Retrouvailles avec les proches au parloir pour les membres de l’Arche de Zoé – Afp
Les six Français membres de L’Arche de Zoé condamnés par la justice tchadienne ont revu samedi leur proches pour la première fois depuis deux mois à la prison de Fresnes (Val-de-Marne), avant un nouveau parcours judiciaire qui s’annonce émaillé de contestations.
A l’issue du premier parloir, samedi matin, certaines familles ont réaffirmé leur détermination à se battre contre un verdict qu’elles jugent inacceptable.
« On va se battre, on n’acceptera pas cela », a déclaré aux journalistes présents Christine Péligat, l’épouse du logisticien Alain Péligat, en larmes dans le local d’accueil des familles.
Six membres de l’association ont été condamnés mercredi à N’Djamena à huit ans de travaux forcés pour avoir tenté d’exfiltrer depuis l’est du Tchad vers la France 103 enfants qu’ils disaient orphelins du Darfour.
Ils ont été ramenés par avion en région parisienne vendredi et comparaîtront devant le tribunal correctionnel de Créteil le 14 janvier pour que leur soit signifiée la traduction en droit français de la condamnation tchadienne. Le procureur Jean-Jacques Bosc a annoncé samedi à l’AFP avoir demandé huit années d’emprisonnement.
« Comment la France peut cautionner une telle injustice ? », a interrogé Antonia Van Winkelberg, l’épouse du médecin de Castellane.
Après avoir revu son mari qu’elle a trouvé « aminci » et « très beau », elle a confié que ce qui avait « le plus choqué » ce dernier « c’étaient les réquisitions de l’avocat général (de N’Djamena) sur la base d’articles de Paris Match ».
Les six condamnés, qui avaient annoncé une grève de la faim pour protester contre le verdict, ont été examinés par un médecin à leur arrivée à Fresnes.
Deux d’entre eux ont été admis en raison de leur état de santé à l’hôpital pénitentiaire situé dans la même enceinte que la maison d’arrêt, a-t-on appris auprès de l’Administration pénitentiaire.
D’après les familles, il s’agirait de Nadia Merimi et Eric Breteau. Le leader de l’Arche de Zoé serait « très malade », selon Lucien Lelouch, le père de sa compagne Emilie.
Alors que les parents Lelouch et Mme Péligat ont pris la défense d’Eric Breteau, la soeur de Dominique Aubry l’a en revanche incriminé, jugeant qu’il devrait « rendre des comptes ».
« Il a trompé les gens (…), je suis en colère contre les faussaires », s’est-elle emportée. Elle n’a pas rejoint les autres familles dans le local d’accueil.
Lucien Lelouch a exigé la tenue d’un nouveau procès en France, qui montrerait, selon lui, que les membres de l’association « sont innocents à tous points de vue ». « On n’envisage pas qu’ils soient condamnés à de la prison », a-t-il dit.
Une déclaration à laquelle le procureur de Créteil a répondu à distance en estimant ce scénario impossible. M. Bosc a rappelé que les autorités tchadiennes avaient conditionné leur feu vert au transfèrement des condamnés vers la France à l’acceptation de la peine prononcée à N’Djamena « comme définitive ».
A propos de l’audience du 14 janvier à Créteil, Me Gilbert Collard a laissé entendre samedi qu’il contesterait « une décision rendue par une justice totalitaire ».
« La question qu’il va falloir se poser c’est: +est-ce que les juridictions françaises vont accepter d’entériner une décision rendue par une justice totalitaire?+ », a-t-il déclaré sur France Inter.
Selon le code de procédure pénale, le jugement du tribunal de Créteil adaptant la peine dans le droit français sera susceptible d’appel mais un éventuel appel ne suspendrait pas son application.