Tchad: la FIDH veut une "clarification" sur l’opposant disparu Ibni Oumar – Afp

Le président d’honneur de la Fédération Internationale des droits de l’homme (FIDH) Sidiki Kaba, a demandé dimanche à la commission nationale d’enquête à N’Djamena une « clarification » sur la situation de l’opposant Ibni Oumar Mahamat Saleh, disparu depuis février.

« La clarification de la disparition de Ibn Oumar Mahamat Saleh est quelque chose d’important », a déclaré l’avocat sénégalais, arrivé au Tchad jeudi sur invitation de la commission nationale d’enquête sur les événements qui se sont produits lors et après l’attaque rebelle sur N’Djamena.

Ibni Oumar Mahamat Saleh, secrétaire général du Parti pour les libertés et le développement (PLD) et porte-parole de la principale coalition d’opposition tchadienne, la Coordination des partis politiques pour la défense de la Constitution (CPDC), a été arrêté le 3 février par les services de sécurité tchadiens, selon des témoignages concordants. Le pouvoir nie toutefois le détenir.

« Il y a une certitude sur l’arrestation de cet opposant par les forces de l’ordre. Il faut donc établir la responsabilité de ceux qui sont à l’origine de sa disparition » a affirmé Me Kaba.

De nombreux observateurs et dirigeants tchadiens estiment en privé que M. Ibni est mort, sans vouloir en faire état publiquement par respect pour la famille.

Me Kaba a évoqué aussi la question des « prisons privées » où pourrait être détenu M. Saleh. « Il existe encore au Tchad des prisons privées et la commission doit faire la lumière dessus. Il y a l’existence des prisons secrètes. Les lieux de détention doivent être connus. Il faut régler cette question de prisons parallèles », a-t-il souligné.

« Il faut établir le rôle de la France, du Soudan et de la Libye pendant la période de trouble au Tchad », a demandé Me Kaba à la commission.

Me Kaba a également estimé que la commission « doit dans ses objectifs, participer à l’établissement de la vérité, à l’instauration d’une justice impartiale et à la réparation des (torts causés aux) victimes des événements qui ont eu lieu du 28 janvier au 3 février 2008 ».

La commission, censée remettre son rapport début juillet, a pour mission de faire toute la lumière sur l’attaque rebelle sur la capitale qui a failli renverser le pouvoir du président Idriss Deby Itno et sur les jours qui ont suivi. Des organisations ont pointé des violations ont dénoncé de nombreuses violations des droits de l’homme dans le sillage de l’attaque et lors de l’état d’urgence qui a suivi.

Deux autres opposants, l’ancien chef de l’Etat Lol Mahamat Choua et le député fédéraliste Ngarlejy Yorongar, disparus pendant plusieurs jours dans les mêmes conditions que M. Ibni, ont depuis retrouvé leur liberté après avoir été arrêtés. M. Yorongar, qui se trouve actuellement en France, affirme avoir été détenu provisoirement avec M. Ibni et avoir subi une tentative d’exécution.

On a longtemps été sans nouvelles des deux hommes avant qu’ils ne réapparaissent vivants.


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