Les Brèves de N’djaména : Les deux Deby et le chinetoc
Coté pile : le jour de la fête, c’est un Deby enchanté, jovial, réconcilié en âme et conscience avec ses parents, qui est apparu. Toute sa belle denture toujours exposée à tous ceux qui ont envie de la voir, Deby distribua les pétrodollars aux parents très assoiffés. Les chameliers, les cavaliers et autres âniers ont eu pour leurs comptes. Venus dans l’espoir de recevoir une petite enveloppe ou sinon un sourire du chef suivi de « foulan ou abou foulan, comment ça va », ils sont repartis avec des Land cruisers, des Hilux et des espèces sonnantes et trébuchantes. Enfin, les locaux ont senti que c’est l’enfant du coin qui est le Président de tout le Tchad. Mieux vaut tard que jamais !
Coté face: le lendemain de la fête, c’est un Deby hargneux, hautain et arrogant qui est apparu devant le public réuni pour l’occasion. Chassez le naturel, il revient au galop ! « Je vous connais un à un » ; commença-t- il. «Je connais ceux parmi vous qui recrutent les siens pour envoyer chez les mercenaires. Je connais aussi ceux qui téléphonent tous les jours aux mercenaires. Désormais ça prendra fin. J’attends désormais établir ici l’autorité de l’Etat, je ne suis pas le Président d’un clan ou d’une ethnie et bla bla bla ». Tout est dans ce « désormais », depuis vingt ans il n’y a pas de l’Etat ni à Wadi Hawar ni ailleurs et Deby vient de le reconnaitre. Ses niaiseries devant les notables de l’Ennedi, c’est de la musique fortement rayée, tellement on l’a jouée depuis vingt ans que ça fait mal aux oreilles. L’assistance n’est pas du tout dupe des fanfaronnades de Deby.
En effet ces péroraisons de Deby ont pour but de vouloir faire passer la pilule Mahamat Saleh Brahim, son oncle, nouvellement nommé Gouverneur. La respectabilité de ce dernier est nulle dans la région et Deby en est très conscient. C’est pourquoi il monte sur ses ergots pour imposer son oncle et attirer l’attention du public qu’il est son représentant personnel. Mais est-ce que cela suffit pour faire de « Dong » un autre personnage ?
Un chinois enlevé ? Mais que fait ce chinetoc à Amdjeress ? Selon les mauvaises langues, Deby a octroyé de manière tout à fait illégale et clandestine un permis des recherches des métaux précieux à une société chinoise. Les chinois auraient fait passer des relevés aéro-magnétiques à très bas niveau et auraient décelé des traces d’uranium et des métaux rares. L’appétit de Monsieur envers les billets craquant étant connu depuis le scandale de Bahrein, il a donc permis aux chinois de venir s’installer dans la région.
Dans le passé, ce sont les dromadaires des tribus voisines qui faisaient partie des butins des «pirates » de la région, mais cette fois c’est un chinois qui est venu s’ajouter au répertoire. C’est Deby en personne qui a annoncé l’enlèvement. Selon nos infos, c’est sous la pression de la Chine qu’il l’a fait, sinon il ne l’aurait jamais divulgué. Les ravisseurs sont connus; trois noms sont cités et ce sont des gardes rapprochés de Deby, les membres de sa propre famille ! Il a demandé à ce que les parents des ravisseurs soient arrêtés et leur bétail confisqué, ça signifie qu’il connait bien les ravisseurs. Que Deby ordonne des arrestations nous est familier et le cas du Dr. Ibn Oumar Mahamat Saleh et de tous les habitants du sinistre bagne du Korotoro font partie des exemples connus. Mais cette fois-ci, il le dit à haute voix et à travers ses medias.
Qu’en est-il de l’article 21 de la constitution tchadienne qui dit « Les arrestations et détentions illégales et arbitraires sont interdites » et qui corrobore avec le numéro 4 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. S’agissant des pauvres parents des supposés ravisseurs, ils ne peuvent « être rendus responsables et ni poursuivis pour un fait non commis par eux, car la peine est personnelle » selon l’article 25.
Deby a pourtant fait tout pour dissimuler la présence des chinois dans les grottes de Wadi Hawar et surtout que les ravisseurs sont ses propres parents. Aux dernières nouvelles, au lieu lesdits parents soient arrêtés et le bétail confisqué comme annoncé, Deby aurait demandé aux parents de ravisseurs d’aller à Seyla (Soudan) pour ramener le chinetoc.
Beremadji Félix
N’djaména