N’Djamena bombarde des rebelles tchadiens au Soudan – Afp
L’aviation de N’Djamena a bombardé tôt lundi matin une base de la rébellion tchadienne au Soudan, au sud-ouest d’el-Geneina une localité du Darfour proche de la frontière tchadienne, après des menaces en ce sens du président tchadien Idriss Deby Itno..
Ce bombardement a été effectué vers 04H00 (03H00 GMT) par deux hélicoptères MI17 et MI24 ainsi que par un avion léger de type Pilatus, a-t-on précisé de sources militaire et sécuritaire tchadiennes.
Ces sources ont également confirmé un autre bombardement dimanche matin, annoncé par Khartoum, d’une base de rebelles tchadiens dans le même secteur du Darfour, en proie à la guerre civile.
On ignore si ces bombardements concernent une ou plusieurs bases des rebelles disséminées le long de la frontière tchadienne au sud d’el-Geneina, la capitale du Darfour Ouest, à quelque 200 kilomètres à l’est d’Abéché, la principale ville de l’est du Tchad.
L’armée soudanaise a affirmé que l’aviation tchadienne avait bombardé dimanche des positions dans l’ouest du Darfour, faisant trois morts et quatre blessés parmi les civils.
« Trois avions de type Antonov ont bombardé aux premières heures de dimanche des positions au sud-ouest de Geneina, tuant trois citoyens et en blessant quatre », a déclaré le porte-parole des forces armées soudanaises Othman al-Aghbach.
Interrogé par l’AFP depuis Libreville, le porte-parole de l’alliance des principales rébellions tchadiennes formée à la mi-décembre, Abderaman Koulamallah, a affirmé que ces bombardements ne concernaient pas des positions rebelles « puisque nos troupes sont du côté tchadien de la frontière ».
Mais le chef de l’une des rébellions qui forment cette alliance, l’Union des forces pour la démocratie et le développement/Fondamentale (UFDD-F), a reconnu que son quartier général avait été touché.
« J’ai été bombardé le 28 décembre et hier (dimanche 6 janvier) par l’aviation tchadienne à l’intérieur du Soudan », a déclaré Abdelwahid Aboud Makaye, joint sur téléphone satellitaire depuis Libreville.
« Notre QG est côté soudanais, nous avons eu quelques blessés », a-t-il ajouté, précisant que les bombardements de lundi ne concernaient en revanche pas les positions de l’UFDD-F.
Samedi, le président tchadien Idriss Deby Itno avait affirmé lors d’un discours à N’Djamena qu’il allait « détruire (les rebelles) dans leur nid à l’intérieur du Soudan » dénonçant un « plan de déstabilisation du Tchad » ourdi selon lui par Khartoum.
« Nos forces vont leur tomber dessus à l’intérieur du Soudan. Nous allons leur faire mordre la poussière à l’intérieur du Soudan », avait-il insisté.
De violents combats ont opposé, du 26 novembre au 4 décembre, l’armée tchadienne aux principales rébellions dans l’est du Tchad, faisant voler en éclats un accord de paix signé le 25 octobre.
Depuis, les rebelles affirment se réorganiser et certains reconnaissent que le gros de leurs troupes se trouve actuellement le long de la frontière qui sépare le Tchad du Soudan, côté soudanais.
N’Djamena voit dans le soutien apporté selon lui par Khartoum aux rebelles une volonté d’empêcher le déploiement dans l’est tchadien d’une force de l’Union européenne (Eufor) et au Darfour d’une importante mission de l’Union africaine (UA) et de l’ONU.