfour avant de demander àHH de le rejoindre! vous avez déjà oublié cela? Ensuite ils l’ont conduit jusqu’à la présidence, quand il a commencé à déconner ils l’ont renvoyer!

      • brahim korei

        Royaume ??tu me surprend mon cher Seiro!je te rappelle juste de passage si »Troupe de 1985″ca te dit quelque chose???concernant HH je ne veux pas deplacer le debat tout ce que je sais le developpement du tchad depend de son peuple et non de cette minorité essentiellement illettrés qui ne pensent que a manger l’argent du pauvre contribuable tchadien,

  14. samsonite

    Je dis bravo à ce monsieur qui a porté sa plume au coeur de la plaie. Il a tout à fait raison et je me rappelle encore de mon père qui me disait qu’à son époque que ça soit au lycée d’Abéché, au lycée félix éboué ou au lycée technique commercial, les meilleurs élèves se recrutaient parmi les béri. En europe, ils sont parmi ceux qui ont fait les plus longues études et les plus denses. C’est avec beaucoup de regret qu’on constate qu’aujourd’hui la règle est à l’achat du faux diplôme.

  15. mhtissa

    je dis bravo oci a notre compatriote qui a ecrit cet article et j’aimerais dire aussi a brahim korei que les berris ne sont pa venu coe des migrants en 1979 parck ya un berris au gouvernement de tombalbaye et s’ils ne snt pa des tchadiens coent ils ont parvenues sur ce gvt.

  16. Mht saleh

    Aah Quel article! On dirais la plume de Zola. Une fois de plus, Tchadactuel s’impose comme le connaisseur du dossier ‘Z’

  17. Mht Houno Tidi

    Trés beau travail, ami Issakha! Merci pour votre clairevoyance et ce travail digne d’une thése de doctorat. Je suis trés etonné que ca soit un zakhawa qui ai ecrit ce papier. Que faut-il retenir de cette analyse…l’halali? Le glas sonne t-il?