Les Brèves de N’djaména – Ibni Oumar : Mahamat Ali Abdallah directement mis en cause
L’information véhiculée par Tchadactuel selon laquelle Ibni Oumar et Yorongar Ngarlédji sont morts, provenaient directement de Mahamat Ali. A son interlocuteur, il avait dit, texto : « je n’étais pas au courant des arrestations ; moi j’organise la résistance contre l’envahisseur, je ne m’occupe pas de ces choses. Après renseignements pris, on m’a dit que c’est l’ANS qui est derrière tout ça. De toi à moi, je crois que c’est trop tard pour le Professeur et le Député».
Mahamat Ali orienta les soupçons et la responsabilité vers son frère ennemi, le DG de l’ANS. Or, pendant les combats de N’djamena, l’ANS était complètement absente de la scène, son DG ayant fui le Tchad ou refugié à l’Ambassade libyenne, c’est selon. Tout était entre les mains de l’armée que Deby dirigeait par l’intermédiaire direct de Mahamat Ali.
Trois mois après les événements, les langues commencent à se délier, les nombreux témoins et auteurs (bien connus et identifiés) des différentes arrestations commencent à filtrer les infos. Concernant le Cas d’Ibni Oumar, toutes les sources corroborent les déclarations d’Abderahim Bahar. Les militaires, après l’avoir arrêté, ont conduit Ibni au palais. Mahamat Ali, accompagné d’un certain Abdallah, le manchot, dit « Com Pang » et son chauffeur, « a réceptionné le colis » ; « je vais l’interroger moi-même » avait il dit. Ibni, très maltraité lors de son arrestation, a cru naïvement, à faire à un frère, et il s’est décrispé, selon les mêmes témoins. Le prisonnier a été transféré dans la Toyota de Mahamat Ali. Depuis plus rien. Le fameux manchot a été rapproché, bien évidemment il nie tout en bloc sans beaucoup convaincre.
Les délogements (suite) – Deby continue de déloger ses parents squatters des maisons de l’Etat, dans l’indifférence totale des N’djamenois ou, même avec une tacite approbation. Toutes les maisons du quartier dit « Am djaress » sont vidées, à l’exception de trois maisons habitées par les membres de sa famille. Comme Deby a interdit l’utilisation des véhicules militaires pour déménager les délogés, il ne reste qu’à utiliser les « pousse-pousse » qui sont devenus si rares à N’djamena. C’est une situation très désolante. Les ndjamenois refusent unanimement de louer leurs maisons à des zaghawa, surtout qu’ils ne sont plus les protégés du Président. Alors ils errent dans la ville, les effets sur la tête. Pour la plupart, ce sont des femmes veuves avec une couvée d’enfants, orphelins bien sûr. Deby a refusé que ces refugiés d’un autre type élisent domicile sous les arbres de la périphérie de N’djamena. Il a envoyé la GR chasser ceux qui en ont fait, craignant une médiatisation de l’opération.
Conversation Salah – Nouri. Contrairement à ce qui a été dit par ci par là, l’enregistrement de la conversation entre Nouri et Salah est authentique. Une source informait que la conversation a été enregistrée par les éléments de l’Eufor dont le QG est à Ade. Une autre qui semble beaucoup plus crédible informa que Deby a acquis par l’intermédiaire d’une société israélienne un appareil très simple et pratique d’écoute des téléphones thuraya dont un des groupes armés en possède déjà. Tel un enfant qui a eu son premier jouet, Deby l’aurait installé dans sa propre chambre et a passé toute la première nuit à écouter et en jouir des conversations entre les rebelles et tous leurs correspondants à l’intérieur du pays. Les premières heures d’euphorie passées, Deby a fait déplacer l’appareil dans la chambre d’à coté. Deby a eu l’imprudence infantile de rendre publique la conversation ; réaction immédiate de l’AN : tous les thuraya sont confisqués et désormais ce sont les conversations entre Deby et ses nombreux informateurs dans la rébellion, qui seront écoutées.
Beremadji Félix
N’djaména