Au Tchad, les rebelles venus du Soudan se rapprochent de la capitale – Le Monde

L’armée tchadienne, emmenée par le président Idriss Déby, tentait, jeudi 31 janvier, de mettre un terme à l’avancée éclair d’une importante colonne rebelle, parvenue à moins de 300 km de la capitale, N’Djamena.

Le convoi, composé de quelque 300 véhicules pouvant transporter dix à quinze hommes chacun, était entré lundi au Tchad, depuis le Soudan où sont basés les trois principaux groupes rebelles tchadiens, alliés depuis décembre. Depuis, il a progressé sur 500 km, évitant l’armée et l’affrontement direct. Il s’agit de la plus importante avancée rebelle vers N’Djamena depuis avril 2006, quand une colonne avait été repoussée après des combats qui avaient fait plusieurs centaines de morts, selon des estimations.

La colonne rebelle s’est arrêtée, jeudi, après avoir traversé la ville d’Ati, stoppée par la progression en sens opposé d’un détachement de l’armée tchadienne. « Le président Déby est parti au front à l’aube et on s’attend à ce que l’armée aille au contact aujourd’hui », a expliqué un haut gradé. Les soldats dépêchés sont deux fois plus nombreux que les rebelles, selon des sources militaires, sans compter d’autres éléments partis d’Abéché, principale ville de l’est du pays, pour prendre les assaillants « en tenaille ». Mais en fin de journée, jeudi, les rebelles annonçaient être parvenus « aux portes de N’Djamena », tandis que l’armée semblait avoir fait marche arrière.

« FENÊTRE DE TIR »

Le dispositif de sécurité a été renforcé autour de N’Djamena, l’armée effectuant des survols en hélicoptères et prenant position aux accès nord et est de la ville. Dans les écoles, les enseignants ont renvoyé les enfants chez eux, et de nombreux fonctionnaires sont rentrés à leur domicile. L’ambassade de France a fermé, « par précaution », le lycée français de N’Djamena et conseillé à ses 1 500 ressortissants de restreindre leurs déplacements.

Cette avancée des rebelles survient alors que les soldats européens de l’Eufor doivent commencer à se déployer dans l’est du Tchad, afin d’y protéger les réfugiés ayant fui la région voisine du Darfour, au Soudan. »Il y a une fenêtre de tir avant le déploiement effectif de la force européenne, qui risque de figer les positions sur le terrain et dont les Soudanais ne veulent pas », estime un observateur étranger. L’Eufor n’a pas de mandat pour s’interposer entre les rebelles et l’armée.

Les rebelles s’opposent depuis des années au gouvernement tchadien, soutenu par des forces françaises terrestres et aériennes via le dispositif Epervier. Le Tchad accuse le Soudan de soutenir cette rébellion. Khartoum nie et accuse N’Djamena de soutenir les rebelles soudanais. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a jugé, jeudi, « crucial que le Tchad et le Soudan fassent preuve de la plus grande retenue et s’abstiennent de lancer des actions transfrontalières et des opérations militaires », craignant « une escalade du conflit régional ».


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