Message du RFC à l’occasion du 48éme anniversaire de l’indépendance du Tchad – Rfctchad.com
Nul besoin de réinventer le Tchad, il suffit juste de le vivre pleinement et correctement. Ce pays à vocation exceptionnelle, aux atouts uniques, est à l’image de ce que l’on en fait. Il peut être tout à la fois le modèle exemplaire de convivialité et de coexistence, comme le théâtre de guerres atroces et fratricides. Toujours est-il que ce pays ne pourra être menacé de disparition tant qu’on respecte sa libre évolution mais aussi tant que les tchadiens œuvrent pour qu’il existe.
Sans devoir le réinventer, il suffit de laisser le Tchad vivre son rôle d’espace de rencontre entre des ethnies différentes tout en encourageant l’émergence d’un nouveau modèle de société basé principalement sur le respect de la différence de l’autre ; une société qui se tourne vers l’avenir en réussissant la gestion de son pluralisme au lieu d’une société qui reste otage d’un groupe d’hommes ou de pays en se repliant sur elle-même, du fait de l’instrumentalisation par certains de ses peurs et ses contradictions.
Le RFC dans son projet de refondation nationale veut briser les murs de la peur érigés entre les communautés et d’encourager la culture de la compréhension mutuelle. Nul ne peut être libre s’il n’est en mesure d’accepter la liberté de l’autre à être différent et ce, quelle que soit l’étendue ou la nature de cette différence.
La paix civile se construit. Il incombe à chacun de nous de contribuer à son édification, en définissant de concert les modalités d’une République ou il fait bon d’y vivre.
Le deuxième grand défi du RFC est de réhabiliter la démocratie. Ceci commence par le retour à certaines valeurs dans l’exercice du pouvoir et par le combat de fléaux, tels la corruption, qui ont déjà ruiné le pays. Ceci passe aussi par l’apprentissage de la démocratie en admettant non seulement de coexister mais aussi de vivre en commun tout en étant libres et différents. C’est enfin, faire évoluer notre démocratie, pas tant au niveau des principes qui restent les mêmes, mais dans la façon de les adapter en permanence à notre société et à ses changements.
Réussir un tel projet, c’est également, pour le Tchad, prendre le chemin de la laïcité et migrer ainsi vers la citoyenneté.
Le système actuel a eu de grands méfaits, notamment en transformant toute division politique en confrontation, puis en fracture entre les communautés. Il fut aussi le fond de commerce dans lequel puisèrent les forces de l’inertie empêchant de ce fait toute réforme et entravant la voie au changement. Clanisme politique, chefs de guerre reconvertis en politique ainsi que classe politico affairiste trouvent dans le Tchad actuel le moyen pour s’accaparer le pouvoir et régner en maîtres sur la société. Avec le système actuel, l’Etat a disparu, le chaos, la médiocratie, etc., ont pris place.
Afin de gagner le challenge d’un Tchad nouveau, nous avons besoin de rééduquer la société. Pour cela, il faudra s’appuyer sur l’école, pierre angulaire de l’édifice national et républicain car premier fournisseur du citoyen de demain. C’est par l’enseignement et l’éducation que nous formerons les jeunes générations à même de changer la société. Il nous appartient dès lors de leur inculquer les principes fondamentaux de la tolérance et de l’acceptation de l’autre, sans lesquels tout modèle pluraliste est voué à l’échec.
De plus, il faudrait également oser tendre la main à l’autre pour rechercher ensemble un socle commun de convictions et d’intérêts. Rester inerte et refuser la différence d’autrui ne peut résoudre le problème. C’est un acte passif et stérile. Au contraire, il faut se risquer à entreprendre; à aller même plus loin qu’une simple réconciliation en cherchant un projet collectif commun afin de ressouder l’unité nationale.
C’est à travers cette quête courageuse et convaincue de l’autre que nous arriverons à reforger une société tchadienne unie. Le RFC veut oser ce premier pas dans sa recherche d’entente avec les autres mouvements qui luttent pour la démocratie et la paix au Tchad. C’est une initiative à généraliser parmi toutes les composantes de notre société.
Parallèlement à cette conquête des esprits, les tchadiens devront réédifier un Etat moderne qui recouvre toutes ses prérogatives; un Etat régulateur qui développe de véritables dynamiques sociales basées sur la solidarité tout en laissant l’espace à l’esprit d’entreprenariat ; un état de droit où la justice est restaurée sur les bases de la compétence, de l’indépendance et de l’intégrité; un état fort de ses institutions démocratiques et de son armée, ciment de la société et de l’unité nationale puisqu’elle représente l’un des premiers laboratoires d’une République, voire même du vivre et mourir en commun pour les mêmes idéaux, les mêmes valeurs et la même patrie.
Enfin, nous devons tous ensemble travailler pour un nouveau pacte social qui devrait être signé par tous les représentants des mouvements politico armés. Ce pacte aura pour fondements l’égalité des droits, la justice pour tous et l’égalité des chances. Il appartiendra ensuite à l’Etat moderne auquel nous aspirons tous, de traduire par ses actes cet esprit de justice et de démocratie.
Pour que le Tchad demeure un vecteur de propagation d’idées novatrices qui font avancer les sociétés, pour qu’il reste une preuve que la pluralité est bel et bien le modèle de l’avenir, pour qu’il parvienne à traduire en actions son message de coexistence et de paix, les tchadiens se doivent de reprendre rapidement le chemin de la concordance et de la découverte mutuelle. C’est en exploitant convenablement leur diversité et leurs différences, qu’ils trouveront la voie du progrès et de l’émancipation de leur société.
Vive la 48e Indépendance de notre pays le Tchad.
Pour le RFC
Le Président Timane Erdimi