Salay est le dernier rejeton du vieux Deby, parmi les garçons. Il aurait pu rester berger si la sècheresse des années 83 n’avait pas contraint une grande partie des nomades à se sédentariser. C’est sous la pression insistante de la vieille maman d’IDI que ce dernier avait accepté de ramener ses petits demi-frères dont Salay à N’Djamena, les sauvant ainsi d’un sort incertain. Salay devait donc son apprivoisement à la vieille qui l’avait récupéré sous son toit. Morveux, pagailleur et grand spécialiste de l’école buissonnière, il avait grandi dans la poussière du quartier de l’aéroport, entre la maison de la vieille, celle d’IDI et celles de ses grandes sœurs. Un peu choyé pour être le benjamin de la famille, un peu repoussé pour son manque d’éducation et son comportement de berger même en pleine capitale du Tchad. En avril 1990, après la fuite de son frère, il sera évacué discrètement avec les enfants de la famille vers le village et reviendra triomphalement avec le MPS, en tant que combattant de la liberté !
Salay est la caricature et l’image de son grand frère et les gens n’ont pas tord d’insinuer que c’est IDI lui même qui a « lâché » Salay parce qu’il aurait souhaité être à sa place et aurait fait les mêmes choses s’il était plus jeune, car il est très difficile de comprendre le comportement odieux et impuni de Salay sans la protection et l’accord tacite de son grand frère : alcool, viols, vols, agressions armées, enlèvements, etc. D’ailleurs, pour corroborer cela, il a été remarqué que chaque fois que Salay fait une bêtise dans les quartiers, il a une promotion administrative !
Salay est un diplômé de l’école buissonnière, c’est dire qu’il n’a aucun diplôme de l’école classique, même pas le CEP. Mais aujourd’hui, dans son CV, il a une « Maitrise de l’Administration des Affaires – MBA » d’un institut fictif ou plus précisement de l’Institut des Sciences Politiques, Administratives et Militaires d’Amdjarass (ISPAMA)
Après avoir longuement côtoyé son grand-frère, tantôt garde-corps rapproché, tantôt exécutant des basses besognes nocturnes, Salay décida de voler de ses propres ailes ; c’est ainsi qu’il se trouva parachuté Coordinateur adjoint de la fiscalité pétrolière, un poste jugé « juteux », où il s’en est servi allègrement, ne laissant que quelques miettes à son titulaire qui était pratiquement sous ses ordres. La fiscalité pétrolière étant une des régies les plus importantes de l’Etat en termes des recettes, le Trésor public commençait à sentir douloureusement son séjour dans cette enceinte, et son grand frère de le muter à l’ANS, la police politique du régime en qualité de Coordinateur adjoint. C’est une épidémie qu’IDI a sciemment injectée au sein de la population et dont les séquelles perdurent encore aujourd’hui. Après quelques temps, son titulaire aurait posé sur la balance sa démission en demandant son départ. Mais son grand ne le laissa pas chômer pour longtemps : il l’envoya comme Régent au Batha, lequel passage a été une catastrophe dont les populations et l’administration du Batha se souviendront pour le reste de leur vie. En tant que Régent au Batha, il continuait à émarger à la Présidence de la République entant que Cl, garde de corps rapproché de son grand frère, à la fiscalité pétrolière, entant qu’ex coordinateur adjoint, à l’ANS, en tant qu’ex Coordinateur adjoint et à la Police Nationale entant que commissaire divisionnaire en activité. Une situation facilement vérifiable en consultant les états d’émargement des départements ci-dessus cités. De Batha, Salay avait envoyé un message à son grand frère qu’il veut la direction générale des douanes du Tchad. Ce fut un drame dans la famille Deby, car le poste était occupé par un beau fils ; ce fut donc une guerre acharnée au sein des Deby, mais il finit par arracher le poste. Depuis, 2008, les Douanes du Tchad sont sa propriété privée. Dès sa prise de fonction, il avait ouvert un compte privé à la banque SGT où les recettes générées par les douanes y sont drainées et dont il est le seul signataire, ceci sur instruction expresse de Deby. En qualité de DG, sa première décision fut la suppression de toutes les régies aux différents bureaux des Douanes c’est à dire les comptables publics chargés de liquidation de ces recettes et de leurs reversement au trésor public, ensuite la radiation des douaniers de carrière, principalement les ressortissants du BET. Et Salay règne sur les Douanes du Tchad comme son grand frère règne sur le Tchad.
CFR