Attaque du Tchad au Soudan: N’Djamena "indigné" des accusations de Khartoum – Afp
Le Tchad s’est déclaré dimanche « indigné » que le Soudan affirme que l’armée de N’Djamena a effectué vendredi une incursion terrestre dans ce pays et que son aviation a bombardé deux positions au Darfour, une région soudanaise frontalière abritant des rebelles tchadiens.
N’Djamena « exprime son indignation face aux protestations élevées par le Soudan contre le Tchad par rapport aux activités militaires menées contre les mercenaires (rebelles tchadiens) qui se préparent à attaquer les positions de l’armée tchadienne à partir du Darfour », souligne Ahmat Allami ministre tchadien des Affaires étrangères dans un communiqué reçu à l’AFP.
« Les forces de défense et de sécurité ont pris toutes les dispositions pour nettoyer les frontières nationales de cette présence de forces hostiles. C’est dans ce contexte que l’aviation a mené quelques opérations strictement limitées le long de ses frontières nationales contre les mercenaires qui tentaient de les violer à partir du Soudan », précise le communiqué.
« Contrairement aux allégations soudanaises, l’armée tchadienne n’a jamais franchi la frontière pour mener des opérations terrestres à l’intérieur du territoire soudanais », ajoute le ministre.
« Compte tenu des menaces qui continuent de provenir du Soudan », le ministre tchadien « réaffirme le droit du Tchad à se donner tous les moyens pour assurer sa sécurité notamment par des actions préventives ».
Le ministère soudanais des Affaires étrangères avait affirmé vendredi que « l’armée tchadienne a traversé ce matin la frontière commune alors que trois avions ont bombardé les régions de Rijl al-Harzaya et Karmoula, à 56 km au sud-est de Geneina, dans l’ouest du Darfour ».
Le Soudan « se réserve le droit de de se défendre au moment et à l’endroit qu’il jugera opportuns », avait ajouté le ministère soudanais, qualifiant ces opérations d' »acte injustifié ».
L’annonce de Khartoum était intervenue après des accusations jeudi de N’Djamena, selon qui le Soudan préparait « une nouvelle agression » contre le Tchad afin d’empêcher le prochain déploiement d’une force européenne (Eufor) dans l’est du Tchad et d’une force ONU/Union Africaine (UA) au Darfour.
M. Allami a également démenti « les allégations soudanaises selon lesquelles le Tchad aurait abrité une réunion des rebelles » (soudanais) du Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM – rébellion du Darfour) sur son territoire.
Selon Khartoum cette réunion avait pour objectif d’apporter à ce mouvement un soutien direct qui a eu pour résultat de relancer les actions militaires de ce groupe.
Le Darfour, région occidentale du Soudan, est en proie à une guerre civile depuis 2003.
M. Allami doit se rendre dimanche soir en Libye pour remettre un message du président tchadien Idriss Deby Itno au numéro un libyen Mouammar Khadafi, parrain des accords de paix signés le 25 octobre entre les quatre principaux groupes rebelles tchadiens et N’Djamena.
Ces accords ont volé en éclat fin novembre avec la reprise des hostilités entre le gouvernement tchadien et certaines des factions rebelles dans l’est du pays.