La force européenne en Centrafrique et au Tchad sera à dominante française – Le Monde

Pour sauver la force européenne (Eufor) chargée de sécuriser l’est du Tchad et le nord de la Centrafrique, aux confins du Darfour, la France paiera la note.

Paris fournira les hommes et les hélicoptères qui manquent, permettant de lancer, en principe, au début de février l’opération voulue par le ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner. Souhaitée sur le terrain, cette opération suscite des réticences, notamment, en Allemagne. Après ce « coup de pouce » décidé à l’Elysée, les militaires de l’Union européenne réunis à Bruxelles, vendredi 11 janvier, devraient constater que les besoins identifiés sont réunis.

La contribution française en soldats qui, à l’origine, devait être minoritaire, pourrait être portée à 2 100 hommes, soit un niveau compris entre 50 % et 60 % de l’effectif total, a précisé, jeudi, le ministre de la défense, Hervé Morin. Paris comblera aussi le manque d’hélicoptères et d’avions de transport qui retardait le déploiement de l’opération autorisée par une résolution de l’ONU votée en septembre 2007. Parallèlement, des discussions se poursuivent avec des pays non-membres de l’UE mais susceptibles de fournir du matériel aérien (Suisse, Albanie, Ukraine, Russie). Les ministres des affaires étrangères de l’Union devraient décider à l’unanimité l’envoi des troupes au Tchad le 28 janvier.

« DÉFI LOGISTIQUE« 

C’est la première fois qu’un nombre aussi important de pays européens participe à un tel dispositif sous la bannière communautaire. Outre les Français, 400 Irlandais et autant de Polonais devraient constituer le noyau de deux bataillons, ainsi que 200 Suédois et 150 Roumains. Des soldats autrichiens, belges, espagnols, néerlandais, portugais, slovènes et suédois les accompagneront. Vingt et un pays sont représentés au sein de l’état-major installé au Mont-Valérien, près de Paris, sous la houlette du général irlandais Patrick Nash.

Les Français n’ont pas réussi à obtenir que Londres et Berlin, qui n’envoient pas d’hommes, contribuent au-delà de leur quote-part minimale. Le coût de l’opération – 400 millions, théoriquement pour un an – devrait donc largement incomber à la France.

La position dominante des Français dans l’Eufor risque de conforter les positions de ceux qui, parmi les partenaires européens, voient dans cette opération un moyen pour Paris de renforcer ses positions dans son « pré carré » africain et son soutien au président tchadien Idriss Déby. Le Quai d’Orsay s’est employé à tempérer cette critique. Au-delà de la politique européenne, des inquiétudes concernent les conditions d’engagement de l’Eufor dans une zone où se replient les rebelles du Darfour aidés par Idriss Déby, à un moment d’intenses tensions entre le Soudan et le Tchad. Une étude américaine, très critique, réalisée pour le Centre d’études internationales du Massachusetts Institute of Technology et publiée en novembre, qualifie le déploiement de l’Eufor de « défi logistique ».

Philippe Bernard et Philippe Ricard (à Bruxelles)


Le Soudan concède avoir attaqué « par erreur » la force UA-ONU

Le Soudan a reconnu, jeudi 10 janvier, avoir ouvert le feu, lundi, sur un convoi de ravitaillement de la force de maintien de la paix Union africaine-Nations unies au Darfour (Minuad). Démentant les propos de l’ambassadeur soudanais à l’ONU, qui avait nié l’implication de son pays dans l’incident, un porte-parole des forces armées soudanaises a toutefois expliqué que l’accrochage était le résultat d’une « erreur partagée ».

Selon lui, la Minuad, contrairement à ce qu’elle prétend, n’avait pas prévenu les forces soudanaises qu’elle passerait dans la région. Des soldats soudanais ont alors tiré sur le convoi de la Minuad qui se rendait à Tiné, au Darfour occidental.

Khartoum a expliqué que ses soldats avaient pris la force de maintien de la paix pour des rebelles, très actifs dans la région. Un chauffeur civil soudanais touché par plusieurs balles est dans un état critique. – (Reuters, AFP.)


Commentaires sur facebook