Risque de conflit ouvert entre le Soudan et le Tchad – Afp

Les relations tumultueuses entre le Soudan et le Tchad connaissent une nouvelle tension qui risque de dégénérer en conflit ouvert dans une zone déjà déstabilisée par les rebelles des deux parties.

Dimanche, le Soudan s’est dit prêt à faire face à toute « agression » armée tchadienne, au lendemain de menaces du président tchadien Idriss Deby Itno de pourchasser et de frapper les rebelles tchadiens « à l’intérieur du Soudan« .

La frontière commune connaît des bruits de bottes, selon l’armée soudanaise, qui a affirmé que l’aviation tchadienne avait encore bombardé l’ouest de la région soudanaise du Darfour, faisant trois morts et quatre blessés parmi les civils.

« Trois avions de type Antonov ont bombardé aux premières heures de dimanche des positions au sud-ouest de Geneina (capitale de l’ouest du Darfour), tuant trois citoyens et blessant quatre« , a déclaré le porte-parole des forces armées soudanaises, Othman al-Aghbach. « Nous y voyons une agression contre le Soudan« , a ajouté le porte-parole dans une déclaration reproduite lundi par le quotidien Akhbar al-Yom, dans laquelle il a répété que l’armée soudanaise était prête à toute éventualité.

Selon un autre quotidien soudanais, Al-Raï al-Aam, la zone frontalière connaît une forte tension et l’armée tchadienne pointe les canons de son artillerie sur Geneina, située à quelque 30 km du Tchad. La tension intervient sur fond d’une recrudescence des activités militaires autour de Geneina du groupe rebelle au Darfour, le Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM) que le Soudan accuse d’être directement soutenu par le Tchad.

Un commandant du JEM, Abdel Aziz el-Nour Asher, interrogé par l’AFP, a démenti un tel soutien et affirmé que ses hommes avaient touché dimanche un avion militaire soudanais, qui a ensuite effectué un atterrissage forcé à Geneina.

Il a également affirmé que son mouvement continuait d’exercer une forte pression sur Geneina qu’il dit « encerclée » par ses hommes, ce que démentent les forces gouvernementales. Le soutien présumé du Soudan aux rebelles tchadiens est à l’origine du coup de colère samedi du président tchadien qui a dénoncé un « plan de déstabilisation du Tchad » ourdi selon lui par Khartoum.

« Il n’existe aucun mercenaire (nom donné aux rebelles par N’Djamena) sur le territoire tchadien et nous allons les détruire dans leur nid à l’intérieur du Soudan« , a-t-il lancé. « Nos forces vont leur tomber dessus à l’intérieur du Soudan. Nous allons leur faire mordre la poussière à l’intérieur du Soudan« .

De violents combats ont opposé, du 26 novembre au 4 décembre, l’armée tchadienne aux principales rébellions dans l’est du Tchad, faisant voler en éclats un accord de paix signé le 25 octobre à Syrte en Libye. Depuis, les rebelles affirment se réorganiser et certains d’entre eux reconnaissent que le gros de leurs troupes se trouve actuellement le long de la frontière qui sépare le Tchad du Soudan, côté soudanais.

N’Djamena voit dans le soutien apporté, selon lui, par Khartoum aux rebelles une volonté d’empêcher le déploiement dans l’est tchadien d’une force de l’Union européenne (Eufor) et au Darfour, dans l’ouest du Soudan, d’une importante mission de l’Union africaine (UA) et de l’ONU.

Les autorités soudanaises, bien que n’ayant pas commenté la décision de l’envoi d’une force de l’UE au Tchad, voient d’un mauvais oeil l’Eurofor tout en disant collaborer avec l’ONU et l’UA, dont la force au Darfour peine à prendre forme.


Commentaires sur facebook