Tchad: Les attaques armées bloquent l’aide humanitaire dans l’est – Irin

Des attaques armées répétées ont forcé des organisations humanitaires à suspendre leurs opérations d’assistance, d’une importance cruciale pour plusieurs milliers de déplacés de l’est du Tchad.

Tant que la situation de sécurité ne se sera pas améliorée, ont averti les travailleurs humanitaires, davantage de réfugiés et de déplacés, parmi les quelque 470 000 qui se trouvent dans la région, risqueront d’être touchés.

Différentes organisations humanitaires, dont Médecins sans frontières (MSF) et Action contre la faim, ont suspendu la plupart de leurs activités dans les régions de Dogdoré et Adé, près de la frontière soudanaise. Quelque 28 000 personnes déplacées vivent à Dogdoré, et 8 500 à Adé.

MSF-France a réduit ses opérations à Dogdoré, où l’organisme dit être le seul à prodiguer des soins médicaux aux populations. MSF a été contraint de retirer son personnel expatrié, à la suite d’attaques menées par des bandits armés, selon des membres du personnel.

En 2008, le personnel humanitaire, les déplacés et les réfugiés ont fait l’objet de 124 attaques, notamment de braquages de véhicules et de vols à main armée, selon les Nations Unies. Quatre travailleurs humanitaires ont été tués, dont le directeur pays de Save the Children-Royaume Uni.

Tant que la fréquence de ces attaques ne diminuera pas, s’inquiètent les responsables humanitaires, de plus en plus de personnes dépendantes de l’aide humanitaire devront s’en passer.

« Nous sommes inquiets car il est impossible d’assurer des services de santé convenables à 28 000 personnes avec un personnel limité », a expliqué Florence Gastellu, directrice de MSF-France au Tchad. « Nous n’assurons qu’un petit service d’urgence et différents problèmes nous préoccupent, comme le tétanos et l’hépatite E, surtout pour les femmes qui vont accoucher ».

Selon l’édition du 21 octobre du bulletin hebdomadaire publié par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’épidémie d’hépatite E continue de se propager à Dogdoré et dans d’autres régions de l’est tchadien.

« Le problème est partout, surtout dans la région frontalière », selon Christian Dama qui travaille pour l’OMS à Abéché, première ville de l’est. « Les malades ne sont pas soignés et il y a une pénurie de médicaments ».

Les attaques armées seraient le fait de bandits, qui volent les voitures, l’argent et les téléphones portables de leurs victimes. Le gouvernement tchadien a été critiqué pour n’avoir pas pris de mesures suffisantes afin de protéger les populations des camps et les travailleurs humanitaires.

« Le gouvernement est le premier responsable de la sécurité des travailleurs humanitaires », a dit Eliane Duthoit, directrice du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) au Tchad, ajoutant qu’elle avait fait part de ses préoccupations au gouvernement. « Je pense qu’ils pourraient en faire plus. Ils ont dit qu’ils y pensaient et qu’ils cherchaient des solutions ».

Selon un responsable du gouvernement, la menace est néanmoins exagérée. « Les ONG sont en contact avec des rebelles qui disent qu’ils vont attaquer les camps ; c’est pour cela qu’elles se retirent », a indiqué à IRIN Mahamat Hissene, porte-parole du gouvernement. « Aucun nouvel incident ne nous a été signalé et nous pensons que ces allégations d’insécurité ne sont pas fondées ».

Quelque 185 000 réfugiés soudanais qui ont fui le Darfour et environ 285 000 déplacés tchadiens vivent dans des camps et des sites d’hébergement de fortune aux quatre coins de l’est du Tchad.

La mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT) s’efforce de stabiliser la région. L’Eufor, la force européenne, patrouille dans l’est du Tchad. Une unité de police et de gendarmerie tchadienne formée par les Nations Unies et connue sous le nom de DIS (Détachement intégré de sécurité) commence également à se déployer dans l’est.


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