ADZ: Les parents grondent – JDD

Lors du troisième jour du procès, Eric Breteau s’est vu accabler par les témoignages de ses intermédiaires locaux, qui ont mis en lumière les incohérences de sa ligne de défense. Sous la pression, l’infirmière Nadia Merimi, l’une des six inculpés, s’est évanouie et a dû être évacuée. De leur côté, les parents des enfants enlevés réclament un millions d’euros de dommages et intérêts.

Eric Breteau est dans les cordes. Lors du troisième jour du procès, le président de l’Arche de Zoé s’est fait attaquer de toutes parts. Par ses intermédiaires locaux, d’abord, qui l’accusent d’avoir menti sur l’objectif de sa mission, les parents des 103 enfants enlevés, ensuite, qui se sont réunis dans un collectif. Ils clament leur colère et réclament pas moins d’un million d’euros de dommages et intérêts par enfant.

La défense des humanitaires français jugés pour enlèvement au Tchad part à vau l’eau. Alors qu’Eric Breteau décidait samedi de charger ses intermédiaires locaux, qu’il accusait de l’avoir trompé sur la nationalité des enfants, ces derniers, entendus à la barre, ont mis au jour les failles de la méthode Breteau. De multiples contradictions dans leur déposition laissent en effet planer un gros doute sur la véracité des accusations du président de l’Arche de Zoé.

Maître Collard dénonce l’impatience de la justice tchadienne

Un doute que n’ont pas les familles des enfants enlevés. Cinq des six pères de familles représentant les 70 familles qui ont « donné » un ou plusieurs enfants à l’association française ont en effet été entendus ce lundi. Ils ont unanimement affirmé qu’ils avaient confié leurs enfants aux humanitaires car ceux-ci leur promettaient d’offrir à leurs enfants une bonne éducation mais qu’ils « avaient été trompés et que leurs enfants avaient été volés ». En réparation du préjudice subi, ils réclament donc 103 millions d’euros de dommages et intérêts soit 304 000 euros par enfants.

L’audience de lundi aura également été marquée par le malaise de Nadia Merimi, une infirmière qui fait partie des six Français jugés depuis vendredi par la cour criminelle de N’Djamena. Agée de 31 ans, elle a été évacuée de la salle à la demande d’un représentant de l’ambassade de France. Elle a ensuite été prise en charge par le personnel médical de l’armée française, qui l’a conduite vers sa base militaire. Un malaise qui s’expliquerait en partie par la grève de la faim entamée depuis début décembre par les six humanitaires qui s’estiment lâchés par les autorités françaises. « Nadia a marqué une très très grande faiblesse, une forte chute de tension et il est apparu nécessaire de l’hospitaliser, de la mettre sous perfusion et de l’obliger à s’alimenter normalement », a déclaré Mario Stasi, avocat de la défense.

S’il n’a pu donner de nouvelles sur l’état de santé de Nadia Merimi, Gilbert Collard, l’un des avocats des sic accusés, s’est emporté lundi sur le déroulement du procès, trop précipité à son goût: « On sent peser une précipitation à rendre une décision, un empressement des magistrats à liquider les témoins », à ne pas aller au fond des choses », a-t-il déclaré sur Europe 1, avant d’affirmer que « le procès est un prétexte à une solution politique. »


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