Au Tchad, des combats d’une rare violence se succèdent depuis lundi – Afp
Les combats qui opposent les rebelles à l’armée depuis le début de la semaine dans l’extrême est du Tchad ont repris jeudi avec une rare intensité près de la frontière soudanaise, au lendemain des déclarations victorieuses de N’Djamena assurant avoir « détruit » ses ennemis.
L’Armée nationale tchadienne (ANT) et les rebelles de l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD) se sont affrontés jeudi matin là où ils s’étaient séparés la veille au soir, près du massif d’Hadjer Marfaïn, à 150 km au nord-est d’Abéché, principale ville de la région.
« C’est le gouvernement qui a repris les hostilités », a affirmé à l’AFP le secrétaire général de l’UFDD Abakar Tollimi, joint par téléphone satellitaire.
L’UFDD est l’un des quatre groupes armés qui ont signé le 25 octobre à Syrte, en Libye, un accord de paix avec les autorités tchadiennes.
Cet accord a volé en éclats lundi, lorsque UFDD et ANT se sont violemment affrontées à 90 km à l’est d’Abéché, au terme de plusieurs jours d’escalade verbale.
Après celles de lundi et mercredi, c’est la troisième bataille en quatre jours. Et, selon des sources militaires tchadiennes, les combats sont à chaque fois d’une violence et d’une intensité rares.
« Depuis lundi, c’est la troisième fois que les deux camps se font face colonne contre colonne, sans se défiler, avec un très forte détermination de part et d’autre », a expliqué à l’AFP une de ces sources à l’AFP.
De tels combats n’avaient pas eu lieu depuis longtemps au Tchad, selon ces sources.
Lors de la dernière opération d’envergure des rebelles, il y a un an, leur stratégie était tout autre: après l’échec d’une offensive éclair contre N’Djamena en avril 2006, les combattants hostiles au président Idriss Deby Itno avaient mené des attaques ciblées, jouant au chat et à la souris avec l’ANT.
Cette fois, les combats sont « très violents », reconnaît un membre de l’UFDD.
Selon les deux camps, les forces gouvernementales ont reçu pendant la nuit de mercredi à jeudi de nombreux renforts.
Depuis lundi, armée et UFDD ont multiplié les déclarations victorieuses mais invérifiables, assurant avoir infligé de lourdes pertes à l’adversaire. Le gouvernement tchadien, qui accuse le Soudan d’avoir « armé » les rebelles, a même déclaré mercredi que l’UFDD avait été « complètement détruite » à Hadjer Marfaïn.
Des responsables de chaque camp ont toutefois reconnu, sous couvert de l’anonymat, avoir enregistré des pertes humaines et matérielles importantes.
Mardi, à Abou Goulem, théâtre de la bataille de la veille qui avait mis le feu aux poudres, un journaliste de l’AFP avait pu voir une trentaine de pick-up équipés de mitrailleuses calcinés ou détruits, à l’instar de six véhicules blindés de l’armée.
Autre signe de l’intensité des affrontements, entre 250 à 300 militaires gouvernementaux blessés ont été évacués depuis lundi sur N’Djamena, selon des sources médicales.
Ce regain de tension intervient alors que la force européenne dans l’est du Tchad et le nord-est de la Centrafrique tarde à se déployer. Faute de moyens aériens suffisants, l’Eufor Tchad-RCA risque de ne pas arriver avant janvier.
En attendant, l’armée française, qui dispose au Tchad de plus d’un millier d’hommes et d’avions de chasse Mirage F1, poursuit son travail de reconnaissance dans l’est du pays.
Peu avant les combats de jeudi, le chef de l’UFDD, le général Mahamat Nouri, avait dit à l’AFP que des avions français n’avaient cessé de survoler les positions rebelles depuis le début de la matinée.