Signes d’espoir au Tchad pour les accusés de L’Arche de Zoé – Le Figaro
Le parquet général joue l’apaisement en évoquant des circonstances atténuantes pour les inculpés.
À l’approche du procès de L’Arche de Zoé, qui doit s’ouvrir demain devant la cour criminelle de N’Djamena, les avocats de la partie civile fourbissent leurs armes. Restés plutôt discrets ces dernières semaines, ils affirment désormais que les parents des 103 enfants «enlevés» par les humanitaires français attendent «une condamnation exemplaire». Par ailleurs, ils s’apprêtent à dévoiler leurs prétentions financières. «Nous estimons qu’une somme d’environ 50 millions d’euros correspondrait au très lourd préjudice subi par ces familles», avance ainsi Me Abdoulaye Adam Bahar, membre du collectif d’avocats qui défend leurs intérêts.
«Il faut comprendre que pour tous ces gens l’affaire est dramatique à plus d’un titre», justifie l’un de ses confrères, Me Amady Nathé. Chacune des cent familles qui se sont constituées partie civile a réclamé, devant le juge, une indemnisation qui varie entre 200 et 300 millions de francs CFA (environ 300 000 euros à 450 000 euros). Conseil des six membres français de L’Arche de Zoé, Me Abdou Lamian balaie des exigences qu’il juge «exorbitantes» et contre-attaque : «Le vrai problème, c’est que, malgré des demandes répétées, je n’ai pas été autorisé à assister à l’audition de ces gens pour constater de visu qu’il s’agit bien des vrais parents. Or, il n’existe aucun document d’état civil pour le prouver.»
Avion confisqué
Au parquet général, où l’on souhaite jouer l’apaisement, le substitut Djimet Touré précise, comme pour ramener les parties civiles à plus de modération : «Il existe dans ce dossier des circonstances atténuantes pour les inculpés, liées au fait que ces enfants n’ont pas été volés ni arrachés de force. Au contraire, tout montre qu’ils ont parfois été emmenés à la demande de leurs parents.» Dans ce contexte, une peine «modérée» pourrait être requise contre les inculpés, qui encourent en théorie cinq à vingt ans de travaux forcés.
Autre signe de modération, l’État tchadien envisage de ne pas demander aux six Français la réparation du préjudice subi. Selon son avocat, Me Philippe Houssiné, il pourrait en revanche exiger la confiscation de l’avion dans lequel les 103 enfants devaient être convoyés vers la France.
«Sur le principe, nous ne voyons pas d’inconvénient à une extradition, pourvu que nous puissions nous appuyer sur une caution pour être indemnisés», explique Me Abdoulaye Adam Bahar. Dans le même but, son confrère Amady Nathé menace, lui, de mettre en cause l’État français dans le fiasco de L’Arche de Zoé.