Témoignages des collègues et amis d’Ibni Oumar Mahamat Saleh

  • David Békollé

A l’Université d’Orléans, au milieu des années soixante-dix, nous nous préoccupions de l’état de l’Afrique et de son devenir. Dans nos cercles de réflexion d’étudiants africains, IBNI OUMAR était respecté. En retour, il ne se départait jamais d’une gentille affabilité. Il savait que notre champ d’application se trouvait dans nos pays, où nous nous devions de rentrer, pour agir.

Nous nous sommes revus en 1992, dans la Bibliothèque de Recherche de Jussieu: il était alors ministre au Tchad….

La disparition de mon collègue IBNI OUMAR Mahamat Saleh me bouleverse d’autant plus qu’il est si proche de moi, géographiquement parlant.

David Békollé, Professeur à l’Université de N’Gaoundéré, Cameroun.

  • François Combes

L’enlèvement de Monsieur IBNI OUMAR Mahamat Saleh me touche profondément car je le connais bien. J’ai apprécié sa personnalité généreuse, ouverte, intelligente, positive.
IBNI OUMAR Mahamat Saleh a de belles qualités : clair, fiable, calme, élégant, le sens du dialogue, démocrate de toujours.

François Combes, Professeur honoraire à l’Université d’Orléans, qui a dirigé la thèse de IBNI OUMAR Mahamat Saleh

  • Michel Coste et Marie-Françoise Roy

IBNI OUMAR Mahamat Saleh a été notre collègue lorsque nous enseignions au département de mathématiques et d’informatique de l’Université de Niamey de 1981 à 1983. A l’époque le département était composé d’une grande majorité de coopérants français, dont nous faisions partie. IBNI OUMAR Mahamat Saleh était un collègue d’une grande courtoisie, très calme, très réfléchi, très apprécié de ses collègues français et africains et très présent auprès de ses étudiants. Depuis nous avions su qu’il était retourné au Tchad où il avait eu d’importantes responsabilités universitaires, ministérielles et politiques.

Nous avons pour lui la plus haute estime et nous sommes très inquiets depuis sa disparition le 3 février 2008.

Michel Coste, professeur de mathématiques à l’Université de Rennes 1
Marie-Françoise Roy, professeure de mathématiques à l’Université de Rennes 1, ancienne présidente de la Société Mathématique de France

  • Yves Denizeau

IBNI OUMAR Mahamat Saleh est un professeur d’université et homme politique reconnu par ses pairs pour sa grande rigueur intellectuelle et morale.

L’implication politique de Ibni Oumar est très ancienne. Sa participation à divers postes ministériels a toujours été motivée par les besoins de reconstruction de son pays après les guerres successives qu’il a connu. Passé peu à peu dans l’opposition, il s’est résolument placé dans le champ de l’action démocratique. Dans un pays soumis à des luttes de chefs de clans, où les conflits se règlent par les armes, une telle position est à la fois courageuse et très risquée.

Yves Denizeau, Maître de Conférences à l’Université d’Orléans, responsable pendant des années de la coopération avec l’université de N’Djamena

  • Daniel Pecker

IBNI OUMAR Mahamat Saleh est arrivé en 1980 au département de Mathématiques de l’Université de Niamey où j’étais déjà en poste. Nous avons tout de suite sympathisé. Nous étions voisins et discutions souvent de mathématiques. Ayant fait ses études à Orléans, il savait qu’on pouvait travailler utilement, tant en recherche qu’en enseignement, quelle que soit la taille de la structure universitaire. Nous discutions plus précisément de notre rôle d’enseignants-chercheurs dans le cadre particulier du Niger. L’un de nos objectifs était de parvenir à former des licenciés en mathématiques capables de réussir des études d’ingénieur à l’étranger pour pouvoir être utile à leur pays à leur retour. Par la suite, il nous a semblé utile de former une équipe de recherche sur place. Ce qui a été rendu possible par l’arrivée de Marie-Françoise Coste-Roy et de Michel Coste. On a pu former sur place des étudiants qui ont pu devenir enseignants-chercheurs. L’activité de l’équipe de recherche a encouragé les enseignants déjà en poste (dont IBNI OUMAR et moi). Ainsi nous travaillions simultanément à nos thèses que nous avons soutenues l’été 1983, lui à Orléans et moi à Rennes.

Le désir d’IBNI OUMAR de rentrer au Tchad se trouvait renforcé à la vue de cette évolution positive de notre département de Mathématiques. Il y avait tellement à y faire, tant pour l’éducation et la recherche que pour la création des infrastructures [puits, assainissement, routes . . .]

Il est finalement rentré au Tchad en 1985 où il a pu initier ses projets dans le cadre de ses divers postes ministériels [élevage, éducation, plan, coopération] et d’activités non gouvernementales [système d’accès aux soins autogéré par les villages, réinsertion des enfants des rues . . .] Toutes ses activités qui ne l’ont pas empêché de continuer à enseigner les mathématiques à l’Université de N’Djamena ni de mettre en place les liens fructueux décrits plus haut par les collègues d’Orléans.

Lors d’une mission à l’université de N’Djamena en 1991, j’ai pu constater l’état de tension permanente auquel étaient soumis les tchadiens. J’ai admiré le courage d’IBNI OUMAR à persévérer dans de telles conditions.

Nous continuons de nous revoir en France quand il y séjourne dans le cadre des accords universitaires avec Orléans, Lyon ou Avignon. Il nous explique alors ses projets, pour ses étudiants et ses jeunes collègues de N’Djamena, mais aussi pour son pays.

Daniel Pecker (Paris 6) Université Pierre et Marie Curie. 4 Place Jussieu, Paris

Transmis à la Rédaction par Hicham IBNI OUMAR
hichamibni@hotmail.com


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