Les Brèves de N’djamena : Younousmi vs Daoussa, la préférence de Deby

Une anecdote persistante circule au sein de la cour du Roi. En bonne humeur, à tu et toi, autour d’un verre du thé vert, entouré de la plupart de ses bouffons et griots, Deby, visiblement en forme et en toute confiance, conversait allègrement. Daoussa Deby faisait partie de la fête. Comme l’atmosphère est bon enfant, Daoussa glissa l’information vers un sujet que le tenait toujours à cœur : Younousmi. Voyant que le président est réceptif, il enfonça le clou : ce garçon-là, c’est un bandit, voleur. Il s’est enrichi sur notre dos. Il est aujourd’hui le plus riche, multimilliardaire, et aide la rébellion. D’ailleurs tous ses parents sont des rebelles, etc. Un des bouffons suggéra même qu’il faut immédiatement renvoyer ce bandit et mettre Daoussa à sa place.

Le Président acquiesce les litanies de son frère par des hochements de tête affirmatifs. Les autres bouffons, voyant le président d’accord avec son frère, se jetèrent dans la bataille en accablant Younousmi de tous les sobriquets qui existent sur terre. Deby, tout en écoutant les uns et les autres composa le n° de Younousmi et demanda à celui-ci de venir immédiatement. Ça y est ! Younousmi sera humilié devant témoins comme le sait faire si parfaitement Deby, avant d’être demis de toutes ses fonctions, pensa l’assistance. Younousmi arriva, après des salamalecs hypocrites, « oncle, ça va ? », « oui, ça va, merci mon fils », le Président demanda posément « Adoum, il y a une urgence, peu- tu me trouver 8 milliards en espèces, tout de suite ? » Sans problème! Répond l’intéressé et rentre précipitamment chez lui. L’assistance, hébétée, a suivi la conversation sans broncher.

Comme les récriminations attendues n’ont pas eu lieu, on changea précipitamment de sujet tout en caressant l’espoir que chacun aura une part de ce qu’Adoum va apporter. Une heure plus tard, Younousmi revient, chargé des sacs qu’il dépose devant le Chef en disant « il est tard, votre Excellence et on ne peut pas faire l’échange, j’ai donc des CFA, dollars et euro, le tout 8 milliards, comme vous avez demandé ». Deby, très satisfait, un grand sourire aux lèvres, se tourna majestueusement vers son frère et l’interpella en ces termes « c’est ça Adoum Younouss ! Est-ce que toi, toi Daoussa, es- tu capable de faire ça ? De me dépanner de 8 milliards en moins d’une heure quand je suis en difficulté ? Euh, réponds ! Pas 8 milliards, même 8 mille, ce sera un grand problème pour toi. Tu dis qu’Adoum est multimilliardaire, et toi alors ? Multi multimilliardaire ! Adoum a ses parents dans la rébellion. Mais qui n’a pas des parents rebelles ? Qui ? Ou bien les groupes rebelles sont composés des chinois ? Sans parler des parents en général, toi-même là, toute ta famille maternelle est rebelle, à l’origine de la rébellion et tu n’as même pas été capable de ramener un seul individu depuis bientôt 3 ans! Daoussa, laisse Adoum Younouss tranquille, il n’est pas de ta taille ». Fermez les bans. Adoum Younouss aura constaté que depuis un certain temps les bouffons de Deby fuient son regard. C’était ça.

MJE et les rebelles nigériens (suite) – L’information publiée dans Tchadactuel relative à l’aide qu’apporte Deby aux rebelles Touareg du Niger, n’a pas été du tout une révélation pour les milieux militaires des régions du Kanem Lac et du BET. Apparemment ça les fait bien marrer et les langues se délient. Selon ces milieux, outre l’appui des pays tiers qui passent par le Tchad via MJE, les zones militaires du Kanem lac et du BET sont les principaux bailleurs d’armes et des minutions à l’endroit de ces rebelles, avec l’accord tacite des autorités militaires et civiles de ces régions. Au cours des mois qui ont suivi l’éclatement de la rébellion au Niger, un large marché de trafic de toutes sortes du matériel s’est énormément développé. Mieux, selon les mêmes sources, 80% des moyens de transports, particulièrement les fameuses Toyota, sont partis du Tchad. Il en est de même pour les moyens de communication. Ainsi les thuraya détenus par les rebelles seraient de la même série que ceux commercialisés par le neveu de Deby qui détient le monopole. Comme quoi, notre IDI est partout.

Mahamat Ahmat
N’djamena