Les membres de l’Arche de Zoé en route vers la France – Le Figaro
Les six membres de l’ONG sont en cours de transfèrement vers Paris après que N’Djamena a donné son feu vert à leur retour en France.
Les membres de l’Arche de Zoé, condamnés mercredi huit ans de travaux forcés à N’Djamena, passeront la nuit en France. L’avion-un vol spécial- qui les ramène en métropole dans la soirée, vient de décoller de N’Djamena. Vendredi matin, le ministre tchadien de la justice a répondu positivement la demande de transfèrement de Paris. «Plus rien ne s’oppose plus à leur départ» a-t-il souligné.
Vendredi matin, les six Français ont été emmenés de la maison d’arrêt de N’Djamena, où ils étaient incarcérés, dans un fourgon cellulaire jusqu’à l’aéroport. Ils sont restés quelques instants dans le salon des VIP de l’aéroport où les attendaient notamment huit agents de l’administration pénitentiaire française, arrivés dans la capital tchadienne dès jeudi soir. Les détenus ont ensuite été emmenés menottés, jusqu’à l’avion, un Boeing de la compagnie Toumaï Air Tchad qui a décollé à destination de la base militaire de Villacoublay, près de Paris. Deux médecins vont surveiller l’état de santé des humanitaires duant le vol. Ceux-ci poursuivent leur grève de la faim débutée le 8 décembre et ont entamé, mercredi à l’annonce du verdict, une grève de la soif.
La matinée a vu une accélération des procédures. Les formalités de visa des accompagnateurs des Français ont été achevées pour permettre un décollage dans la journée. Un représentant du Parquet général de N’Djamena, un responsable de l’Administration pénitentiaire tchadienne, six gendarmes tchadiens, un avocat des parties civiles et un représentant des parents des familles des 103 enfants que l’association voulait emmener en France, prendront place avec eux dans l’avion. Le Boeing-737 était déjà stationné vendredi matin, portes ouvertes, sur le tarmac de l’aéroport de N’Djamena, prêt à ramener les humanitaires.
Une information judiciaire ouverte en France
Une fois en France, les six membres de L’Arche de Zoé rencontreront le procureur de Versailles, leur avion arrivant à Villacoublay. Puis ils seront présentés au tribunal correctionnel qui décidera par quelle peine substituer les huit ans de travaux forcés, qui n’existent plus en droit français. Cela pourrait être huit ans d’emprisonnement mais cette conversion devra recueillir l’aval du Tchad, a prévenu le ministre tchadien de la Justice. Les Français devront toujours verser les 4,12 milliards de francs CFA (6,3 millions d’euros) de dommages et intérêts qu’ils ont été condamnés à payer, solidairement avec deux autres co-accusés tchadien et soudanais.
Malgré cette première condamnation, Eric Breteau et ses collègues n’en ont pas fini avec la justice. Une information judiciaire a été ouverte à Paris pour «exercice illégal de l’activité d’intermédiaire en vue d’adoption», «aide au séjour irrégulier de mineurs étrangers en France» et «escroquerie». Les Français devront s’expliquer devant les juges français sur leur projet raté «d’évacuation» des 103 enfants, présentés à tort comme des «orphelins du Darfour» et qui étaient attendus par des familles d’accueil ayant financé l’opération. Ces délits sont passibles d’un à dix ans de prison et de 15.000 à 750.000 euros d’amende.