Rétro 2007: la paix toujours introuvable au Darfour – Afp

La communauté internationale voulait faire de 2007 l’année de la paix au Darfour mais la quête d’un règlement politique s’est avérée vaine et le déploiement d’une force ONU-Union africaine problématique à l’échéance de l’année qui s’ouvre.

Pour donner une idée des conséquences d’un conflit qui dure depuis février 2003, le responsable humanitaire des Nations unies, John Holmes, a rappelé lors d’une récente visite au Soudan que 4,2 millions d’habitants du Darfour sur une population estimée à six millions avaient besoin d’assistance.

Huit mois d’efforts diplomatiques des émissaires de l’ONU et de l’Union africaine, Jan Eliasson et Salim Ahmed Salim, pour faire asseoir à la même table rebelles de cette région de l’ouest du Soudan et gouvernement de Khartoum n’ont débouché que sur un maigre résultat.

La conférence de Syrte en Libye, fin octobre, a été un rendez-vous manqué, les principaux mouvements rebelles ayant refusé d’y participer.

Les deux émissaires veulent bien continuer à croire que « le processus de Syrte est irréversible », comme l’a encore dit M. Eliasson le 4 décembre à Charm el-Cheikh en Egypte, mais le blocage est réel d’autant plus que les mouvements rebelles n’ont cessé de s’effriter en petits groupes.

Deux groupes rebelles importants, le Mouvement pour le justice et l’égalité (JEM) de Khalil Ibrahim et le Mouvement de libération du Soudan (SLM) d’Abdel Wahed Mohammed Nour, continuent de refuser toute négociation tant que la sécurité n’est pas rétablie sur le terrain.

Khartoum dit que ses forces observent depuis fin octobre une trêve, qui reste difficile à vérifier, tandis qu’experts de l’ONU et organismes indépendants font état de la poursuite des violences.

« La violence a augmenté, l’accès des organisations humanitaires a été réduit, la mission internationale de paix n’est pas encore effective et une solution politique est loin d’être atteinte », a résumé le 25 novembre l’International Crisis Group (ICG), groupe international d’étude des conflits.

Des experts indépendants mandatés par l’ONU ont souligné le 6 décembre que les habitants du Darfour étaient toujours la cible des attaques de l’armée et des milices pro-gouvernementales, ainsi que des groupes rebelles.

Quelque 2,2 millions de personnes ont été déplacées dont 600.000 depuis la signature d’un accord de paix partiel entre Khartoum et un seul mouvement rebelles en 2006. Parmi elles, 270.000 l’ont été depuis début 2007.

La guerre civile a fait 200.000 morts selon des organisations internationales. Khartoum conteste ce chiffre parlant de 9.000 morts.

Face à ce « désastre », la communauté internationale s’est résolue à remplacer la force africaine de 7.000 hommes au Darfour jugée inefficace faute de moyens par une force mixtes de 26.000 incluant des Casques bleus, qui sera la plus grosse opération de maintien de la paix déployée dans le monde en 2008

La résolution 1769 instituant cette force a été votée le 31 juillet par le Conseil de sécurité de l’ONU et acceptée le lendemain par Khartoum. Mais depuis cette date, les difficultés s’amoncellent devant son déploiement.

D’une part, l’ONU peine à surmonter les difficultés logistiques ne trouvant notamment pas 24 hélicoptères, dont six d’attaque, pour assurer la mobilité et l’efficacité de cette force censée prendre le relais des Africains début 2008.

D’autre part, Khartoum s’oppose au déploiement de contingents autres qu’africains, à l’exception de soldats chinois et indiens, au Darfour, affirmant ne jamais y avoir donné son accord.

Cette force n’aura que 9.000 soldats sur le terrain au 1er janvier comme l’a indiqué son futur commandant, le général Martin Luther Agawi, et la divergence sur sa composition risque de tourner au bras de fer entre Khartoum et la communauté internationale.


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