Les Brèves de N’djaména : Deby est très mecontent des soudanais

Deby a invité la plupart des chefs militaires à un déjeuner (« un fatour »), ce mardi 31 août dans sa villa d’Amdjeress. L’occasion est belle, car ces derniers temps, comme le bruit des bottes se fait de moins en moins entendre et surtout le Chef entièrement accaparé par les bouffons, il n’y a donc aucune possibilité de le rapprocher pour le rançonner comme d’habitude.

Les chefs militaires se sont précipités à cette invitation avec chacun dans sa poche un chapelet des doléances : « mes anciennes blessures ne me laissent plus dormir, je dois enlever une balle que j’ai reçu à Amdam et qui m’est restée loger dans le cœur ( le M. en question n’avait même pas pris part à la bataille d’Amdam), mes anciens éclats sont en train de m’handicaper à vie, on m’a amené du village ma proposée mais je n’ais pas les moyens d’organiser les noces, mes chameaux se sont attrapés de la gale et ils sont en train de mourir, etc. » . Deby écouta calmement tout ce monde marmonner leurs doléances et une fois le dernier ayant parlé, il demanda à son aide de camp de s’occuper du cas de chacun. C’est un très mauvais signe, car entre les chefs de guerre et Deby il n’y avait jamais eu d’intermédiaire. C’était du direct – direct, du « mains à mains». Et puis sans transition et à la surprise générale, Deby exprima son extrême mécontentement vis-à-vis du Soudan.

Selon un des participants, Deby a été très virulent vis à vis de son voisin, une virulence qui contraste fortement avec l’atmosphère ambiante entre les deux pays. Deby a qualifié les soudanais de tous les noms d’oiseau. Selon lui, le Soudan n’est pas en train de respecter ses engagements, particulièrement avec la force mixte qui devrait en principe faire des patrouilles dans toute la zone et par ricochet égratigner la zone des rebelles! Orles soudanais, non seulement ils refusent de faire les patrouilles, mais ils surveillent de très prêt tout mouvement des soldats tchadiens. Selon Deby, même pour se rendre au marché pour les petits achats, les soldats tchadiens se font escorter par les soudanais. En plus, ces derniers n’acceptent pas la présence des armes lourdes sur leur territoire. Autant d’entraves et de manque de confiance incompréhensibles alors que Deby, lui, a entièrement rempli tous ses engagements et de manière correcte. « Comment peut-on nous entraver de cette manière et en même temps nous demander de neutraliser le MJE », s’est demandé à haute voix Deby.
Un participant a osé demander si cela signifie que l’armée tchadienne doit franchir la frontière. « Oui », a coupé sèchement Deby ; « sinon comment pensez vous contenir ces mercenaires tchadiens qui sont au Soudan ? » s’est-il exclamé. Un autre participant se demanda innocemment, « Ah bon, ces mercenaires existent-ils toujours, avec le ralliement des centaines par jour, annoncés par la radio ? » Deby le fusilla d’un regard méchant et lui dit « tu es bête, ton frère untel, ton cousin paternel untel, ton cousin maternel untel, ton gendre untel, où sont-ils? Je n’ai pas entendu leur décès, ou bien ils sont en train d’abreuver tes chameaux au puits de tes grands parents ? »

Et Deby de continuer : «  le Tchad est en paix maintenant, un grand élan de développement est en cours, le pays et son président jouissent d’un grand respect sur le plan national et international, notre souveraineté est affirmée par le renvoie des casques bleus et bientôt les français, le Tchad est en train de devenir le leader incontestable en Afrique francophone. Après le Président Paul Biya du Cameroun et Blaise Compaoré du Burkina, je suis en 3ème position en tant que Doyen des chefs d’Etat de l’Afrique francophone. Le Président Biya est malade et même sénile ; quant au Président Compaoré, le Burkina est un petit et pauvre pays dont la Président ne peut prétendre à aucune responsabilité régionale. Comme vous voyez, c’est moi aujourd’hui le Doyen des Chefs d’Etat de l’Afrique francophone. Être doyen est une très grande responsabilité pour moi et pour le Tchad et je ne voudrais pas du tout entacher ce statut. Il faudra donc éviter qu’il y ait des batailles à l’intérieur du Tchad, avec tout le tintamarre qui en suivra ; il faut coûte que coûte contenir les rebelles dans le Darfour ; si jamais ils franchissent la frontière, les dégâts matériels, humais et moraux seront énormes. Et puis nous avons mal fait de demander l’expulsion des chefs rebelles. Nous avons fait une erreur d’appréciation. Au lieu que le terrain s’effrite avec l’éloignement des Chefs, c’est tout le contraire qui se produit : les rebelles se sont radicalisés, sont devenus des vrais rebelles en ne comptant que sur eux-mêmes, se sont plus unis et même ceux avec qui on était en contact, ont refusé de rentrer au dernier moment. Les différents groupes qui se sont éloignés de l’UFR, semblent y revenir et je vous dis franchement que tous ceux qui rentrent au bercail sont des civils ou tout simplement des tchadiens vivant au soudan ou carrément des soudanais qui pensent nous arnaquer en se faisant passer pour des rebelles. Les soudanais ont fait exprès d’éloigner les Chefs rebelles vers le Qatar où ils sont reçus comme des futures Chefs d’Etat, alors que moi, j’ai demandé à ce qu’ils soient expulsés vers l’Afrique de l’Ouest où j’ai mes rentrées et tous les Chefs d’Etat sont prêts à répondre favorablement à mes demandes. Pire, on s’est entendus qu’il n’y aura aucun politique sur le terrain, or ils (les soudanais) ont bien dépêché avec d’énormes provisions de tout genre, Abdel Wahid sur le terrain. Et puis mes sources m’ont appris que les rebelles possèdent un stock important des minutions, où est-ce qu’ils ont reçu cela ? Qui leur a donné ? Dans tous les cas ce n’est pas moi qui leur ai donné tout cela. Les soudanais ne sont apparemment pas prêts pour les désarmer non plus. Tout cela dénote le manque de sérieux et les arrières pensées belliqueuses des soudanais. Et avec ça, ils me demandent de désarmer le MJE, mais qui est fou de qui ?

On a pensé qu’avec l’éloignement de Timan et d’Adouma, l’UFR allait s’effriter en groupe ethniques, c’est tout le contraire qui se passe. Alors il faut bien se préparer pour la fin de la saison des pluies; vous avez tout ce qu’il faut pour faire face, je vous ai tout donné, je n’ai rien de nouveau à vous offrir, ceux qui ne veulent pas se battre, tant pis pour eux, les rebelles ne m’atteindront jamais, moi, ni au Tchad ni ailleurs. J’ai 20 ans de pouvoir et 60 saisons sur mes pauvres épaules. »

Pour beaucoup, le fatour leur est resté callé sur la gorge !

Beremadji Félix
N’djaména


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