Les victimes d’Hissène Habré se mobilisent – Rfi
Les victimes d’Hissène Habré ont déposé ce matin une plainte sur le bureau du procureur à Dakar, au Sénégal. Elles tentent ainsi de lancer les poursuites judiciaires contre l’ancien président tchadien.
La plainte qui a été déposée ce matin sur le bureau du procureur général près la Cour d’appel de Dakar, Mandigou Ndiaye, est portée par 14 personnes. Elle concerne exclusivement les violations des droits de l’homme commises par ce qu’on appelle la DDS, la « Direction de la Documentation et de la Sécurité », la police politique créée en 1983. Les plaignants accusent Hissène Habré de crimes contre l’humanité et de torture, qu’il ait été co-auteur, complice, ou simplement supérieur hiérarchique n’ayant rien fait pour arrêter les tortures.
Le Sénégal a adapté son arsenal juridique ces derniers mois pour que le procès puisse avoir lieu, mais les poursuites n’ont pas encore été lancées. En déposant cette plainte, les victimes espèrent accélérer le démarrage de la procédure.
Le dépôt de cette plainte n’est encore qu’une première étape : il faut maintenant que le procureur se prononce sur cette plainte et dise si elle est recevable ou non.
Eléments de preuve
Selon les défenseurs des victimes, la plainte décrit le système mis en place par Hissène Habré, en cherchant à montrer sa responsabilité personnelle dans ce système.
Elle comporte, par exemple, le témoignage d’un ancien de la DDS qui explique comment les documents de la police politique étaient portés personnellement à Hissène Habré.
Elle revient également sur une affaire qui date d’août 1990 : « l’affaire des tracts ». Des Tchadiens avaient alors été arrêtés et torturés après avoir distribué des tracts contre le régime. Pendant les séances de torture, plusieurs victimes disent avoir entendu la voix d’Hissène Habré dans le Talkie-walkie du bourreau.
Pour étayer l’accusations de « crime contre l’humanité », qui suppose des crimes systématiques sur des critères d’ethnie, de religion, de race ou d’appartenance politique, les victimes rappellent notamment que « Hissène Habré a créé une commission pour l’arrestation des populations d’ethnie Hadjeraï en 1987, et une commission similaire en 1989 pour les Zaghawas ».