Eufor Tchad-Centrafrique: un casse-tête logistique – Libération
L’éventuel déploiement d’une force européenne au Tchad et en Centrafrique sera un véritable tour de force logistique, indique une étude réalisée pour le compte du MIT (Massachusetts Insitute of Technology). Rédigée par Bjoern H. Seibert, ce rapport intitulé « African Adventure ? » est très critique sur cette opération, qui peine d’ailleurs à voir le jour.
L’auteur décrit en détail les aspects logistiques de cette opération, dans l’une des régions les plus enclavées d’Afrique. Sur la base d’un effectif de 3700 hommes (qui ne sera vraisemblablement pas atteint), il faudra projeter d’un coup 14.000 tonnes de matériels, soit 8.000 pour la Force elle même et 6.000 pour l’approvisionnement (dont l’essence et l’ eau) pour le premier mois passé sur place. Chaque mois, 6.000 tonnes devront être livrées.
Il existe deux routes possibles: par les airs et par une combinaison mer-terre. Les deux seront sans doute utilisées, mais la force mettra environ un mois pour se déployer.
La voie aérienne exige des avions gros porteurs dont manque cruellement l’Europe mais qu’il est toujours possible de louer aux Ukrainiens. La principale limitation vient plus des infrastructures aéroportuaires de N’Djaména et surtout d’Abéché. Selon l’auteur, la projection de 20% de la force et de son approvisionnement par les airs prendrait environ 17 jours. Si tout passait les airs, il faudrait 70 jours…
La voie mer-terre passe par la port de Douala au Cameroun, puis le chemin de fer jusqu’à Ngaoundé (nord du Cameroun) et enfin la route via N’Djaména jusque dans l’est du Tchad. Etant donné l’état des infrastructures, et notamment des routes, l’auteur à calculé qu’il faudra entre 34 et 37 jours pour déployer la force.
Voilà donc les vraies capacités de projection de l’Europe: un mois pour envoyer l’équivalent de trois régiments (3000 hommes) au coeur de l’Afrique. En 1798, Bonaparte avait mis un mois et demi pour projeter 40.000 hommes en Egypte, après avoir pris Malte au passage.