Les suites des combats de l’Est

La débandade de l’armée de Dey est telle qu’au jour d’aujourd’hui, il y a encore des militaires qui errent à l’Est sans regagner les casernes avec leurs véhicules dont certains avec des armes lourdes, prêts à les bazarder et regagner les ferick. Selon des témoignages de la région, les rebelles soudanais et tchadiens se concurrencent pour acheter surtout les armes lourdes ; un souk spontané s’est ainsi créé dans la région.

Depuis les derniers combats, les désertions ont repris de plus belle. Dernière en date, celle du Colonel Issa Kinya Alhadj Tanou qui a rejoint le RFC à bord de trois véhicules avec plus d’une vingtaine d’éléments.

Une situation de suspicion généralisée règne au sein de l’armée. Les éléments qui ont participé aux combats du mardi 5 décembre dans l’après midi et qui ont abandonné toute l’armada de Deby sur place, sont fortement soupçonnés d’être les complices des rebelles du RFC. Depuis, ce sont les chefs de guerre les plus connus qui sont mis à la touche. Une campagne de dénigrement dont le jeune Général Hamada Youssouf Itno serait le principal organisateur, est depuis en cours. On attend la réaction de Deby.

Par ailleurs, un malaise diffus règne au sein de tous les blessés se trouvant dans les différents hôpitaux. On est récupéré et évacué du champ des batailles à Abéché, puis à N’Djamena en fonction du groupe ethnique. Ensuite, on n’est évacué à l’étranger en fonction de sa proximité avec le clan. Dans les différents hôpitaux de N’djaména, on reconnaît facilement qui est qui : les inconnus sont laissés à même le sol sur des nattes fournies par les parents, les moins connus sont sur les lits pick up fournis par l’armée, ceux du clan c’est-à-dire les zaghawa occupent les chambres, les proches sont évacués. Après les combats, chacun à sa place. L’évacuation d’Abderahim Bahar et de son petit frère, tous deux égratignés aux bras a coûté au trésor public la rondelette somme de soixante millions de CFA sans les billets d’avion. Pendant que les autres (Les Tahir Erda, Heri Tyala, etc.) sont en Egypte, le tonitruant CEMGA, neveux de Deby, vient de débarquer à Paris, accompagné de sa dulcinée. Il squatta le studio de l’attaché militaire de l’Ambassade qui est parti à N’Djamena pour rendre condoléances à ses beaux parents (l’attaché militaire est marié à la sœur de l’aide de camp de Deby tué lors des combats). On comprend mieux pourquoi le pauvre soldat se plaint souvent de ne rien recevoir car si avec soixante millions on ne peut pas aller à l’hôtel, alors….

Un conseil de Ministre extraordinaire, pardon, conseil de famille extraordinaire qui va décider de la conduite à tenir face aux rebelles, se tiendra incessamment à N’djamena. On n’attend que l’arrivée de Timan Deby.

Mahamat Ahmat
N’djaména


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