Raid français contre l’UFR au Tchad: deux versions s’affrontent – Rfi

L’intervention des Mirages 2000 français dans le nord-est du Tchad, dimanche, contre une colonne de la rébellion tchadienne, précisément de l’Union des forces de la résistance, marque un tournant inédit depuis dix ans. Selon Paris, l’intervention française a permis «d’entraver la progression de cette colonne hostile», et «de disperser la colonne» composée de 40 pick-up qui évoluait dans le plateau de l’Ennedi, soit à quelque 400 km à l’intérieur du territoire tchadien, en provenance du sud libyen. Ce groupe armé, dirigé par Timan Erdemi, le neveu du président Idris Deby, vise toujours à renverser le régime tchadien par la force des armes.

Les avions de combat, des mirages 2000, de la force Barkhane, ont décollé de Ndjamena. Selon l’armée française l’opération a eu lieu en deux temps: d’abord une patrouille d’avertissement le matin, sans effet. Puis une seconde dans l’après-midi pour mener des frappes. Un bombardement qui, toujours selon Paris, a permis de « disperser la colonne » – de pick-up – repérée au moins 48h plus tôt et d’entraver «sa progression hostile».

Le ministre tchadien des armées qualifie les hommes de l’UFR de «mercernaires et de terroristes» et dénonce une «incursion» en provenance de Libye et dit avoir fait appel à la France au nom d’un accord de coopération entre les deux pays. « Vous employez le mot ‘rebelle’: je ne comprends pas ce que cela veut dire. Je sais que ce sont des mercenaires et des terroristes qui sont en Libye. Des terroristes qui cherchent à cherchent à déstabiliser notre pays. Donc la France nous a aidés à neutraliser cette colonne qui a été détruite .» Le ministre tchadien des armées assimile ces rebelles aux terroristes que la force Barkhane est en train de combattre dans le Sahel et le Sahara. Désormais, toute nouvelle incursion rebelle, nous assure le général Daoud Yaya (joint au téléphone), sera frappée conjointement avec l’aviation française.

Version toute autre du côté de l’UFR, l’Union des forces de la résistance tchadienne. Son porte-parole du groupe en Europe, Youssouf Hamid, assure que ses hommes sont partis de l’intérieur de Tchad, et dénonce une intervention française «inacceptable» dans une affaire interne au Tchad. Il affirme aussi qu’en dépit de 2 morts, quelques blessés et au moins deux véhicules détruits, ses hommes poursuivent leur progression. « La colonne n’a pas été dispersée comme cela a été dit par le communiqué du ministère français. La colonne est en progression malgré ces frappes que nous dénonçons énergiquement », nous explique t-il, joint au téléphone.

Il ne précise pas si leur objectif est d’atteindre la capitale comme en 2008, lorsque le mouvement avait failli renverser le président Deby. A l’époque la France n’était pas intervenue directement dans les combats mais avait joué un rôle décisif en protégeant l’aéroport de Ndjamena, et en permettant aux soldats tchadiens de se ravitallier en munitions.


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