Où est le scandale?

Un enregistrement de conversation téléphonique attribué au président de l’UFR, Mr Timan Erdimi, circule sur les réseaux sociaux. Certains voient un scandale politique sans précédent et d’autres semblent très inquiets sur l’idée de l’imminence d’une autre guerre fratricide. Le CMT par la voix de son porte-parole semble suggérer que cet audio suffisait pour exclure l’UFR du dialogue national inclusif, etc.

Qu’en est-il réellement?

Mr Erdimi avait eu un premier contact avec la commission chargé de négocier avec les politico-militaires, il avait réitéré son attachement à la paix et avait donné son accord de principe pour un éventuel prédialogue sous réserve de certaines conditions. Jusqu’à nos jours, il n’y a eu aucun autre engagement, entente ou accord entre l’UFR et le CMT. Mr Erdimi reste toujours un chef rebelle hostile et le CMT reste toujours cet organe qui a été formé après un coup d’État et qui s’impose toujours par la force des armes.

Vu que le CMT est bien armé et a en la France un inconditionnel allié, l’UFR devrait normalement se préparer, armer ces hommes, chercher des alliés et éventuellement négocier avec la junte en position de force et faire une paix des braves. Il ne serait pas stratégique d’envoyer un émissaire chez les Russes et leur dire : je veux me réconcilier avec le CMT, mais il me faudrait des armes pour être en meilleure posture. Je ne comprends pas ce qui scandalise les uns et les autres, d’autant plus que je ne suis pas au courant d’un accord de paix entre le CMT et l’UFR. Est-ce le fait que Mr Erdimi cherche à s’allier avec une puissance autre que la France? Est-ce le contenu du message privé adressé au russe? Vient-on de découvrir que Mr Erdimi est un chef rebelle? Est-ce le fait que l’UFR cherche à armer ces troupes?

Qui veut la paix doit se préparer à la guerre, si l’UFR ne se présente pas en position de force aux futures négociations, le CMT va simplement lui imposer sa volonté, ce n’est que logique. Il serait très naïf de penser que le CMT négocierait de la même manière, quelle que soit la puissance de l’UFR, la raison du plus fort est toujours la meilleure, mais aussi l’équilibre de la terreur est une triste réalité.

Le CMT ne tire sa légitimité que de la force des armes et du soutien inconditionnel de la France. Nous avons vu ce qui arrive à ceux qui s’opposent à la volonté de la junte pacifiquement, de pauvres manifestants assassinés en plein jour à Ndjamena ou des civils non armés mitraillés dans les rues d’Abéché.

Personne ne détient une vérité ou le monopole de la violence, la seule vérité est celle du peuple.
– Le citoyen lambda n’a pas d’autre arme que de sortir dans la rue et réclamer ses droits pour se faire entendre.
– La société civile et les parties politiques n’ont pour arme que le soulèvement de la population pour imposer leurs points de vue aux éventuels dialogues.
– Les politico-militaires ne pourront que brandir le spectre de la guerre pour se faire entendre
– Le CMT n’a que la force des armes pour tenter d’imposer sa volonté

Mes chers compatriotes, ce que nous recherchons tous c’est la paix et la justice. Chercher la paix signifie réunir tous les mécontents autour d’une table, sincèrement discuter d’égale à égale et inventer un schéma de sortie de crise. Seuls les organes assortis d’un consensus regroupant tous les membres de la société civile, tous les partis politiques, les politico-militaires et le CMT auront une légitimité.

Détrompez-vous, mes chers compatriotes, réunir tous les protagonistes et leur imposer la volonté du CMT ne fera que repousser la crise à demain. Tant et aussi longtemps que l’injustice, l’autocratie, le népotisme et la gabegie ne sont pas éradiqués, il n’y aura pas de paix proprement dite.

Nous osons espérer que le PCMT et le petit groupe d’intello compétant qui l’entoure recherchent toujours la paix et cette manœuvre n’est que celle des ennemis de la paix qui manigancent nuit et jour à la recherche des moyens sournois pour faire dérailler le processus de réconciliation. Ces ennemis de la paix sont bien connus, ils cherchent à perpétuer leurs privilèges et leurs intérêts et saboter les efforts du PCMT qui favoriserait la réconciliation nationale au-dessus de tout.

L’espoir de toute une nation pour aspirer à la paix, au développement et au bonheur repose sur les épaules président du CMT, je mesure bien la lourdeur de cette responsabilité, mais je lui demanderais de bien mesurer la noblesse de cette tâche.
Faire la paix demande du courage et de la détermination, ce n’est pas un processus facile, si c’était facile, cela aurait déjà été fait. On ne fait pas la paix avec ceux qui ne nous sont pas hostiles, on le fait malgré leur hostilité.

Je vous laisse avec la question suivante : à qui profiterait le déraillement du processus de réconciliation?

Abakar Banda


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