Les Brèves de N’djaména : L’ex otage chinois, que d’interrogations!

L’otage chinois a été retrouvé sain et sauf, mais beaucoup d’interrogations subsistent. Les ravisseurs et leurs supposés complices ont été arrêtés. Selon l’un d’eux, le kidnapping a été effectué sur commande ! Mai qui est le commanditeur? Aucun nom n’a été cité, mais tout naturellement tous les regards se tournent vers Deby, et cela pour plusieurs raisons.

D’abord les ravisseurs sont tous ou presque des militaires de la GR. Secundo, Deby a été le premier à apprendre de l’enlèvement ; on peut dire que c’est tout à fait normal, Président de la République, il dispose de tous les services des renseignements : le hic est que ce ne sont pas ses organes des renseignements qui l’ont informé mais… par un des ravisseurs. Un certain Oumar Moussa Halé, élément du MJE et agent de Deby, a été de bout en bout au centre de cette opération. Mieux, quelques heures après l’enlèvement, Deby a donné le nombre des ravisseurs, leurs noms et le lieu où le chinetoc est détenu! Selon plusieurs sources, Deby aurait commandité l’enlèvement pour se faire une petite publicité : « chez moi on n’enlève pas des étrangers, mais par malheur si ça arrive, l’otage sera libéré dans les 24h, les ravisseurs arrêtés et traduits devant la justice. Au Tchad je maitrise parfaitement la situation, contrairement à mes collègues de l’Afrique de l’ouest qui sont torturés par des terroristes», semble vouloir dire Deby. Quand ce dernier s’est rendu compte que, contrairement à ce qu’il pensait, l’enlèvement d’un étranger occasionnera toujours une campagne négative pour le pays et surtout des questions du genre « mais que font les chinois à Amdjeress ? » vont inévitablement surgir, il aurait voulu se ressaisir, mais c’était trop tard.

Quant aux ravisseurs et leur agent de liaison, Oumar Moussa Halé, Deby les a tous abandonnés et ne les reconnait plus. Pire ils sont en train de subir les pires sévices ainsi que les membres de leurs familles. Les ravisseurs ne cessent de dire qu’ils ont agi sur ordre d’Oumar Moussa Halé, ce dernier crie à son tour qu’il a agi sur ordre mais sans citer la source. Les services des renseignements font tout pour lui clouer le bec.
Contrairement aux gesticulations et jubilations du Perroquet national, le chinetoc n’a pas été libéré par la brigade mixte. Sur le s 5 ravisseurs, 3 étaient partis chercher on ne sait quoi, les deux autres ont tout simplement dormi, le chinetoc en a profité pour s’éclipser. En une seule demi-nuit le chinois a tapé à pieds 80 KM et est tombé entre les mains des villageois qui l’ont remis immédiatement au groupe Mini Arkou, opérant dans la région, qui l’aurait vendu à la brigade mixte pour une modique somme de 340 millions de CFA.

Deby déçoit la population d’Iriba – Deby avait promis à la population d’Iriba d’être leur hôte pour les fêtes de fin de ramadan. La population s’est mobilisée. De tous les coins de la région, les chameliers, cavaliers et autres piétons ont convergé vers la capitale de Kobé. Le Sultan a fait appel aux cadres et commerçants, enfants de la zone, installés à l’intérieur du pays. Des réunions sur réunions, des cotisations sur cotisations, des palabres sur palabres, etc. Au jour J, on ne voit pas l’ombre de Deby. Au second, non plus. C’est tard au troisième jour, après avoir passé une nuit à Ourba, 30 KM d’Iriba qu’apparaît un Deby complètement méconnaissable. En colère à 120°C, le visage renfermé et renfrogné, il descendit de son véhicule et rentra directement dans la case qui lui a été réservée, sans dire bonjour à personne, ni aucun regard à la population massée. Rien. Il rentra et ferma la porte derrière lui. Pas d’audiences. Ce fut un grand étonnement. Que s’est-il passé entre Amdjeress et Ourba ? Quelques instants passés, il appela trois de ses bouffons et leur offrit l’occasion de lui faire rencontrer les personnes de leur choix. Trois notables choisis par les bouffons ont eu l’honneur d’être reçus. Et puis ce fut le tour du Sultan d’Iriba. Rencontre évacuée en quelques minutes. La nuit passée, Deby délégua un de ses conseillers poser la première pierre pour le futur château d’Iriba et quitta la ville sans dire au revoir à personne. Il a eu juste le temps de donner un vehicule au Sultan d’Iriba et un autre au Sultan de Kapka.

Qu’est ce qui explique cette mauvaise humeur de Deby ? On sait qu’il n’a jamais eu le comportement digne d’un président et ni été à la hauteur de ce poste. Il se fâche publiquement, humilie ses adversaires devant tiers, gueule, crie, etc. Selon les rumeurs, plusieurs cas de figure peuvent expliquer cette attitude. Les mauvaises langues disent que Deby aurait épuisé toute sa pactole à Amdjeress et qu’il n’a rien pour faire les mêmes gestes aux populations d’Iriba, surtout aux organisateurs des courses, alors il a adopté cette attitude pour dissimuler son indisponibilité financière et ainsi se dédouaner. Raté ! A la veille de son départ pour Iriba, il y a eu une réunion houleuse entre Timan, le Gouverneur de l’Ennedi et lui. Il aurait annoncé qu’il va désarmer par force le MJE, Timan Deby lui aurait rétorqué que les seuls Zaghawa qui supportent son régime, militaires comme civiles, sont les parents du Chef du MJE et qu’en essayant de désarmer le MJE par force, il risque de recevoir une balle sur la nuque, réflexion très mal appréciée. Est-ce la raison de son désagréable humeur ?

Avant de quitter Iriba, Deby a ordonné les autorités administratives et militaires de raser la ville de Tine Tchad. Les populations de cette ville ont le choix soit d’aller à Amdjeress, vivement conseillé par Deby, soit à Ourba ou enfin aller s’installer à Tine Soudan. Depuis le lundi 20 septembre la ville est pratiquement en état de guerre, encerclée par l’armée.

Beremadji Félix
N’djaména


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