Mme Haroun Godi répond à Mme Habré
Madame Habré,
Arrêtez la victimisation de votre mari!
La responsabilité de Hissène Habré est entière. C’est sous ses ordres que tant de Tchadiens ont péri et ont souffert. Il doit être jugé. Les Chambres africaines extraordinaires rendent cette justice possible. Il n’y a pas de mots assez forts pour décrire ce que ce procès représente pour nous, peuple tchadien. C’est l’aboutissement de notre long combat contre l’impunité. Nous avons fait face à Hissène Habré, sans peur, avec pour seule demande que justice soit faite.
Sachez que l’émotion de voir notre ancien dictateur face à la Cour n’a pas été gâchée par l’attitude irrespectueuse de votre coépouse, Fatimé Bouteille Habré, qui n’a pas hésité à nous menacer, Madame Ismael Hachim, veuve de l’ancien président de l’association des victimes, et moi-même, le premier jour du procès, en nous jetant à la figure : « L’argent que vous avez bouffé, vous allez le payer cher, bande de chiens », comme si nous avions besoin d’être payées pour réclamer justice pour nos maris.
Dans votre texte, Madame Habré, vous osez évoquer « Al Amane ». Cette valeur de confiance accordée à quelqu’un, à une autorité. Pensez-vous réellement que votre mari ait un jour respecté cette valeur ? Était-il digne de confiance lorsqu’il a volé notre trésor public ? Lorsqu’il ordonnait les arrestations, les tortures, les exécutions ? Était-il digne de confiance alors que ses concitoyens, musulmans, chrétiens ou animistes étaient massacrés ? Que des ethnies entières étaient la cible de vagues de répression organisées ?
Oui, votre mari a engagé une vaste campagne de répression contre notre ethnie, les musulmans Hadjaraïs. Il s’en prit aux personnalités de la communauté puis cibla tous les membres de notre ethnie. Mon mari, Haroun Godi, Secrétaire d’État à la Santé puis Secrétaire au contrôle d’état sous le règne de votre mari, a quitté notre maison en avril 1987 et nous ne l’avons plus jamais revu. C’est à la radio nationale, en décembre 1988, que j’ai appris son exécution publique. On ne m’a jamais informé du lieu de sa détention, ni des raisons. Jamais son corps ne m’a été rendu pour faire sa sépulture. Mon mari s’opposait à l’injustice criarde du régime de Habré. Son opposition à votre mari et son appartenance à l’ethnie hadjaraï ont eu raison de sa vie. Beaucoup d’autres Hadjaraï furent exécutés, et nombreux moururent des tortures, notamment dans le Guéra où la répression souhaitée par votre mari fut extrêmement violente. Cette violence ethnique se répéta dès 1989 avec la même campagne de répression dirigée contre les musulmans Zaghawas.
Juste après la disparition de mon mari, Mahamat Djibrine, dit El Djonto, ancien coordonnateur à la DDS, la police politique, est venu m’interroger et nous a placés sous surveillance militaire. À la troisième semaine, nos effets ont été confisqués et nous avons été renvoyés de la maison. J’ai dû quitter mon foyer avec mes six enfants, seule. Ma maison a par la suite été occupée par des familles goranes- l’ethnie de Hissène Habré.
Vous parlez de « Al Amane » comme la confiance que l’on peut avoir envers des personnes capables de faire face à des épreuves, mais ça, votre mari, n’en est pas capable. S’il l’était, il participerait au procès pour se défendre dans le respect de la justice et du Droit. Le silence de votre mari n’est qu’un signe de lâcheté et de faiblesse. Il fuit devant ses responsabilités sans aucune dignité.
Vous invoquez « l’Îmane », notion de foi et de vérité. Comme il vous semble facile d’utiliser cette notion à votre gré. La vérité, Madame Habré, elle émergera des récits des survivants, des veuves, des orphelins. « L’Îmane » c’est aussi l’importance de témoigner. Votre mari reste silencieux. Il ne respecte pas « l’Îmane », il ne veut pas participer à la vérité.
Vous avez l’indécence d’utiliser l’Islam, une religion de paix et de fraternité, pour défendre votre mari des accusations graves portées contre lui. N’oubliez pas que « Quiconque tue intentionnellement un croyant, Sa rétribution alors sera l’Enfer, pour y demeurer éternellement » (Sourate 4, Verset 93). Mon mari était un musulman fidèle, je suis une musulmane fidèle. Nous ne demandons pas l’Enfer, mais seulement la justice et le bon déroulement du procès.
Malgré toutes les épreuves, la justice pour le peuple tchadien et l’Afrique est en marche. Vous ne pourrez l’arrêter en victimisant votre mari, en insultant les vraies victimes, en utilisant des valeurs que votre mari n’a jamais respectées. Nous témoignerons, nous raconterons notre histoire, notre vécu, nos blessures. Votre mari sera jugé pour les crimes dont il est accusé et nous serons là car nous, nous n’avons pas peur.
