Le Tchad, une continuité de conflits – Le post
En janvier 2008, une « colonne de rebelles » lourdement armée traverse le Tchad d’est en ouest. Quelques jours plus tard, la capitale N’Djaména est prise dans un tourbillon de violence : la garde armée présidentielle s’oppose rue par rue à l’avancée d’une véritable armée, les soldats français présents sur place, qui semblent surpris d’une telle violence, parviennent tant bien que mal à rassembler et à évacuer les expatriés européens.
Dans le même temps, en février 2008, les civils tchadiens sont pris à partie et accusés par les deux camps de collaboration avec l’ennemi. Les opposants les plus en vue sont enlevés ; les bureaux des associations sont saccagés, celles-là même suspectées d’avoir cherché à déstabiliser le pouvoir en place dans leurs activités de défense des droits humains. Replié dans son palais présidentiel transformé en bunker, Idriss Deby a dû se souvenir de cet instant, où dix-huit années plus tôt, il rentrait sans coup férir dans N’Djaména qu’Hissène Habré avait déserté. Seigneur de la guerre, il devait être fier d’avoir fait mieux que son prédécesseur, tout en sachant que le soutien de l’armée française lui était décisif.
La situation reste très tendue : renforcement armé de la ville, et comme dans un miroir, réarmement de la rébellion qui s’est replié à l’est du pays. Une nouvelle confrontation armée semble vraisemblable. Malgré les tentatives de discussion entre différentes parties, l’avenir semble problématique pour la société tchadienne.
Alors que se développent de nouveaux troubles, ce grand pays apparaît malheureusement emblématique de cette Afrique politique qui ne marche pas. Ainsi, à première vue, le Tchad rassemble tous les défauts d’une Afrique subsaharienne post coloniale. Restant malgré tout « afro-optimiste », nous nous efforcerons de démontrer que le Tchad, comme la plupart des pays africains, ont bien des atouts pour sortir de cette nasse destructrice
Antoine Malafosse, délégué général du Comité catholique contre la faim et pour le développement, replace cet énième conflit dans une perspective historique et ethnographique.
Il présente aussi les actions menées par les associations locales, souvent soutenues par le CCFD, pour construire une véritable démocratie dans le pays.
Il donne enfin les pistes à suivre pour parvenir à une véritable réconciliation au Tchad.
Avec un préalable : que tous -Tchadiens, locaux et exilés, Européens, Nations-Unies- fassent l’effort de maîtriser la complexité des enjeux locaux.
Source: revue-etudes.com