Les Brèves de N’Djamena – Les flops diplomatiques de Deby (suite)

Entre la Commission de l’UA, l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) et les relations bilatérales avec Paris, les flops diplomatiques du régime de Deby sont nombreux.  Deby avait tourné le dos à l’Afrique centrale pour l’élection du Président de la Commission de l’UA dans l’espoir (selon lui) de briguer le poste de Vice Président de la commission, promise par l’Afrique du Sud. A Addis Abeba, lors du Sommet on aurait rappelé à Deby et à ses diplomates chevronnés qu’il n’existe pas un poste de Vice Président de la Commission, il n’y a que des postes des Commissaires. A ce poste, Deby préféra une citoyenne américaine, sa belle sœur à un Nagoum nettement plus bagagé et certainement à mieux à défendre les intérêts du Tchad. Consolation maigre pour Nagoum : il aurait été exilé  dans le Goulag de Sibérie comme représentant personnel de Deby. Un sinistre garage. Ça  apprendra à Nagoum, un serviteur fidèle parmi les plus fidèles d’être de mèche avec es tenants du Front pour l’Emancipation du Sud du Tchad (MEST)

Pour Deby, le Poste de Secrétaire General de l’OCI dont Moussa Faki est le candidat, est acquis d’avance, car le Tchad, membre depuis 1973 n’a pratiquement occupé aucun poste d’envergure dans cette Organisation. A l’OCI, il y a un cabinet noir, complètement inconnu du grand public, spécialiste des enquêtes de moralités des personnalités candidates aux hautes fonctions de l’Organisation. Un des experts de ce Cabinet descend sur N’Djamena et rencontre discrètement Deby pour s’enquérir des nouvelles de son candidat. Deby étale devant son visiteur les qualités intrinsèques de son Ministre des Affaires Etrangères : « Grand commis de l’Etat, Dr en droit, parlant couramment le français, l’arabe et l’anglais, ayant occupé les plus hautes fonctions de l’Etat jusqu’au poste du PM, où il n’a trainé que compétence et responsabilité. » L’expert remercie Deby et lui confirme qu’il a déjà entendu les mêmes mérites par d’autres sources et qu’il est ravi que le plus haut responsable du Pays le lui confirme. Mais il y a un autre aspect qui est très important et que l’expert veut avoir des infos de la bouche du grand chef : «  Concernant Moussa Faki, quelle est sa connaissance de l’Islam, sa compréhension de l’Islam, son comportement quotidien en tant que musulman, sa pratique réelle de l’islam, son rapport avec les grands courants de l’islam et sa position par rapport aux mouvements islamistes qui luttent à travers le monde et l’intégrisme islamiste» Deby ne se fait pas répéter deux fois : « Moussa est un grand et pratiquant musulman, fils d’un grand marabout connu par le monde musulman tchadien, le nom de son père est associé à un village qui a été toujours le centre et la référence de l’Islam au Tchad, j’ai visité personnellement ce village. Quant à son comportement quotidien et sa pratique de l’Islam, et sa connaissance de l’Islam, c’est exactement comme moi, Moussa, c’est mon neveux, en matière de l’Islam, Moussa c’est ma copie conforme. »  Le Monsieur fixe Deby longuement et répète : « c’est exactement comme vous, votre copie conforme en matière de l’Islam, n’est ce pas ? » « C’est ça », répète Deby satisfait et sûr de lui. L’expert, reparti au siège aurait déposé son rapport avec l’appréciation sans appel suivante : «Moussa Faki, alcolo, pédophile et fétichiste (Moushrik), photocopie de son Patron. »  Avec une telle mention, les chances d’obtenir ce poste sont vraiment maigres selon les spécialistes du dossier, mais on souhaite bonne chance au candidat du Tchad, tant le Tchad est sous représenté à l’échelon international. On espère que Deby puisse arracher ce poste lors de son présent déplacement à Ryad au sommet de l’OCI.

Le passage du Ministre des affaires Etrangères françaises a donné beaucoup d’espoir au despote de N’Djamena. Même si le Ministre français avait refusé d’aborder les problèmes bilatéraux, Deby pense et à juste raison que désormais il est fréquentable, monnayant avec dextérité son importance dans le dossier malien. Selon des sources fiables, Deby aurait demandé une audience avec le Président français. En tant que grand seigneur de la guerre du désert, Deby voudrait exposer au français sa stratégie de la conquête du Nord Mali. 2^ème sujet à aborder est relatif à la médiation entre le Gouvernement malien et les rebelles touarègues. Deby aurait murmuré à l’envoyé français que le Président Burkinabè, chrétien et bantou est mal placé pour diriger la médiation et que lui Deby, musulman et homme du désert est bien placé, surtout s’il a un corps expéditionnaire sur place, alors il doit être le Médiateur par excellence.

Dernier point, les relations bilatérales. La réponse des gaulois a été très succincte : on verra  tout cela après septembre!

Mais depuis, deux évènements sont venus calmer les ardeurs conquérantes du despote. Les tchadiens sont unanimement contre l’envoi des militaires tchadiens au Mali. Pire (mieux), les militaires, désoeuvrés, déflatés et radiés, contrairement aux cas similaires d’antan, ne se précipitent plus pour s’inscrire. Cerise sur le gâteau : le Gal beau frère chargé de recrutement, est soupçonné de connivence avec les putschistes et a été sanctionné par une rétrogradation.

La lettre envoyée par le Président français à Deby à l’occasion de la fête d’indépendance du Tchad se distingue par sa particularité des traditionnels échanges des civilités  entre les deux Chefs d’Etat dans des occasions similaires : le français intime l’ordre au despote  de faire avec l’opposition. C’est une première et c’est tant mieux.

BF