Arche de Zoé: l’instruction est "truquée et mensongère" (Breteau) – Le Monde

Eric Breteau, le président de L’Arche de Zoé, l’association qui a tenté d’emmener du Tchad en France 103 enfants, estime que l’instruction le renvoyant en cour criminelle est « truquée et mensongère », dans une lettre dont l’AFP a eu copie jeudi à Libreville.

« Il s’agit d’une instruction truquée et mensongère qui ne respecte pas les principes élémentaires du droit tchadien et qui doit être frappée de nullité », affirme M. Breteau dans sa missive.


Il relève notamment que l’ordonnance du juge le renvoyant devant la Cour criminelle de N’Djamena est constituée « d’un grand nombre de faux témoignages à charge pour accréditer l’accusation ».

Il doit comparaître devant cette cour à partir du 21 décembre avec neuf autres accusés (5 Français de l’association, 3 Tchadiens et un réfugié soudanais). Ces accusés encourent de 5 à 20 ans de prison.

« Or la simple lecture de ces témoignages met en évidence les contradictions. Toutes les parties civiles entendues en des lieux et horaires différents réclament tous la condamnation des +blancs+ et exactement la même somme d’argent (200 millions de FCFA) », écrit-il.

Selon lui, cela « démontre la manipulation de l’instruction ». Il estime ainsi que les sommes réclamées par les familles des enfants atteignent « au total 35 millions d’euros ».

M. Breteau dénonce aussi le fait que, selon lui, « après la clôture de l’instruction et le renvoi devant la chambre d’accusation, le dossier n’a pas été communiqué à la défense ». « Les accusés n’ont pas pu déposer leur appel alors que la loi leur donne trois jours », ajoute-t-il.

Il remarque également que « l’ordonnance de renvoi du juge » indique « que les +témoins déclarent à l’unanimité que les membres de Children rescue (nom sous lequel opérait L’Arche de Zoé au Tchad, ndlr) recherchaient des enfants de parents pauvres et non des orphelins du Darfour+ ».

Or, selon lui, de nombreux témoignages joints au dossier confirment que l’ONG ne recherchait que des orphelins du Darfour. « Il y a donc malversation volontaire dans la rédaction de l’ordonnance », estime M. Breteau.

Il déplore également que « les enregistrements vidéos (…) n’ont pas été pris en compte afin de ne pas enregistrer la preuve que les membres de Children rescue n’ont pas commis le moindre acte d’enlèvement d’enfants ».

La défense des six Français a dénoncé à plusieurs reprises « la célérité » de l’instruction.

Interrogé par l’AFP à N’Djamena, le ministre tchadien de la Justice Albert Pahimi Padacké a indiqué que « la procédure s’est passée normalement. Les arguments de la défense ne tiennent pas ».

« L’instruction s’est faite de manière impartiale. Comme le précise la loi, le juge l’a instruit à charge et à décharge. La preuve, il y a eu des relaxes. »

Douze non-lieux ont été prononcés pour onze autres Européens et un Tchadien, inculpés également dans cette affaire.


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