Les Brèves de N’djaména : Les mauvais quarts d’heure de Deby à Paris

Pour ceux qui accompagnaient Deby de Paris à N’djaména, jamais ce dernier n’a été de si mauvaise humeur et état physique. Pendant tout le trajet, il n’a pas ouvert la bouche, son visage renfrogné, exprimait une colère intense.

Les raisons sont simples : à Paris, Deby a eu des entretiens fort éprouvants, des instructions voire des remontrances. Rencontre avec le Président Sarkozy; ce dernier, en présence de ses proches collaborateurs a voulu marquer nettement la différence entre lui et Deby, et entre la France et le Tchad. « Il n’est pas du tout question que les français fassent la prison au Tchad, il faut que ça soit clair. Ces gars ne doivent pas payer pour la négligence de l’administration française et la complicité de celle du Tchad. Fais tout, pour que la justice ait lieu avant la fin de l’année et les extrader avant le 31 décembre. Idriss, je tiens personnellement à cette histoire et nos relations personnelles et l’appui de la France à votre régime en dépendront énormément de la suite que vous donneriez à cette demande. » C’est dit de manière très solennelle, arrogante et suffisante. Deby n’a pas bronché. Pour équilibrer les choses, le Président Français ajouta : « en ce qui concerne les moyens de contrer vos rebelles, voyez avec le Ministre de la défense, il a une proposition à vous faire. »

Rencontre avec Kadhafi – A la différence du Président français qui était très arrogant mais pas fâché, Kadhafi était très remonté contre Deby. La rencontre a eu lieu pratiquement debout. Dès les premières secondes, Kadhafi s’est pris violemment à Deby l’accusant de ne respecter aucun accord, ni engagement. « Personne ne croirait désormais à la médiation libyenne, tous ceux qui ont signé des accords avec toi en Libye finissent aux cimetières ou en prison. Vous me décrédibilisez devant l’opinion internationale, vous enfermez Mahamat Nour au moment où j’organisais la paix pour le Darfour ; je suis le garant personnel de Mahamat Nour, alors laissez le venir en Libye. » Kadhafi n’est pas Sarkozy, présentement il est moins nuisible, alors Deby osa : « Mahamat Nour a tenté un coup, vous le savez bien, je ne peux pas le laisser partir, dès mon retour je vais me réconcilier avec lui et le nommer à un poste important, par exemple Gouverneur d’une grande région ». Kadhafi n’a pas écouté la dernière partie de la phrase, il avait déjà tourné les talons, laissant son hôte pantois. Rencontre avec le médecin. « Oh la la la, ça ne s’améliore pas là, ça s’est même aggravé apparemment. M. le Président, sans une discipline militaire, vous ne pouvez vous en sortir et à ce que je vois vous n’êtes pas très discipliné ». Paroles du Docteur.

Beremadji Félix
N’djaména


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