Tchad: l’opposition vent debout après le raid français contre l’UFR – Rfi
La frappe aérienne conjointe entre l’armée française et l’armée tchadienne le 3 février contre une colonne de rebelles, présentée par les autorités comme venant de Libye, suscite toujours des réactions à Ndjamena, la capitale.
Des mirages français ont procédé ce dimanche 3 février à des frappes dans le nord-est du pays contre une colonne d’une faction de la rébellion tchadienne venue de la Libye voisine. L’opposition tchadienne est unanime. Ses chefs déplorent un « tournant dangereux » pris par la France en intervenant militairement dans les « affaires internes » du Tchad aujourd’hui.
« En tant que mandataire du peuple et surtout de l’opposition, il est de notre devoir de dénoncer certains comportements, déclare Gali Ngothé Gatta, député et chef de l’Union des forces démocratiques-Parti républicain (UFD-PR). La France devrait, à notre humble avis, essayer de ramener autour d’une table les fils de ce pays, qui continuent à déchirer la quiétude sociale – parce que la France est engagée aux côtés du régime actuel – et nous soutenir, coûte que coûte. »
« La France devrait être aux côtés du peuple tchadien »
« Malgré la mauvaise gouvernance de ce régime, je crois que ce régime a échoué, poursuit-il. Et la France ne devrait pas être là seulement aux côtés du régime, mais, au contraire, être aux côtés du peuple tchadien. Depuis l’indépendance, nous ne faisons que nous faire la guerre et à chaque fois, la France soutient le régime qui est au pouvoir et ne le lâche que quand ses intérêts sont en jeu. »
Même son de cloche du côté de Ngarledjy Yorongar, député et coordinateur du groupe parlementaire de la Fédération action pour la République (FAR), un parti d’opposition radicale. Pour lui, « il n’est pas normale que la France continue à soutenir Idriss Déby contre les autres ».
« Le Tchad a toujours connu les interventions des chefs d’Etat français et c’est une erreur grave, estime-t-il. Au lieu de réunir les Tchadiens autour d’une table pour pouvoir discuter, on se retrouve avec une partie contre une autre. Ce qui n’est pas normal parce que la France a intérêt à nous réconcilier plutôt qu’à attiser les soubresauts, les guerres. Que la France, un pays ami, un pays des droits de l’homme, puisse soutenir Idriss Déby contre les autres, n’est pas normal. J’en appellerai au président Macron de réviser sa position. »
« Pas à rougir » de l’aide française
« Nous n’avons pas à rougir du fait que l’armée française nous a aidés à neutraliser une colonne de mercenaires et de terroristes, puisque l’armée française, par le biais de l’opération Barkhane, traque, comme l’armée tchadienne dans la bande sahélienne, les narcotrafiquants, les terroristes qui sèment la désolation dans les foyers, réplique Jean-Bernard Padaré, sécretaire général aux questions juridiques du Mouvement patriotique du salut (MPS) au pouvoir. Les deux armées ont pour mission de neutraliser ce genre de trafiquants. »
« Depuis l’entrée en vigueur de la Constitution de 1996, la pluralité d’opinion est consacrée au Tchad par la Constitution, ajoute-t-il. Quiconque ne partage pas l’opinion de la majorité actuelle peut, de manière libre, s’exprimer sur le territoire national ».