Tchad: la marche pour la dignité et la justice empêchée par la police – Rfi

Au Tchad, la marche silencieuse pour la dignité et la justice organisée ce mardi suite à la mort de 13 personnes à Sandana, dans le sud du pays, a été empêchée par la police.

La police a occupé tôt ce mardi matin l’espace Fest’africa où devaient se retrouver les marcheurs pour la dignité et la justice. Les ressortissants des provinces du Moyen-Chari et du Mandoul ont appelé à cette marche, qui devait se dérouler sur à peu près un kilomètre, pour exprimer leur indignation après le massacre par des éleveurs de paysans à Sandana après la mort accidentelle d’un éleveur.

Les marcheurs parmi lesquelles d’éminentes personnalités comme l’archevêque de Ndjamena, Monseigneur Edmond Djitangar ou encore l’ancien chef de file de l’opposition Romadoumngar Nialbé Felix ont été gazés par la police.

Ce que ne comprend pas ce responsable politique qui soutient le gouvernement de transition: « La transition est en train d’aller vers une dérive, totalitaire parce qu’on ne peut pas admettre qu’un gouvernement responsable puisse massacrer son peuple de cette manière et arracher la liberté minimale qui est celle de marcher. »

Ce mardi matin, le quartier Moursal dans le 6e arrondissement de la capitale suffoquait donc sous l’effet des grenades lacrymogènes. Plusieurs centaines de marcheurs ont répondu à l’appel et se sont retrouvés face aux forces de l’ordre. Une dizaine de personnes ont été blessées, principalement à cause des grenades lacrymogènes.

L’archevêque de Ndjamena qui a tenté de se joindre à la marche à lui aussi essuyé des tirs de grenades lacrymogènes mais rassure, Il n’est pas blessé. « Je suis simplement tombé dans les réactions de la police comme d’habitude, il n’y a rien de grave pour ma part puisque je suis revenu. J’ai même pu évacuer un jeune blessé, mais tout va bien, je ne suis pas blessé », raconte-t-il.

La suite de la matinée a été marqué par des courses poursuites dans les ruelles. Mais malgré les évènements, les manifestants annoncent qu’ils ne lâcheront pas. « On en a marre ! On en a marre ! On est dans quel pays ? C’est complètement inadmissible, mais nous allons continuer ! », assure Delaville Djimyabaye, l’un des organisateurs de la marche.

Trois jours de recueillement

Lundi matin déjà, de premières manifestations ont eu lieu et l’espace vert du centre-ville de Sarh, la capitale du Moyen-Chari a été pris d’assaut par des centaines de personnes. Ils répondaient à l’appel des chefs traditionnels de la province qui ont décrété trois jours de recueillement en la mémoire des victimes de Sandana.

À l’ombre des grands arbres verdoyant, des centaines d’habitants du Moyen-Chari se sont succédés pour dénoncer l’incurie de l’État face à l’injustice qu’ils disent subir. Pendant ce temps, une partie du marché de Sarh a été fermée. La grande majorité des établissements scolaires aussi.

Selon des sources locales, malgré les arrestations de certains auteurs présumés du massacre de Sandana, la colère reste vive et plusieurs agglomérations du Moyen-Chari et du Mandoul entendent rejoindre les manifestations de colère. Le déplacement d’une délégation ministérielle sur place n’a pas non plus permis d’apaiser les tensions.


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