Fatimé Toumlé.
12 août 2015
Voilà qui s’appelle parler. Respect infini à vous, ma sœur, au nom du people tchadien et de l’humanité toute entière que le sanguinaire daigna fouler aux pieds ! Dignité et fierté dans l’adversité. Vous laissez les vociférations et les insultes à ceux qui n’ont pas d’autres arguments à opposer à l’indéniable – à ceux qui se savent dans le faux depuis le début mais sont trop lâches pour l’admettre. La justice est en marche en effet, et rien ni personne ne l’arrêtera. Habré appartient au passé – c’est tout au plus un passé inachevé auquel il faut bien tirer une conclusion : pour l’édification des générations présentes et à venir ! Car le processus ne fait que commencer, et il reste beaucoup de torts à redresser dans ce pays. En attendant, la caravane est déjà passée. Les aboiements des chiens s’en mourront bientôt d’eux-mêmes dans les entrailles ténébreuses de la nuit de l’Histoire. Et tout sera dit.
Très chère Mme Godi.
Vous êtes tout simplement un ange ! Sans vous connaître, je vous aime, je vous aime pour avoir répondu de la manière la plus sereine, avec des mots justes et bien choisis, sans polémique ni offense et la plus humaine, à cette dame qui depuis 3 ans ne fait qu’insulter sans pudeur les victimes de son sanguinaire mari et leurs parents. Cette dame Habré a la mémoire courte, encouragée par le mutisme mortuaire des victimes, elle occupait les medias complaisants et les vilipendait sans honte ni pudeur. Elle a du culot, cette dame ! Elle, Raymonde, la fille de Kerim Togoy, épouse de Hissene Habré, a certainement du culot de parler « d’Aman » et « d’Iman », sachant que la foi, la tolérance et la gratitude n’étaient pas la tasse a café de son mari qui a appris les B.A.B.A. de l’Islam une fois a Dakar. Alors on se demande on est vraiment sur quelle planète pour recevoir des leçons de morales et surtout de religions de Mme Raymonde Habré?
Elle et les autres supporteurs de Habré, ont de la chance que le procès se passe loin du Tchad, loin des victimes et de leurs parents; ils ont de la chance qu’Idris Deby se soit mêlé à ce procès pour le pervertir et mettre en mal les nombreux tchadiens victimes de ce même Deby. Pour beaucoup des tchadiens, accabler publiquement Habré c’est être de même coté que Deby, or cela ils n’en voudraient pas. Il y a aussi pour les uns une sorte de fatalisme, et pour d’autres qui n’ont pas encore fini de faire le deuil de la perte des proches malgré le nombre d’années passées ; tout cela a fait penser à Mme Habré que les tchadiens sont amnésiques et avaient sans doute ont oublié les crimes de son mari, mais elle se trompe amplement. Quels que soient la cadence de ses sorties médiatiques, le débit de ses vociférations et sa haine contre les victimes et leurs parents, les crimes de son mari resteront gravés à vie, indélébiles dans la mémoire collective des tchadiens.
Qu’il soit jugé seul, ou de concert avec Idris Deby ou en présence de tous les exécuteurs de ses crimes, Habré est responsable direct et personnel de tous les pogroms opérés au Tchad sous son régime. Il n’y avait pas eu, au grand jamais, un seul assassinat, une seule disparition, une seule incendie d’un village, effectués sans qu’il ne soit tenu informer. Sur ce chapitre les témoignages des survivants de la piscine et autres trous noirs cachés sont tout simplement accablants. En effet Mr Habré visitait nuitamment la piscine, assistait en observateur aux interrogatoires, s’il avait été intrigué par le comportement de l’un des interrogés, il donnait des instructions pour conduire l’intéressé a la Présidence ; et malheureusement c’était toujours sans retour. Il a été un très actif chef d’orchestre, planificateur, donneur des ordres, receveur des rapports, il a été en amont et en aval de tous les crimes commis pendant son règne. Tout ce qui est dit et écrit sur les crimes de Habré ne représente même pas les 10% de la réalité. Alors, Mme Habré, svp, taisez vous.
vraiment Abou Harba t’a bien repondu Fatimé Toumlé comme tu voudras ! et regarde bien sa phrase, par comment il a réfléchi avant d’agir.on dit que celui qui cherche trouve .
( La justice est en marche en effet, et rien ni personne ne l’arrêtera. Habré appartient au passé – c’est tout au plus un passé inachevé auquel il faut bien tirer une conclusion : pour l’édification des générations présentes et à venir ! Car le processus ne fait que commencer, et il reste beaucoup de torts à redresser dans ce pays. En attendant, la caravane est déjà passée. Les aboiements des chiens s’en mourront bientôt d’eux-mêmes dans les entrailles ténébreuses de la nuit de l’Histoire). Et tout sera dit.