Tchad: les rebelles démentent des négociations avec N’Djamena – Afp
La rébellion tchadienne a vivement démenti des négociations avec le gouvernement du président Idriss Deby Itno, qualifiant de « mensonges » l’annonce faite quelques heures auparavant à Bruxelles par son ministre des Affaires étrangères Ahmad Allam-Mi.
« Il n’y pas de négociation avec le gouvernement Deby. S’ils ont dit cela, ils ont simplement menti. Ce sont des mensonges« , a affirmé l’un des principaux dirigeants de la rébellion, le général Mahamat Nouri, chef de l’Union des Forces pour la démocratie et le développement (UFDD).
« Il n’y a pas, et il n’y aura pas, de négociation bilatérale. Pas avec l’UFDD« , a-t-il insisté auprès de l’AFP.
« Depuis la bataille de N’Djamena (début février), le régime n’a donné aucun signe de paix. Au contraire, il a commencé à attaquer les chefs des partis politiques et la population civile. Il n’y a aucune négociation. Aucun signe de paix. Avec qui négocie-t-il ? Qu’il le dise« , a ajouté Mahamat Nouri, joint par l’AFP sur téléphone satellitaire depuis Libreville.
Joint par le même moyen, un autre mouvement de la rébellion, le Rassemblement des forces pour le changement (RFC), se montrant « surpris« , a aussi démenti des contacts avec le gouvernement.
« Officiellement, on n’a rien appris, c’est une surprise. Jusque-là personne ne nous a appelés« , a déclaré à l’AFP Id Mara Maïdé, porte-parole du RFC.
Les forces gouvernementales ont repoussé à N’Djamena les 2 et 3 février une attaque des rebelles, qui, partis de bases arrière installées au Soudan, avaient traversé en quelques jours le Tchad d’est en ouest sans être inquiétés dans une immense colonne de 300 pick-up pour tenter de renverser par la force le régime du président Deby.
Mise en fuite après avoir assiégé le palais présidentiel, la rébellion a regagné depuis la zone des trois frontières aux confins du Soudan, de la Centrafrique et du Tchad où elle tente de reconstituer ses forces.
En visite à Bruxelles, pour « faire certaines mises au point » sur le Tchad à l’Union européenne, M. Allam-Mi avait affirmé jeudi matin que son gouvernement négociait « avec les rebelles« .
« Nous négocions même en ce moment, à tout moment, nous savons qu’ils sont instrumentalisés par le gouvernement du Soudan« , avait-il déclaré au cours d’un point de presse.
Le ministre a également évoqué le sort des trois dirigeants de l’opposition arrêtés dans le sillage de l’attaque sur N’Djamena, expliquant que l’ancien chef de l’Etat Lol Mahamat Choua était en « bon état de santé », mais assurant que son gouvernement ne « savait pas » où étaient Ibni Oumar Mahamat Saleh, porte-parole de la principale coalition de l’opposition tchadienne, et le député fédéraliste Ngarlejy Yorongar.
L’UE, comme la France, ancienne puissance coloniale, réclament aux autorités tchadiennes des « éclaircissements » sur ces disparitions.
« Franchement nous ne savons pas où sont les deux autres disparus dont on parle beaucoup« , a déclaré M. Allam-Mi.
« Nous avons mis sur pied une cellule sous l’autorité du ministère de l’Intérieur pour faire des recherches. Pour nous, c’est aussi une priorité de trouver ces deux personnalités« , a-t-il ajouté.
Mercredi soir, le ministère français des Affaires étrangères avait assuré « continuer de rechercher des informations » sur les deux « personnalités politiques arrêtées ou disparues« .
« Notre ambassadeur à N’Djamena s’est à nouveau entretenu (mercredi) avec le président Deby de cette question pour lui signifier l’importance qu’elle revêt pour les autorités françaises. Le président tchadien l’a assuré que les recherches se poursuivaient« , affirmait le Quai d’Orsay.