La stratégie de déstabilisation du JEM.

Comme à son habitude, Deby cherche à orienter ailleurs ses  problèmes internes ! Pour les initiés, Deby  n’a jamais porté dans son cœur les rebellions soudanaises de Darfour, en particulier celles animées par les zaghawa kobé du Soudan, qui sont considérés comme les antichambres des zaghawa kobé du Tchad, pour ne pas dire, mieux, leur soupape de secours!

En son temps, Deby n’a lésiné sur aucun moyen pour déstabiliser et affaiblir les différentes factions de la rébellion soudanaise; les tendances MLS de Minni Arkou  ou le JEM de Bahar ABOUKARDA sont les fruits de son imagination et de sa création. La seule personne qui a tenu tête à Deby par son audace, sa témérité, son intelligence et  son organisation interne est sans nul doute le Dr Khalil Ibrahim, qui, tout compte fait, a payé de sa vie. Deby s’attendait à une réaction immédiate des parents du leader du JEM compte tenu de son implication directe et manifeste dans l’assassinat du Dr Khalil. Or les parents de ce dernier ont adopté une attitude digne et réfléchie, ce dont Deby a commencé à avoir peur. Sachant pertinemment que la riposte à l’assassinat du Dr Khalil pourrait venir à tout moment, et ne voyant aucun danger se pointer à l’horizon, Deby se prépare à nouveau et de plus bel, à déstabiliser le JEM pour lui enlever toute force de frappe. Aidé en cela par le régime de Khartoum qui a délégué pour la bonne cause le chef des djandjawids Moussa Hilal pour aider son ex-beau-fils dans l’accomplissement de leurs œuvres machiavéliques.

Le décor est en train de s’installer ; premier acte – Deby a fait venir du Caire où il était refugié, le sinistre Arkou Bourmi, celui-là même qui nomadisait d’un mouvement à un autre sur instigation de Deby jusqu’à son arrestation par le JEM et son internement à la frontière du Soudan du Sud. Arrivé à Ndjamena, Arkou, accompagné de Mahamat Bachar Ahmat, un renégat proche du défunt Dr Khalil, a été reçu par Deby en présence des éternels bouffons qui sont entre autres : Général Oumar Bahr Eriteyro dit «Oumar Djargoui », Général Héri Tiéra Anguir et Cherif Kérima, un sous-traitant des bouffons. La mission de cette équipe dont le chef est le Général Oumar Bahar-pour ses accointances familiales dans la région de Touer, consiste à encadrer fortement les sieurs Arkou et Mahamat Bachar Ahmat en mettant à leur disposition tous les moyens nécessaires afin de créer des dissensions aux seins des différentes factions de la rébellion soudanaise de Darfour. En même temps, il est chargé d’épier les survivances de l’UFR dans la zone et d’en informer au besoin très rapidement l’équipe du dictateur.

En créant des nouvelles bases des tendances, Deby vise deux objectifs, d’abord démanteler prioritairement le JEM, sinon lui enlever toute subsistance offensive en vers le régime soudanais et toute velléité agressive en vers lui. Ensuite récupérer les combattants désœuvrés pour d’autres missions urgentes, par exemple les envoyer au Mali.

Deuxième acte – le 01 août 2012, Arkou et Mahamat Bachar Ahmat ont mis pieds à terre dans la zone où se trouve le quartier général de la rébellion soudanaise toute tendance confondue. Ils disposent de 4 Toyota bien chargées des tenues militaires et des armes légères et des sommes importantes pour l’entretien des militaires. A l’arrivée, ils sont accueillis par Oumar Moussa Hally, encore un autre trafiquant de chair humaine, tchado-soudanais ou soudano-tchadien suivant la direction du vent, connu de tous les services de sécurité de deux pays. Le plus surprenant, est la présence  du Commandant Bokhid dit « Dobodjo », CEMGA du JEM au bivouac de la mission. Depuis leur arrivée sur les lieux, Arkou et Mahamat Bachar Ahmat sont encadrés par les hommes de Bokhid « Dobodjo » qui les ont conduits jusqu’au «Shark Djebel » où se trouve une dissidence de LJEM de Dr Tidjani Sissi, signataire des accords de Doha. Après avoir passé 48h en conciliabules, le groupe est revenu le samedi 04 août 2012 au quartier général de la rébellion mais les germes de la discorde qu’il a semées dans Shark djebel sont entrain de se développer très rapidement. En effet un petit groupe qui se réclame de Bokhid voudrait quitter le quartier général, mais manque de pots ils n’ont plus de carburant, c’est ainsi que Arkou Bourmi est reparti en catastrophe à Tiné pour en chercher, selon les dernières informations.

Les nouveaux responsables du JEM ont toujours eu des doutes sur le comportement de ce Bokhid qui a été propulsé par le Dr Khalil à la tête de l’armée après son retour de la Libye. A cette époque, beaucoup des cadres militaires avaient émis des réserves à son encontre compte tenu du soupçon  de ses accointances  avec le régime de Ndjamena. D’ailleurs il avait manigancé pour se soustraire du convoi de Dr Khalil, quand ce dernier faisait la tournée de ses troupes stationnées à Kordofan. Avait-il déjà senti le danger ? Depuis lors, la confiance ne régnait plus entre lui et ses nouveaux chefs. Aujourd’hui sa promiscuité avec les émissaires de Deby n’étonnent personne.

Devant cette nouvelle donne les responsables de l’opposition soudanaise, surtout ceux du JEM, ne sont nullement surpris par les manœuvres de Deby et ils ne s’en inquiètent pas outre mesure. Au contraire en remuant les eaux dormantes, Deby ne fait que remuer le couteau dans ses propres plaies. L’avenir nous dira si Deby n’a pas plutôt intérêt à s’occuper des affaires de son pays.

Correspondant du JEM