Monde Mascarade autour des disparus tchadiens – L’Humanité

Tchad . Une drôle de commission d’enquête internationale devrait être créée pour faire la lumière sur le sort des opposants.

Du résultat, du résultat et encore du résultat… C’est un peu le leitmotiv de Nicolas Sarkozy lors de son déplacement en Afrique. Pour cela, il est prêt à tout bousculer. Et si ce n’est sur le fond, que ce soit au moins sur la forme. De passage éclair au Tchad, le président français s’est voulu l’homme des nouvelles relations de la France avec le continent noir. Il joue la complexité même si, au final, on retrouve bien le même esprit qui préside aux menées africaines de la France depuis des décennies.

« Le Tchad a un gouvernement légitime », a-t-il ainsi déclaré. « Mais ce n’est pas parce que c’est un gouvernement légitime qu’il peut se permettre n’importe quoi. » Et Sarkozy d’annoncer, à l’issue d’une rencontre avec son homologue tchadien, qu’Idriss Déby avait donné son accord pour la création d’une commission d’enquête internationale pour savoir « ce qu’il s’est passé durant ces fameux trois jours, et où sont deux des opposants qu’on n’a pas retrouvés ».

Effet d’annonce, en réalité. Devraient en être, Louis Michel, commissaire européen au Développement, mais aussi Abdou Diouf « qui a accepté que la Francophonie y participe », selon les propres termes de Nicolas Sarkozy, qui ajoute sans rire que « Idriss Déby a demandé que la France y soit et j’ai moi-même proposé la Croix-Rouge ».

Peu de temps auparavant, Jean-Bernard Padaré, membre du collectif des avocats des familles de disparus, précisait à propos de ses clients : « Sont-ils vivants ? Sont-ils morts ? La seule chose que l’on sait est qu’ils n’ont pas « disparu » mais ont été arrêtés. Les familles disent que ce sont les forces armées gouvernementales qui sont venues les chercher. » On est sans nouvelles d’Ibni Oumar Mahamat Saleh, chef de file d’une coalition de partis d’opposition, et du député du sud du Tchad et président de la Fédération Action pour la République, Ngarlejy Yorongar, depuis l’attaque avortée de rebelles contre N’Djamena début février.

Fort de l’annonce de cette commission et de son inquiétude déclarée pour les personnalités disparues, Nicolas Sarkozy entend maintenant faire pression sur l’opposition tchadienne pour qu’elle reprenne le dialogue avec le protégé de la France, Idriss Déby : « Sinon, comment bâtir un dialogue digne de ce nom ? », demande-t-il, faussement ingénu, affirmant par ailleurs que « la France est prête à favoriser une médiation avec le Soudan ».

P. B.


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