Pilatus utilisé au Tchad: le CF envisage des sanctions contre N’Djamena – Ats
Le Conseil fédéral (CF) envisage d’éventuelles sanctions économiques et politiques contre le Tchad. Des éléments « concrets » confirment que N’Djamena a utilisé le PC-9 livré par Pilatus en 2006 à des fins militaires, a indiqué vendredi le Département fédéral de l’économie (DFE).
Lors de sa séance de mercredi, le gouvernement a chargé le DFE et le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) « d’étudier s’il y a lieu de prendre des sanctions contre le Tchad« . Les services de Doris Leuthard et de Micheline Calmy-Rey doivent rendre leurs conclusions « dans les prochaines semaines« , selon un communiqué du DFE.
Dans ce communiqué, le département de Mme Leuthard confirme que le Tchad a utilisé l’avion d’entraînement PC-9 à des fins militaires. En janvier, le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) avait indiqué que l’avion livré au Tchad par Pilatus avait été équipé du système d’accrochage nécessaire à son armement et que l’appareil avait été « probablement » armé.
Le Seco réagissait à des informations de médias selon lesquelles l’appareil de la société nidwaldienne avait été engagé lors de combats dans la région soudanaise du Darfour.
Selon le communiqué diffusé vendredi, « divers indices donnent à penser que l’appareil incriminé a été régulièrement impliqué dans des combats livrés le long de la frontière entre le Tchad et le Soudan« . Le Tchad a nié jusqu’ici l’armement et l’utilisation du PC-9 à des fins militaires.
« L’utilisation de cet avion à des fins militaires est une violation flagrante de la déclaration de destination finale signée par le Tchad » au moment de l’achat, explique le DFE. N’Djamena avait assuré à l’époque que l’avion ne serait utilisé qu’à des fins d’entraînement et qu’il ne serait pas réexporté.
L’appareil de type PC-9 livré en 2006 par l’entreprise Pilatus de Stans n’était pas armé et était destiné uniquement à l’entraînement, rappelle le DFE qui ajoute dans la foulée qu’il va étudier la question d’une adaptation des critères d’autorisation pour l’exportation des avions d’entraînement militaire.
La situation s’est dégradée à la fin janvier au Tchad, une ancienne colonie française. Les rebelles ont tenté de renverser le président Idriss Deby. Des combats violents ont eu lieu à N’Djamena entre les forces gouvernementales et les rebelles au début février.
L’Union européenne (UE) fait actuellement pression pour que N’Djamena négocie avec les groupes rebelles. Bruxelles souligne que l’instabilité nuit aux efforts internationaux visant à venir en aide dans l’Est tchadien au demi-million de réfugiés du Darfour et de Tchadiens déplacés par les troubles.