Les Brèves de N’djaména: Libération prochaine de six français de l’Arché des Zoé

A Lisbonne, Deby a promis fermement à Sarkozy la libération de six français de l’Arche de Zoé détenus à N’Djamena. Il réitérera certainement les mêmes propos durant son séjour médical de cinq jours à Paris. Des enfants, des parents d’enfants et des prisonniers tchadiens, on en parle de moins en moins. Même nombreux, ceux là n’ont pas la même valeur, et leur sort sera dilué dans celui des français.

L’excellent reportage réalisé par le journaliste de l’agence CAPA a été diffusé sur plusieurs chaînes de télévision internationale, mais la télévision tchadienne n’a pas jugé utile d’en faire profiter à ses téléspectateurs, est ce le fait du hasard ? Si c’est le cas, on peut espérer qu’elle puisse se rattraper.

Dans un article de France Info, repris sur le site de Tchadactuel le 8 décembre et intitulé – Arche de Zoé : Discrète accélération dans le dossier au Tchad, on pouvait lire :

«Après une série d’échanges vifs entre Paris et N’Djamena, les deux capitales ont baissé le ton sur l’affaire de L’Arche de Zoé qui pourrait aboutir à un procès rapide au Tchad.

Le Ministre de la Justice du Tchad d’en ajouter : »La seule instruction que j’ai donnée au Parquet dans cette affaire, c’était de faire diligence », affirme-t-il. « C’est un dossier très sensible, et il a été traité de manière prioritaire ».

« Nous avons fait comprendre à Paris qu’il fallait faire attention à notre opinion publique », explique un conseiller du président tchadien Idriss Deby, déplorant les propos « de trop » de M. Sarkozy. « Il y a eu une volonté de calmer le jeu », acquiesce-t-on côté français.»

Comme on peut le lire entre les lignes, ces prisonniers de luxe, malgré les actes commis ne séjourneront pas longtemps au Tchad. Il n’est pas exclu qu’ils aillent fêter le nouvel an en famille. D’ailleurs, on peut constater depuis peu, à quel point la justice tchadienne est devenue si efficace qu’en moins d’un mois, les français entendus, jugés et condamnés quand on sait qu’à la maison d’arrêt de Ndjamena, il y a un bon nombre qui espère entendre son nom prononcer pour se présenter devant le juge.

Le compromis trouvé au stade actuel est le suivant : les six français seront très prochainement condamnés par la justice tchadienne et iront purgés leur peine en France. Qui a dit que la justice tchadienne n’est pas indépendante ?

Et les prisonniers tchadiens alors ? Ceux là sont tous des zaghawa, parents de Deby. Eux, ils ne connaissent pas la prison, condamnés ou pas, ils iront au vu et au su de tout le monde rejoindre leurs troupeaux de dromadaires. Pour le moment, c’est un deal avec Deby, et si le cours des événements ne tourne pas en leur faveur, ils peuvent partir à tout moment.

L’Arche de Zoé ou l’affaire Kouchnero –Sarkozyo-Debyenne ?

L’ex socialiste, le très célèbre Dr humanitaire, Bernard Kouchner, devenu ministre des affaires étrangères de Sarkozy et la sympathique Rama Yade ont confondu les affaires de la république et l’exotisme humanitaire. Le fameux Dr, connu pour ses sorties intempestives, n’a en ce moment qu’un seul dossier prioritaire dans son vaste ministère des affaires étrangères, c’est le Darfour et par ricochet l’Est du Tchad. Avec Dr, il suffit de lui dire Darfour, et les portes des diplomates souvent hermétiques vous s’ouvrent grandement. Et cette faiblesse, certains l’ont compris et ont saisi la balle au bond, c’est le cas des responsables de l’Arche de Zoé. Le transfert des enfants dits du Darfour par l’Arche de Zoé, pardon Chidreen Rescue a été mené certainement avec l’accord du ministère français des affaires étrangères. En tout cas c’est ce qu’on peut lire dans la lettre du Directeur de l’Association. En effet, comment comprendre que les autorités françaises ne soient pas au courant de l’entrée sur le territoire français de 103 enfants, transportés, excusez du peu par un avion gros porteur qui devrait atterrir sur un aéroport dont on imagine que le contrôle est assuré par la police des frontières !!!

Dans cette affaire, on a pris les tchadiens pour des gros bébés. Chidreen Rescue a évolué dans l’Est du pays au grand jour. Les responsables de cette association, au file du temps, ont compris une chose : L’Est du Tchad est truffé des responsables de l’administration tchadienne purement analphabètes. Alors il était tout à fait possible de leur faire signer n’importe quoi, y compris leur propre condamnation à la potence. Ainsi donc, au lieu de prendre deux ou trois enfants et faire des va-et-vient, l’association a vu gros dans un pays vide d’administration.
Elle décida d’amener le tout, tout d’un coup. N’eu été la vigilance d’un simple policier à Abéché, l’opération aura réussi.

Si cette opération machiavélique d’un autre siècle avait réussi, vous auriez été les victimes d’un matraquage médiatique. Des enfants maladifs ou orphelins, abandonnés à leur triste sort par les réfugiés du Darfour, sauvés par des âmes sensibles en France. Et vous auriez eu le médiatique Sarkozy et son Kouchner vous raconter avec un air sérieux mille et une choses sur le Darfour et l’Est du Tchad.

Vous vous en souvenez, avant cette affaire sulfureuse des enfants, le fameux duo Kouchner/Sarkozy a mené une de ces opérations foireuses, le transport des vivres par les avions miliaires de la base française de Ndjamena, destinées aux déplacés tchadiens dans le Dar Sila (Gozbeida). Cette opération menée au mois de mai de l’année dernière, où en cette période, la route est praticable, pouvait être réalisée par la simple mobilisation de 6 à 7 gros camions gros porteurs pour assurer le transport sur un trajet long de 205 km ! Et certainement à moindre coût. Mais là, il n’y aurait eu ni télévision, ni radio pour sensibiliser les européens.
En fait, le trio Koucher/Sarkosy/Deby n’a qu’une seule idée en tête : convaincre les européens à accepter de déployer très rapidement la force de l’EUFOR à l’Est du Tchad et au nord de la RCA. Pour Sarkozy, c’est préserver le pré carré en impliquant une force européenne avec une forte coloration française. Pour Deby, l’essentiel se résume à la préservation de son fauteuil, enfants, tchadiens déplacés, refugiés, etc.… ce ce n’est pas son affaire !

Beremadji Félix
N’djaména