Les Brèves de N’djaména : Les Itno se sont réunis

Comme annoncé, les Itno se sont réunis au grand complet ces derniers jours chez Daoussa à deux reprises, au minimum. Ordre du jour : les voies et moyens pour venir à bout de la rébellion et s’éterniser au pouvoir. Que ce qu’on peut attendre d’une réunion des Itno, même si dans les faits c’est cette instance qui dirige le pays ? Absolument rien si ce ne sont les habituelles litanies relatives à la conservation absolue et sans partage du pouvoir. C’est ce qui fut.

Dans leurs débats houleux de deux jours, on peut retenir en conclusion ce qui suit : les Itno ont décidé de fermer toutes les portes de sortie de crise par la voix pacifique. Il faut combattre les rebelles par tous les moyens : achat des armes chimiques, des hélicos, des consciences, continuer à exfiltrer les rebelles moyennant des grosses sommes, assassinat ciblés, recours aux mercenaires, recrutement forcé ou moyennant des grosses sommes des mineurs ; c’est ainsi que le Cl Barka Djollok sillonne depuis trois semaines la région de Wadi Hawar à la recherche des futures chaires à canon.

Aucun des participants n’a eu le mérite de prononcer le mot négociation ou paix. Un point a fait l’unanimité : ne plus compter sur les zaghawa et les goranes, quel qu’ils soient ; chaque groupe est complice de son vis-à-vis. C’est ainsi que plusieurs hauts responsables de l’armée ont été cités et passés au peigne fin. Il faut compter sur les nouveaux ralliés de la CNT, recruter des jeunes par la mobilisation des autres communautés moyennant argent et grades.

Une vive altercation a opposé Timan Deby au président ; ce dernier reproche au premier, d’une part, de n’avoir pas suffisamment fait pour faire revenir le chef du MJE à la raison pour qu’il vienne défendre le pouvoir et d’autre part, d’avoir ramassé par force les troupeaux d’un des rares sous clan (les boronga) dont les enfants continuent à mourir pour Deby. Deby a même menacé son demi-frère de le destituer de son titre de Sultan.

Enfin, il a été suggéré que Deby élise domicile carrément à Abéché après le nouvel an et dirige le pays à partir de là. La réunion a unanimement demandé au Président de renvoyer les français de l’Arche de Zoé chez eux et ne surtout pas faire fâcher la France. On apprend au cours de la même réunion que le Sous préfet de Tiné, Adam Idriss, principal organisateur de la rafle des enfants, a été libéré par Deby, tandis que les autres, tels que le vieux Abou Dourgou continuent à moisir. Les mauvaises langues disent que Deby a fait libérer tous ses proches bideyat et laisser les autres. Rien d’étonnant, ni de nouveau.

Abderahim Bahar, avant de s’envoler pour Paris a réuni quelques jeunes de sa famille et leur a ordonné de ne plus aller mourir tant que certains individus qui font des fortunes grâce au pouvoir actuel ne daignent aller eux-mêmes aux champs de bataille, ou envoyer leur progéniture. Abderahim fait allusion aux nombreux enfants de ses oncles qui font de la java en Europe, Amérique ou en Tunisie.

Adoum Younousmi, Monsieur ADM – On se rappelle que c’est Adoum Younousmi qui est parti acquérir en Israël les instruments de vision nocturne, montés sur les hélico et qui ont fait beaucoup des victimes au sein de la rébellion. Ces hélicos nocturnes sont les pires cauchemars des rebelles. On apprend que c’est toujours à ce Monsieur que Deby a confié la lourde mission de lui trouver des armes chimiques conventionnelles ou non conventionnelles ; pourvu que ça tue. Le Monsieur ADM (Armes de Destruction Massive) doit bientôt parcourir le monde, accompagné de M. Mahamat Orozi, le CEM de l’armée de l’air et le tireur des obus depuis les hélicos, pour trouver ces armes, dernier espoir de Deby. Autre trouvaille de ce même M. ADM, 16 fusils équipés de jumelle infra rouge. Ces fusils doivent être commandés spécialement de l’usine par Deby et Younousmi, car leurs noms sont gravés sur les culasses de deux fusils qui leurs sont spécialement destinés. Opposants de l’intérieur, gare à vous.

Beremadji Félix
N’djaména


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