La dette vis-à-vis de Glencore étrangle Idriss Deby – Africa Energy Intelligence

Avec un budget grevé par la chute du cours du baril, le Tchad doit faire face au remboursement de la dette contractée auprès de Glencore. En 2014, le groupe de trading a préfinancé pour 1,45 milliard de dollars le rachat par N’djaména des 25% de Chevron dans le consortium de Doba. Enquête sur une affaire qui plombe le régime à quelques semaines de la présidentielle.

Un deal qui étouffe. Tous les trois mois et jusqu’en 2018, le Tchad doit s’acquitter de seize échéances auprès de Glencore, en lui cédant des cargaisons de brut. Cependant, la baisse des prix du brut pèse sur la capacité du pays à rembourser dans les temps. D’autant que, selon le contrat, que nous avons pu consulter, le montant des échéances augmente progressivement : il passe de 2,5% de la somme totale prêtée à quelque 7,5% soit plus de 100 millions $. C’est via un pool de banques composé de Deutsche Bank, Citi, ING et Société général que le trader a pu fournir 1,5 milliard $ en deux prêts – l’un des deux a d’ailleurs fait l’objet d’un délai de grâce d’un an.

Or, le nouveau ministre des finances, Mahamat Allamine Bourma Treye (ex-conseiller économique du chef de l’Etat en 2004 et ancien de la BEAC), ne devrait pas avoir plus de facilité à boucler les fins de mois que son prédécesseur, Ngarlenan Docjengar, débarqué après moins d’un an en poste). Et ce, malgré les prêts du FMI dont l’encours ne cesse de croître pour atteindre 148 millions $. Jusqu’en 2018, la quasi-totalité des cargaisons de la société des hydrocarbures du Tchad (SHT) sera consacrée au remboursement du prêt de Glencore et cela pourrait ne pas suffire.

L’intervention de Perenco. Le prix de l’acquisition a fait débat à l’époque de la transaction. Selon des sources proches du dossier, avant que l’accord soit trouvé avec Glencore, Chevron faisait régulièrement allusion à son départ depuis 2013 dans ses rapports avec les autorités tchadiennes. Le ministre du pétrole, Djerassem Le Bemadjiel, en poste depuis février 2013, a alors fait comprendre aux Américains que le Tchad risquait de tirer les prix vers le bas, a tenté de trouver un autre acheteur. C’est alors que Perenco est apparu dans le dossier. Les deux sociétés se connaissent bien : Chevron a vendu la quasi-totalité de ses actifs au Congo-K au groupe familial français.

Perenco a rédigé une offre écrite de rachat des 25% de Doba détenus par la major, que celle-ci a montré au ministre tchadien du pétrole. Ce dernier a immédiatement apporté le document au chef de l’Etat, Idriss Déby. Le président a accepté toutes les demandes de Glencore, seul prêteur possible à cette époque, afin d’obtenir au plus vite le décaissement de 1,45 milliard $ pour s’emparer des parts de Chevron. L’Etat a dû s’aligner sur le prix proposé par Perenco, alors que l’actif valait probablement déjà beaucoup moins à l’époque du fait de sa maturité, de son enclavement et de la qualité de son brut.

Les conseillers de l’accord. En Grande-Bretagne, c’est le cabinet Linklaters qui a épaulé Glencore durant cette transaction. Le trader s’est également fait conseiller par un avocat tchadien, Josué Ngadjadoum, qui dirige son propre cabinet à N’djamena. Quant aux autorités tchadiennes, elles se sont surtout proposées sur l’expertise des camerounais de CAC International, cabinet dirigé par un ex-cadre d’Ernst & Young, Jerôme Minlend. CAC International a depuis plusieurs années un contrat avec le ministère pétrole.

A l’époque de l’opération c’est le directeur général de la SHT, Mahamat Kasser Younous, qui avait signé tous les documents.


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3 Commentaires

  1. Wardougou

    Un plagiat in extenso d’un article de Africa Energy Intelligence

  2. Anonymous

    Nous voulons apporter ci-dessous une petite clarification technique sur la valeur de réserves du pétrole achetées de Chevron par le gouvernement du Tchad en 2013. 
    1. Prix d’achat $1 450 000 000
    2. Réserves officielles du bassin de Doba à récupérer dans 30 ans (2031) = 900 000 000 barils
    3. Estimation des réserves déjà produites au moment d’achat = 500 000 000 barils
    4. Réserves restant à produire dans 17 ans  = 400 000 000 barils 
    5. 12.5 % de redevance de l’Etat tchadien sur les réserves restantes = 50 000 000 barils
    6. 25% de part de Chevron à acheter= 87 500 000 barils 
    7. Prix d’achat par baril = 1 450 000 000 / 87 500 000 = 17$/baril 
    Estimation de prix de revient du baril à Kribi
    1. Coût d’Operations ~ 10$/baril
    2. coût de transport ~  8$/baril
    3. coût d’investissement 5$/baril 
    Prix total de revient estimé à Kribi = 17 + 23 = 40 $/baril 
    En conclusion, l’Etat tchadien est en train de vendre les réserves achetées de chevron en perte avec le prix de brut tchadien vendu actuellement à ~ 30$/baril. 

    • Adam

      C’est un vrai bradage de richesses nationales avec ~10$ de perte par barile qui est en trin d’augmenter avec l’echellement de dettes de Glenco alors qu’en laissant à une compagnie d’acheter cette part, le gouvernement serait encore en train de recevoir de evenu en ce moment financierement diffcile. Des cervelles sourdes et avaugles prennent de decisions si importantes pour faire tourner le pays dans la farine.
      Par ailluers, toutes les ressources reviendront à l’Etat tchadien au bout de 15 ans sans payer un franc, donc la SHT devait se preparer pour assurer les operations de production sans faire extendsion du contrat de production.