De l’afro-pop inspirée du Tchad – La Tribune

Caleb, Mossbass, Israel et Taroum Rimtobaye ainsi Charles Ledjebgue composent le groupe d’origine tchadienne H’Sao. Inspirés par les musiques traditionnelles du Tchad, ils chantent a cappella et se laissent aussi influencer par la musique propre à chacune des 120 ethnies tchadiennes.

Gospel, soul, jazz et influences modernes se mélangent aussi aux rythmes africains pour donner un son contemporain. Leur son est tellement unique, en fait, que H’sao a dû inventer un mot pour décrire sa musique: l’afro-pop!

Dimanche, le groupe jouera sur la scène du Festival des traditions du monde. À ce jour, ce sera leur cinquième visite dans la reine des Cantons-de-l’Est.

« Ça va être chaud! Comme on a juste une heure pour présenter notre spectacle, qui dure une heure et demie d’habitude, les gens doivent s’attendre à ce que ça bouge et se préparer à danser! » a assuré Mossbass Rimtobaye.

Du Tchad au Québec

H’sao, c’est un groupe composé de trois frères et une soeur, soit Caleb, Mossbass, Israel et Taroum Rimtobaye, ainsi que d’un de leurs amis, Charles Ledjebgue.

Depuis toujours, la famille Rimtobaye a été plongée dans la musique. Dans leur enfance, les bambins jouaient et chantaient à l’église.

Les années passant, ils ont fait la connaissance de Charles, qui revenait d’un séjour de neuf ans en Chine, où son père était diplomate.

La joyeuse équipée s’est mise à rêver à l’inaccessible rêve, inaccessible parce qu’au Tchad, l’artiste est totalement dévalorisé: « Si tous ces artistes qu’on voyait à la télévision pouvaient faire carrière dans la musique… pourquoi pas nous? »

Faisant leur petit bonhomme de chemin à l’intérieur du pays, le groupe s’est retrouvé en France en 2000 et aux Jeux de la Francophonie à Ottawa, en 2001. Coup de foudre immédiat pour le pays.

« Quand on a visité Montréal, on s’est dit: Les filles sont trop belles, il faut qu’on reste ici!« , a rigolé Mossbass.

Chose dite, chose faite. Depuis, le groupe a roulé sa bosse. S’il n’est pas nécessairement connu d’un grand public (« il nous reste encore beaucoup à faire« , concéde Mossbass), les preuves de l’acceptation des Tchadiens par l’industrie musicale québécoise se font néanmoins remarquer de plus en plus clairement.

« Le 24 juin, on a fait la grande fête de la Saint-Jean au parc Maisonneuve avec Daniel Boucher. On a aussi joué sur scène avec l’Orchestre symphonique de Montréal. Et on a fait l’ouverture des FrancoFolies, le 26 juillet! » rappelle Mossbass Rimtobaye.

Leçon d’histoire…

Et puis, pour ceux et celles qui ne maîtrisent pas encore le tchadien, sachez que H’sao se francise par « hirondelle de la tradition » et que les Saos s’avèrent les ancêtres des Tchadiens. Voilà la leçon d’histoire terminée.

Non, non, elle n’est pas terminée tout à fait! Car si les membres de H’sao ont quitté leur pays d’origine, ils y tiennent toujours autant et un de leurs objectifs demeure d’en parler, de le faire connaître: « Quand on discute avec les gens, ils nous disent souvent qu’ils vont aller voir sur Internet et c’est parfait! »

Car « Tchad » et « guerre » ne sont pas de parfaits synonymes. Il y a davantage, au coeur du petit pays africain, que des conflits armés.

« C’est sûr que le Tchad fait partie des pays pauvres d’Afrique et, quand on en entend parler au Canada, c’est toujours à cause des guerres, comme celle qui se déroule dans un des coins du pays, au Darfour. Rien n’est pareil au Tchad, par exemple l’éducation n’est pas une priorité comme ici. Mais là-bas, il y a des gens qui vivent et qui y trouvent leurs côtés positifs… » souffle Mossbass.

Marie-Christine Bouchard


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