Tchad / Sénégal: Condamné par Ndjamena, Hissène Habré sera jugé à Dakar – Rfi

L’ancien chef de l’Etat tchadien Hissène Habré devrait être jugé, en principe, à Dakar pour crimes contre l’humanité. Le ministre sénégalais de la Justice, Me Madické Niang, avait laissé entendre, mardi dernier, que Habré ne pourrait pas être jugé au Sénégal, à la suite de sa condamnation à mort, par contumace, à Ndjamena. Le ministre a confirmé, ce mercredi, que la procédure va se poursuivre. Les associations des victimes de Hissène Habré avaient exprimé des inquiétudes au sujet de l’instruction du procès.

Le ministre sénégalais de la Justice, Me Madické Niang, qui s’est entretenu avec son collègue tchadien Jean Alingué, a déclaré mercredi sur les ondes de RFI qu’il n’y a aucune raison pour que la procédure s’arrête. Elle doit continuer, car les faits qui ont été jugés à Ndjamena ne sont pas les mêmes que ceux du procès en cours d’instruction à Dakar.

Dimanche dernier, sur une radio privée, le ministre sénégalais de la Justice, Me Madické Niang, était revenu sur la condamnation à mort par contumace de l’ancien président tchadien. « Si Hissène Habré a été jugé pour les mêmes faits, que ceux pour lesquels il est poursuivi au Sénégal – il me semble d’après les commentaires que ce sont les mêmes- il ne pourra plus comparaitre devant aucune juridiction au monde », a-t-il indiqué.

Me Madické Niang, Ministre sénégalais de la Justice: « A partir du moment où ce ne sont pas les mêmes faits, il n’y a aucune raison pour que la procédure qui doit être engagée à Dakar s’arrête. Au contraire, elle va continuer ! »

Le président de l’association des victimes du régime d’Hissène Habré, Ismaël Hachim Abdallah, s’est étonné des propos du garde des Sceaux sénégalais. Pour lui, le Sénégal ne peut de toute façon pas reculer, car il est trop impliqué dans la procédure.

Ismaël Hachim Abdallah, Président de l’association des victimes du régime d’Hissène Habré: « Nous demandons au Sénégal d’organiser rapidement le procès avec le Tchad et la Belgique et d’exploiter le fruit de 4 années de travail effectué par le juge belge afin de mettre fin à notre interminable attente ».

Le Parlement sénégalais, réuni en congrès fin juillet, a approuvé une loi autorisant la justice nationale à se prononcer sur des crimes contre l’humanité commis hors du pays. Hissène Habré, réfugié à Dakar depuis 1991, est accusé de 40 000 assassinats et de 200 000 cas de torture pendant son règne, entre 1982 et 1990.

Pour les autorités tchadiennes, en revanche, Hissène Habré est surtout coupable « d’atteinte à la sécurité de l’Etat ». À l’issue d’une audience express, la Cour criminelle de Ndjamena l’a condamné à la peine de mort, vendredi dernier, tout comme onze chefs rebelles tchadiens. L’ex-président tchadien avait été reconnu coupable d’avoir tenté de renverser le président Idriss Deby Itno, lors de l’attaque de février dernier sur la capitale. Selon le garde des Sceaux tchadien, Jean Alingué, les liens de Hissène Habré avec la rébellion sont évidents.

Jean Alingué, Garde des Sceaux tchadien: « La Cour criminelle qui s’est réunie, le 15 août dernier, a condamné l’ancien président, M. Hissène Habré, parce qu’il participe activement avec la rébellion de l’UFDD par des personnes interposées et par des financements ».

Toutefois, la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho), organisation non gouvernementale, basée à Dakar et partie civile au procès au Sénégal d’Hissène Habré, s’est insurgée contre les condamnations à mort de l’ancien dirigeant tchadien et des onze autres inculpés.


Commentaires sur facebook