Les Brèves de N’djaména: Younousmi dans le collimateur de Deby
La séparation avec Deby ne se passe jamais à l’amiable. Plus on a été son meilleur allié, confident, bienfaiteur, plus le retour de bâton sera rude. Adoum Younousmi, le tout puissant premier des ministres, l’homme qui a mis en place un système sophistiqué pour drainer vers le palais rose tous les revenus pétroliers, doit bien réfléchir de là où il est. Il doit bien regretter de certains services rendus à Deby. Younousmi devrait savoir que quand on prend de l’importance auprès de Deby, il faut, in fine, s’attendre à une humiliation certaine ; se faire trainer dans la boue avec des fausses accusations.
Deby aurait ouvert une enquête sur la gestion d’Younousmi au Ministère des infrastructures et l’Asecna. Les fonds de la société de manutention (« Handling ») de l’aéroport de N’djaména font partie de la caisse noire de Deby. C’était Younousmi qui aurait mis en place ce fonds. Après le départ d’Younousmi, Deby aurait remarqué qu’il y a un très grand écart entre ce que il aurait reçu et les retraits constatés. Très remonté (comédie !), Deby aurait diligenté une enquête.
Tout cela risque de finir par une arrestation de Younousmi, menottes aux mains et exhibé à la télé : au moins que ce dernier menace d’un déballage public. Il en sait trop. D’ailleurs aucun collaborateur de Deby n’a eu droit à un procès équitable, qui révèlera le vrai coupable : Deby. Tous les ex-collaborateurs ont été arrêtés sur ordre de Deby et libérés sur son ordre. Il semble même que l’arrestation est le passage indiqué pour un meilleur rebond. Kassiré Delwa Koumakoye, actuel 4ème personnalité de l’Etat, Haroun Kabadi, actuel 3èm e personnalité de l’Etat, Mahamat Saleh Adoum actuel ambassadeur du Tchad à l’ONU et d’autres menus fretins, peuvent en témoigner.
Saleh Deby, les douanes et rien d’autre – dans la répartition des responsabilités pour les postes juteux entre la famille, il y a une loi non écrite : chaque membre de la famille doit occuper par tour de rôle un « poste juteux.» selon ce schéma, Saleh Deby devrait occuper le poste de DG des Douanes : on rappelle que ce dernier, qui sait à peine lire et écrire (un détail de très moindre importance au Tchad d’aujourd’hui), était le Coordonnateur National de la fiscalité Pétrolière . Mais le patron actuel des Douanes, un Itno et de surcroit beau fils de Daoussa Deby, n’entend pas quitter le fauteuil, appuyé en cela par son beau-père d’oncle. Jusqu’à présent l’arbitrage de Deby n’a rien donné. Pousser l’actuel directeur vers la porte c’est chercher un conflit ouvert avec Daoussa. Or Idriss ne veut en aucun cas un autre conflit avec un autre Deby. Quant à Saleh Deby, conformément à la politique de la famille en matière de main mise sur les biens de l’Etat, ou c’est la douane ou une rébellion ouverte. Déjà, il semblerait qu’il ne prend aucun coup de fil de ses deux ainés.
Beremadji Félix
N’djaména