Les Brèves de N’djaména: Le DG de l’ANS, la police politique de Deby, OUT
Ainsi le bruit qui courrait et parcourrait les rues de N’djaména s’est confirmée : Deby a mis fin aux fonctions de son Super flic. Dans les pays civilisés, quand on change le DG des services secrets, c’est que le pays est en train d’effectuer un virage par rapport à ce qui se fait présentement, un changement de ligne politique, de stratégie, etc., mais au Tchad, rien de tout cela, il faut une forte campagne de la rue pour que tel ou tel responsable saute, indépendamment de son importance ou utilité.
L’opinion tchadienne a besoin du nouveau mais surtout c’est à Hinda Trabelsi qu’on doit la mise à l’écart de l’ex super flic. Hinda et Chaïbo doivent être des vieilles connaissances, sinon on n’explique mal leur réciproque animosité.
Chaïbo, craint par certains, détesté par d’autres, vient de retrouver une place de Conseiller Spécial auprès de son chef. Être conseiller spécial de Deby, c’est tout simplement être mis dans un tiroir. Mais connu pour ses délations et sa méchanceté, il tentera toujours de souffler les fausses informations à son chef qui va les prendre pour argent comptant.
Chaïbo n’avait aucune compétence avérée pour son ancien poste : ni formation universitaire, ni formation dans le domaine des renseignements, mais il avait deux atouts: sa haine notoirement connue vis-à-vis de la famille Haggar et qui était son fonds de commerce auprès de Deby. Il en est de même d’ailleurs de Deby ; mais les deux se sont rendu compte qu’ils ne peuvent rien faire contre cette famille. Son second atout est que Chaïbo a toute sa famille, du moins la majorité des membres de son clan, est au Soudan et bien placée auprès du régime actuel. Sur ce point également l’étoile de Chaïbo a fané surtout dans sa cabale contre le MJE, parce que d’autres interlocuteurs plus utiles auraient fait leur apparition, après la restructuration des services secrets soudanais.
Parmi les nouveaux venus dans l’entourage de Deby au détriment de Chaïbo, les Tchadiens doivent retenir ce nom : Hassane Borgou. Oncle direct de Chaïbo, membre des services secrets soudanais et très proche d’El Béchir, Hassane Borgou va très probablement faire dans les mois qui viennent le plus grand jackpot au Tchad. En effet, ce monsieur est spécialement chargé par Deby pour négocier pour le compte de l’Etat tchadien le financement du chemin de fer El-Gineina (Soudan) – N’djaména et de l’aéroport de Djarmaya. Ni le gouvernement et moins encore l’assemblée nationale n’y sont associés. Quelques membres du gouvernement choisis pour le besoin de la cause ont fait le boulot à contre cœur. Et d’ailleurs le départ de Younousmi pourrait avoir quelques liens avec ce dossier, car il en était contre. Le prêt auprès d’une banque chinoise est acquis. Pour votre information, ce sera très salé. Quant aux commissions, on ne pourrait imaginer une seule seconde le montant.
Outre son animosité vis-à-vis de la 1ère Dame, Chaïbo traine d’autres petites casseroles qui ont fâché le Chef.
Deby avait adjoint à Chaïbo le fils de sa sœur qui a commencé à se comporter comme le vrai chef de l’ANS. Il correspondait directement avec son oncle sans passer par le titulaire. Les relations entre lui et Chaïbo sont devenues exécrables. Hissene Mahamat Tolli, celui-là qui serait l’exécuteur de l’homme d’affaires soudanais, est d’ailleurs cité comme le potentiel candidat pour remplacer Chaïbo.
Deby avait donné des bakchichs aux responsables soudanais qui lui ont rendu un grand service en démantelant la rébellion tchadienne. L’information a été divulguée et Deby accuse Chaïbo d’être à la base de la circulation de l’information. D’ailleurs El Béchir vient de mettre fin aux fonctions du Dr Ghazi connu pour son aversion contre la rébellion tchadienne. Simple coïncidence ?
Les tracts « Deby Dégage » commencent à circuler amplement jusqu’à l’intérieur du palais rose, ce qui met Deby dans une fureur effroyable. Chaïbo est montré du doigt pour son incapacité de retrouver les auteurs.
Une autre raison du départ de Chaïbo et non la moindre, est probablement la disparition de la prison de l’Ans de Adoum Erdimi et Daoud Ali, déportés du Soudan par avion spécial sous la supervision de Chaïbo. Il n’est pas exclu que les deux aient été éliminés par Chaïbo sur ordre de Deby ; et en accord avec Deby, une mise en scène d’un schéma d’évasion serait monté. Chaïbo serait sacrifié pour faire croire aux parents de deux prisonniers que ces derniers auraient effectivement fuit. Un autre montage grossier comme celui d’Ibni Oumar pour faire disparaître les traces.
Beremadji Félix
N’djaména