Good Luck et Mohamed Buhari, même combat ?
Good Luck et Mohamed Buhari sont les deux candidats présidentiels du Nigeria. Ce sont deux individus aux tempéraments opposés; leurs programmes politiques reflètent leurs tempéraments individuels. Mais contre Boko Haram, (BH) ils adoptent des attitudes différentes qui conviennent somme toute au mouvement terroriste.
Le Nigeria de Goodluck a eu deux périodes dans sa lutte contre la secte islamiste: de la création jusqu’à la fin 2012, pendant laquelle une lutte acharnée a permis au gouvernement fédéral d’avoir le dessus et marginaliser de fait les actions isolées des rebelles. Contre toute attente il a été observé depuis le début de 2013, une trêve, une sorte de cesser le feu unilatéral entre les belligérants. Cette situation inédite avait suscité beaucoup des interrogations dans les milieux avertis. Selon les mauvaises langues, le gouvernement fédéral a tacitement abandonné le terrain au BH pour lui permettre d’évoluer et de prospérer assez rapidement dans la partie nord du Nigeria ; et ce, aux fins d’empêcher les prochaines campagnes électorales de se dérouler dans la sérénité.
Aujourd’hui, les accusations de connivence entre la secte et le gouvernement fédéral sont dénoncées au grand jour. Et les argumentations ne manquent pas. En effet, le régime de Goodluck est tout simplement accusé de vouloir déstabiliser le nord, fief de son challenger pour perturber le déroulement des votes en février 2015. On aurait pu croire que son challenger va dénoncer publiquement et à haute voix le désintérêt manifeste du gouvernement fédéral des événements qui se déroulent dans la partie nord du pays. Or, M. Buhari a condamné avec virulence la présence des troupes tchadiennes, et a promis de renvoyer « les mercenaires tchadiens » s’il est élu président. Les observateurs de la politique nigériane ne s’étonnent pas de l’attitude de M. Buhari, car ce dernier est considéré à tort ou à raison comme un des fondateurs ou inspirateurs et soutien indéfectible de BH depuis sa création. Ainsi donc les deux protagonistes, pour des raisons différentes, préfèrent laisser BH sévir dans la région.
Correspondance particulière (N’Djamena)